Monkey Man

 PRIMEUR
Sortie prévue
Vendredi 5 avril 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT
En Inde, un jeune homme sort de prison et se retrouve dans un monde où règne la cupidité des chefs d’entreprise et, à l’inverse, l’érosion des valeurs spirituelles.


CRITIQUE

Élie Castiel

★★★ ½

Un cas notable

d’hybridité

consensuelle

Le comédien en question, gros vendeur à Bollywood, s’y connait en combat, tel un Tiger Shroff, mais en « très meilleur » comédien – mais ne négligeant pas notre attrait viscéral pour ledit Shroff, un des favoris de nos plaisirs coupables en matière de films « made in Bollywood ».

À Montréal, du moins, dans le cas de cet Homme singe, aucune avant-première ni projection de presse. Comme si la Universal Pictures n’était pas sure d’elle dans ce cas. Nous l’avons vu le premier jour où il prend l’affiche.

Résultat : un premier essai hollywoodien pour Dev Patel qui, d’une part, respecte quasi à la lettre les codes régis par nos voisins du Sud ; de l’autre, se doit d’obéir aux exigences originelles de son lieu de naissance.

Déjà, le scénario est un travail de collaboration entre deux grandes puissances, l’Inde pour ce qu’elle est devenue, même si… et l’Amérique toujours puissante mais de plus en plus chancelante en ces moments de haute tension internationale. Mais ça, c’est autre chose.

Se donner entièrement, sans complexes, au plan ultra-rapproché.

L’originalité de ce Monkey Man réside dans sa stratégie presque militaire dans la mise en scène. La caméra de l’Israélien Sharone Meier (pas très commode en ces temps actuels d’antisémitisme sournois et totalement gratuit de prononcer le mot Israël si ce n’est en termes néfastes), dont la flexibilité, le mouvement rigide, excessif, voire passionnément subversif ne recule devant rien pour illustrer à profusion son intérêt pour l’éthique et particulièrement l’esthétique de la violence, notion bien contestée par beaucoup de nos collègues de partout. Constamment, l’objectif de l’appareil est proche des personnages, notamment de Kid (excellent Dev Patel). De telle sorte à ce que les enjeux de coproduction, donc de transformations dans la réalisation entre les États-Unis et Bollywood paraissent aussi invulnérables que possible, quitte à ce qu’ils semblent indicibles, presque voilés, imprécis.

Patel joue énormément de cet étrange ballet combatif, plus puzzle que mise en situations. On le sait grand admirateur et professionnel (?) de tae kwan do qu’il aborde ici avec une extase sans limites.

On lui aurait permis d’avoir quelques dialogues en hindi pour ne pas faire abstraction que ça se passe néanmoins en Inde. Cette contrée du monde, filmée avec un appétit féroce où le nocturne incessant reflète sans aucun doute les aspirations du jeune cinéaste.

Quelque chose de vernaculaire se produit dans ce beau spécimen de long métrage, des affectations dont les références directes et à la foi sidérale envers cette déité mammifère « de l’ordre des primates » est plus que jamais un point fort du hindouisme.

Pour lui, côté réalisation, deux courts entre 2018 et 2021 et ce premier long sujet, produit par un major américain qui, en ce moment, sort beaucoup de films en salle.

Belle prémisse pour une carrière qui devrait s’annoncer prometteuse car Patel, en plus d’être un bon acteur bollywoodien, s’immisce dans la peau de ses acolytes nord-américains avec comme simple et logique argumentaire que l’Amérique est maintenant peuplée, plus encore qu’avant, de communautés venues du monde entier. Clameur politique ? Engagement social ?

D’un point de vue du scénario, le cas Collee est plus intrigant que celui de Paul Angunawela nos recherches indiquent qu’il a été, entre autres, médecin au Sri Lanka et cela lui donne une sorte de carte d’accès au pays de Hanumān, pièce principale de ce Monkey Man, jouissivement hybride réalisé avec une ostentation pourtant désaffectée, et une violence des plus jouissivement esthétique puisque du domaine de la chorégraphie.

