RÉSUMÉ SUCCINCT Depuis quand Iris n’a pas fait l’amour même si tout semble bien dans son couple ?
C’est moi, toute seule, qui décide.
BrefsAPERÇUS < Faut-il miser sur le presque succès d’Antoinette dans les Cévennes pour instrumentaliser sur cette comédie un tant soit peu prévisible ? ;
< Avouons que dans le rôle d’Iris, Laure Calamy, qui joue le drame et la comédie avec la même lucidité d’esprit, vaut le déplacement ;
< À l’instar de certains « hommes » pouvant décider de leur expérience en matière de rapports sexuels sans se poser trop de questions, une sorte « d’avantage » dû à leur sexe, l’héroïne de ce récit, puisqu’il s’agit d’une, se permet toutes les libertés face au phénomène de la poly-sexualité ;
< Caroline Vignal joue énormément sur la moquerie, question d’atténuer le propos, prenant une grande part du récit ;
< Charmant et très divertissant pour ceux et celles qui pensent que la liberté sexuelle chez la femme n’est pas un obstacle, surtout lorsqu’elle celle-ci réalise en fin de compte que… ce qui n’est nécessairement pas vrai chez son pendant masculin ;
< Étrangement, face à cette ‘amazone du désir’, les hommes qu’elles rencontrent semblent avoir perdu de leurs légendaires armes de séduction.
RÉSUMÉ SUCCINCT Que s’est-il vraiment passé durant les onze jours de février 2016 qui composent l’affaire Jutra ?
Le FILM de la semaine
CRITIQUE Élie Castiel
★★★★
Sans sommation
Dans le dossier de presse remis aux médias (la plupart du domaine du cinéma) une phrase du ‘mot du réalisateur’ retient notre attention, une déclaration, certes virulente, mais à voir de près et à avoir été proche observateur de la dynamique sociale québécoise pendant des décennies, ne s’avère que plus pertinente.
Il est dit que « L’affaire Jutra en effet nous concerne tous et va bien au-delà des allégations sur le cinéaste. En biffant Jutra, le Québec a fait le choix d’une réécriture de l’Histoire. »
Si d’une part, côté mise en scène, Onze jours en février n’innove en rien, tout en reconnaissant qu’il s’agit d’un document tout de même soigné, force est de souligner la force, au positif et au négatif, des propos tenus par les principaux intervenants. C’est ce qui fait la prestance de l’œuvre et nous pensons qu’il s’agit du Film important de la semaine.
Parce qu’il nous pousse à réfléchir plutôt qu’à assouvir, parfois aveuglément, nos impulsions, à nourrir nos réactions du moment, à observer une attitude manichéenne envers tel ou tel évènement ; et surtout, faire totalement fi des nuances. Intentionnellement, nous tairons les propos de chacun des protagonistes de ce film-enquête. Il faut les découvrir, tant il y a de contradictions, d’allégations sans véritable énoncés.
La célèbre plaque, aujourd’hui, hors du domaine public. À conserver quand même pour que le cinéate ne soit pas oublié.
Une parenthèse : lors d’une rencontre avec Yves Lever, auteur du livre-choc dont il est question, je luis demandais pourquoi avoir été obligé de retracer la charge dont il est question. Sa réponse fut que sans ses recherches, il était obligé de le faire suite à des entrevues qu’il avait eues avec des personnes ayant connu Jutra et qu’ils s’attendaient (ou du moins, une grande partie) à ce que ce soit mentionné dans l’ouvrage. C’est dans le film que Lever montre son vrai visage quant à cette affaire, en contradiction avec les propos tenus avec moi.
Cas social d’une complexité hallucinante lorsque tout est bruité trente ans après la mort par suicide du cinéaste. À l’époque, en 1986, il est presque canonisé par le milieu, si bien que son œuvre, fort hononrable, n’est pas exempte de films moins bons.
L’affaire Claude Jutra demeure. Quant à lui, il n’est plus de ce monde. Et pour le commun des mortels, cet épisode équivoque survenu dans une société, soi-disant, bien sage, constitue la preuve que les mauvais pas, même sans preuves, peuvent subir les foudres de presque tout un chacun. Une partie de la petite Histoire, réinventée. La démocratie et ses excès.
Le mot du cinéaste que nous avons choisi correspond très bien avec ceux de Danny Boudreault, surtout homme de théâtre qui, à travers des mots qui emprunte parfois fait usage de la métaphore, promet des pensées cohérentes, d’une lucidité contagieuse. On pourrait retenir aussi ceux de Denys Arcand, vraiment attisés, et ceux, métaphoriques, sentis, bouleversants, en voix off, d’André Roy, poète, essayiste, critique de cinéma récompensé.
Au Québec, le milieu du cinéma, comme sans doute tous les milieux culturels, s’ajustent le plus souvent derrière des « accommodements raisonnables », question de survie sans doute. Qu’arrive-t-il lorsqu’une affaire telle que le cas Jutra émerge ? Les allégations sans sommation, les procès rendus à l’aveugle, les changements dans tous les endroits qui portent son nom. Tout est dans l’ordre des choses.
L’affaire Claude Jutra demeure. Quant à lui, il n’est plus de ce monde. Et pour le commun des mortels, cet épisode équivoque survenu dans une société, soi-disant, bien sage, constitue la preuve que les mauvais pas, même sans preuves, peuvent subir les foudres de presque tout un chacun. Une partie de la petite Histoire, réinventée. La démocratie et ses excès.
RÉSUMÉ SUCCINCT Dans les années qui ont précédé sa mort, Sakamoto ne pouvait plus se produire en live. Malgré cela, fin 2022, il a rassemblé toute son énergie pour quitter le monde avec une dernière performance : un film-concert, mettant en scène uniquement lui et son piano.
Dialoguer avec son instrument de musique.
BrefsAPERÇUS
< Si certaines pièces musicales peuvent désamorcer certains, la mise en scène de Neo Sora établit un lien entre le compositeur, le piano et la caméra. Tout, indissociable de la nature du cinéma ;
< Entre ces trois éléments filmiques, un champ/contrechamp déconstruit qui donne à l’objectif de la caméra et au directeur photo une sorte de mouvement perpétuel émanant de la chorégraphie ;
< Des thèmes, comme celui de The Sheltering Sky, ou encore Merry Christmas Mr. Lawrence se font sentir jusque dans leurs moments les plus illustres ;
< Le noir et blanc sombre et annonciateur laisse place à un dernier mouvement où la clarté lumineuse de l’image, tout de blanc vêtue, prédit les derniers pas de Sakamoto, hors-champ, concluant le film de façon radieuse.
[ ÉC ] Cote :★★★
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation Neo Sora
Genre(s) : Documentaire | Origine(s) : Japon | Année : 2023 | Durée : 1 h 43 min | Langue(s) : V.o. : sans dialogues > Ryūchi Sakamoto : Opu s.
Dist. [ Contact ] @ Enchanté Films [ Film Constellation ]