Quelque chose de vernaculaire se produit dans ce beau spécimen de long métrage, des affectations dont les références directes et à la foi sidérale envers cette déité mammifère « de l’ordre des primates » est plus que jamais un point fort du hindouisme.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Dev Patel

Scénario Paul Angunawela, John Collee ;
d’après une idée de Dev Patel
Images Sharone Meier
Montage Joe Galdo, David Jancsó, Tim Murrell
Musique Jed Kurzel

Genre(s)
Action
Origine(s)
États-Unis / Inde / Canada
Année : 2024 | Durée : 2 h 01 min
Langue(s)
V.o. : anglais et Version française
L’homme singe
Monkee Mein

Dev Patel

Dist. [ Contact ] @
Universal Pictures
[ BRON Studios ]

Diffusion @
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 16 ans
[ Violence ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Soleils Atikamekw

 PRIMEUR
Sortie prévue
Vendredi 5 avril 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT
Retour sur une tragédie québécoise.

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★ ½

Cauchemar éveillé

Un veuf se rend dans sa cour et s’approche de son cheval, le flatte et lui parle à voix basse.

Le 26 juin 1977, dans la rivière du Milieu dans Lanaudière, on trouve une camionnette bleue contenant les corps de cinq Amérindiens. L’enquête trop rapide de la Sûreté du Québec conclût à une sortie de route et à des morts accidentelles. La cinéaste Chloé Leriche revient dans ce long métrage aux temporalités fluctuantes sur ce drame qui fut enfoui dans les souvenirs de la communauté de Manawan.

Que se passe-t-il dans la tête ?

La cinématographie de Glauco Bermudez est quasi documentaire dans des scènes de jour. Il utilise plus de filtres dans les séquences de souvenirs ou de rêves relatées par divers membres de la communauté. Ainsi, l’ouverture de la porte arrière du véhicule par un voisin, forcé d’accomplir cette tâche par des agents imbus de leur pouvoir, constitue un moment crucial de cette investigation cinématographique. Dans l’autre spectre visuel, la marche d’un jeune la nuit dans la brume et l’apparition d’un cheval rajoute une autre couleur tonale au récit que la réalisatrice a construit avec l’apport constant des survivants et de leurs familles. Des inquiétudes aux incompréhensions, aux actes de colères jusqu’aux cérémonies funéraires sont ainsi mises en images dans un rapport constant avec la nature enveloppante.

La cinéaste et son équipe soudée font ainsi retentir un cri du cœur longtemps réprimé contre le racisme systémique dans cette région qu’Arthur Lamothe ausculta d’une autre manière dans Bûcherons de la Manouane.

Jacques Newashish, déjà remarqué dans le précédent Avant les rues, apporte son autorité naturelle dans le rôle de Marcel, un dirigeant de la réserve qui tente d’avoir des réponses. Les autres interprètes, notamment Lise-Yolande Awashish, qui sont pour la plupart des acteurs néophytes, offrent une grande et très juste diversité d’émotions et de points de vue.

La cinéaste et son équipe soudée font ainsi retentir un cri du cœur longtemps réprimé contre le racisme systémique dans cette région qu’Arthur Lamothe ausculta d’une autre manière dans Bûcherons de la Manouane.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Chloé Leriche

Scénario Chloé Leriche
Images Glauco Bermudez
Montage Chloé Leriche, Natalie Lamoureux
Musique Mélanie Bélair

Genre(s)
Docudrame
Origine(s)
Canada [Québec]
Année : 2023 | Durée : 1 h 43 min
Langue(s)
V.o. : français, atikamekw ; s.-t.a.
atikamekw

Chloé Leriche

Dist. [ Contact ] @
FunFilm Distribution
[ Les Films de l’Autre ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
 Cinéma du Musée
 Cinémathèque québécoise

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

The First Omen

 PRIMEUR
Sortie prévue
Vendredi 5 avril 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT
Envoyée à Rome pour entrer au service de l’Église, une jeune Américaine est bientôt confrontée à des forces obscures qui l’amènent à remettre en question sa propre foi.

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★

 

Et Satan

conduit le bal

Arrêtons donc les intellectualismes poussifs et donnons à Arkasha Stevenson (deux courts) ce qu’elle mérite pour ce premier long métrage : notre admiration. Une mise en scène époustouflante qui s’intensifie à mesure des situations comme si, pour elle, l’horreur cinématographique se conjuguait par un rapport en arrière au cinéma. Il n’est pas surprenant puisque scénario oblige (le film se passe en 1971, en Italie), on retrouve des références nombreuses, ici, générales, à Dario Argento, peut-être aussi à Mario Bava (pour celui de Six femmes pour l’assassin / Sei donne per l’assassino). Pour notre grand plaisir.

Sans vouloir désavouer les cinéastes-hommes, et si l’horreur au cinéma, appartenait désormais à la gent féminine ?  Une sorte de liberté de ton, de rythme, d’aisance et d’abandon envers les excès. Préquel à ce qui sera Damien, que la fin annonce sans ambages aucun, c’est dans l’ordre des choses, The First Omen se permet une mise en scène curieuse du genre qu’elle aborde, comme si cette première fois dans le long était un examen de passage d’ouverture vers la grande porte, celle des grands.

Devant soi, le lieu de tous les impossibles.

L’expérience de Stevenson dans le photojournalisme au Los Angeles Times y est sans doute pour quelque chose. Le suspense est plus freudien que d’horreur graphique, même si elle se permet des gratuités au passage, toutes magnifiques et, entre parenthèses, ont convaincu ceux du « Répertoire des films classés » d’interdire le film aux moins de 13 ans, alors qu’il aurait dû être « interdit aux moins de 16 ans. Mais ça, c’est une autre histoire que personne n’ose aborder.

Le rythme du film bat la mesure même dans le choix musical, outre celui de la bande sonore originale de Mark Korven, un retour en arrière dans le temps ; s’invitent ainsi, sans crier gare, Ennio Morricone, Piero Umiliani, la chanteuse Rafaella Carra, des choix aussi nostalgiques que stimulants.  

Ce n’est plus le Richard Donner d’antan, mais notre Arkasha a un sacré talent qu’elle a l’intention de d’utiliser à bon escient.

Côté récit, il s’agit d’un combat entre l’Église « libératrice » et celle des « forfaits sataniques ». C’est dans l’ordre des choses dans un certain cinéma d’horreur. Dans la vie aussi : Le Bien et le Mal, l’Ordre et le Désordre. On verra des étudiants (surtout) manifester en plein centre de Rome. Une curiosité qu’on a pu constater à deux reprises, se glisse chez l’une des deux passantes dans une rue de la capitale. Mais bon… Lucifer, né d’une femme et qui ressemble, à son premier jour, tel un enfant comme tous les autres. N’ajoutons rien pour ne pas gâcher votre plaisir, même si coupable.

On soulignera des têtes importantes du cinéma : Sonia Braga (ici, épelé Sônia), le toujours défendable Charles Dance et un Bill Nighy, incomparable. Et celle par qui tout arrive ou peut arriver, Nell Tiger Free, très convaincante, prise entre la foi et les plaisirs de la vie. Ce n’est plus le Richard Donner d’antan, mais notre Arkasha a un sacré talent qu’elle a l’intention de d’utiliser à bon escient.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Arkasha Stevenson

Scénario : Tim Smith, Arkasha Stevenson,
d’après une idée de Ben Jacoby et
des personnages de David Seltzer
Images Aaron Morton

Montage Bob Murawski, Amy E. Duddleston
Musique Mark Korven

Genre(s)
Suspense d’épouvante
Origine(s)
États-Unis
Année : 2024 | Durée :2 h
Langue(s)
V.o. : anglais & Version française
La malédiction : Le commencement

Arkasha Stevenson

Dist. [ Contact ] @
20th Century Studios
[ Phantom Four Films ]

Diffusion @
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Horreur ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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