F9

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 25 juin 2021

SUCCINCTEMENT.
Dominic Toretto s’est retiré avec Letty dans une maison de campagne pour y élever son fils. Bientôt, ses collègues reviennent vers lui pour lui proposer une nouvelle mission.

CRITIQUE.

★★

texte
Élie Castiel

Quelle méthode? Celle de divertir, susciter des émotions fortes, avoir les yeux rivés sur le Grand Écran pendant plus de deux heures, sentir un rapprochement socialement complice avec les spectateurs.

Soyons respectueux envers, même si ce n’est pas le cas, les deux langues officielles du Canada et épelons comme il se doit, ponctuation comprise : Fast & Furious ou Rapides et dangereux, si vous préférez, franchise cinématographique industrielle qui a commencé dans le but de redonner ses lettres de noblesse à une masculinité nord-américaine en perte de vitesse. Et bien entendu, en commençant par des personnages des classes populaires. Du cinéma anti-auteur dans sa plus exigeante variation.

Justin Lin ou le paradoxe de l’American Dream. Producteur, réalisateur de films qui marchent, films à recettes. Qui a compris qu’en terre d’Amérique, comme on dit chez nous « C’est’d même que ça marche… ». Réalisation? Par vraiment. Plutôt mises en situations diablement orchestrées.

Mais dans le même temps, une constatation. La Femme change, exige des rôles de héroïnes, voire même de super-héroïnes. L’industrie suit en y exportant de nouvelles recrues au cinéma pour ce genre de films. Les femmes se virilisent tout en conservant une «certaine» féminité originelle. D’où la présence des deux sexes dans les nombreux combats enregistrés dans chaque suite de la franchise.

Le recours

à la méthode

Les frères ennemis ou le détournement de la parabole biblique.

Suite, peut-être dans les premiers épisodes, mais à mesure que les chiffres montent, chaque production peut être vue comme un film à part, sans rapport avec le précédent, sauf, bien entendu, de reconnaître les personnages de cette même fratrie, les Toretto, d’origine mexicaine, totalemente intégrée au pays de l’Oncle Sam.

Pourquoi ce long préambule? Pour essayer de donner un sens à qui on a affaire. Une chose est claire : Vin Diesel n’est pas un bon acteur, loin de là. C’est une présence, c’est un portrait de la masculinité telle que souhaitée par la (grande) majorité silencieuse, telle qu’elle se vit dans le monde, et pas seulement dans le puissant Nord; l’homme viril résiste ainsi aux pressions du féminisme exacerbé, justement par la voie d’une stratégie d’ouverture d’esprit, tout en conservant son aura : accepter sincèrement les femmes (tant qu’elles ont les attributs nécessaires) dans leurs combats; bien évidemment s’ouvrir entièrement à toutes les ethnies – après tout, les Toretto, à l’origine, sont d’Amérique centrale. Ne pas trop taper sur les LGBT, en évitant simplement ces personnages. Et avoir la foi envers les valeurs familiales et la religion – important de porter la croix, signe identitaire plus que confessionnel.

Vin Diesel, c’est tout ça et c’est suffisant pour voir en lui celui qu’on aurait voulu être et qu’on n’ose plus. C’est appartenir à une Amérique perdue, déchue même, qui rêve de se reconstruire plus que de se déconstruire. L’Amérique de Trump. La franchise Fast & Furious est l’exemple, parmi tant d’autres probablement, d’une lutte pour une certaine hétéronormativité fortement menacée.

… s’assurer que dans le scénario de ce F9, les frères terminent par se retrouver, détournant adroitement et pourquoi pas, transgressivement, la parabole biblique. Et surtout tenir compte que ceux qui resteront au générique de fin auront l’occasion de voir quel comédien apparaîtra dans le prochain épisode. Une surprise de taille. Marketing assuré, même pour les critiques les plus irréductibles. Car Justin Lin prépare fébrilement F10. En somme, le rêve américain n’est plus une utopie, il peut parfois se réaliser, du moment où il rapporte. Donnant-donnant. C’est déjà quelque chose d’accompli.

Et puis, c’est aussi une série de films. Comme ce F9, le neuvième, qui consacre le plus de temps à une avalanche de poursuites, de combats,  Que peut-on dire de plus?

Et c’est aussi, si on ose aller plus loin, une vengeance du cinéma contre les méfaits de la COVID-19, alors qu’on retourne dans les grandes salles de cinéma, grand Popcorn et gros Coke en main. F9, c’est la puissance jouissivement assourdissante du son, c’est IMAX ou UltraVax à haute tension; c’est la course d’engins devenus fous et échappant à tout danger, sauf ceux des bad guys qui finissent en miettes. C’est aussi accepter le ridicule des dialogues, utilisés ici comme des auto-dérisions qui ne fonctionnent pas, assaisonnés d’un humour douteux, voire même ringard.

Mais c’est aussi prouver que le cinéma, en salle, c’est avant tout un divertissement, une façon de s’évader, d’oublier le quotidien, lui, dans plusieurs cas, plus agressif et dangereux. Mais dans le film d’action, c’est utiliser justement ces moyens nécessaires pour la quête de la justice (sentiment quand même noble) et plus que tout, comme nous sommes au cinéma, atteindre l’impossible.

Et s’assurer que dans le scénario de ce F9, les frères terminent par se retrouver, détournant adroitement et pourquoi pas, transgressivement, la parabole biblique. Et surtout tenir compte que ceux qui resteront au générique de fin auront l’occasion de voir quel comédien apparaîtra dans le prochain épisode. Une surprise de taille. Marketing assuré, même pour les critiques les plus irréductibles. Car Justin Lin prépare fébrilement F10. En somme, le rêve américain n’est plus une utopie, il peut parfois se réaliser, du moment où il rapporte des deux côtés. Donant-donnant. C’est déjà quelque chose d’accompli.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Justin Lin

Scénario
Justin Lin

D’après une idée de Justin Lin, Alfredo Botello
et Daniel Casey, et des personnages créés
par Gary Scott Thompson

Direction photo
Stephen F. Windon

Montage
Greg D’Auria

Dylan Highsmith
Kelly Matsumoto

Musique
Brian Tyler

Genre(s)
Action

Origine(s)
États-Unis

Année : 2021 – Durée : 2 h 23 min

Langue(s)
V.o. : anglais & Version française

Rapides et dangereux 9 : La saga
F9: The Fast Saga

Dist. [ Contact ] @
Universal Films Canada

Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

En salle(s) @
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

La parfaite victime

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Mercredi 30 juin 2021

SUCCINCTEMENT.
Pendant trois ans, les réalisatrices Émilie Perreault et Monic Néron ont analysé et décortiqué le parcours de victimes qui ont choisi la voie judiciaire dans la foulée du mouvement #MoiAussi. En résulte une remise en question des méthodes d’un système réfractaire aux changements.

SANS
         |COMMENTAIRES.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Émilie Perreault
Monic Néron

Scénario
Émilie Perreault

Monic Néron

Direction photo
Pierre-Etienne Bordeleau

Hugo Généreux

Montage
Frédéric Nassif

Musique
Benoit Pinette

Genre(s)
Documentaire

Origine(s)
Canada

Année : 2021 – Durée : 1 h 28 min

Langue(s)
V.o. : français, anglais; s.-t.a. & s.-t.f.

The Ideal Victim

Dist. [ Contact ] @
Les Films Séville

Classement
[ En attente ]

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

Sun Children

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 25 juin 2021

SUCCINCTEMENT.
À Téhéran, des enfants embrigadés dans du travail clandestin fréquentent l’école du Soleil qui leur offre une porte de sortie.

LE FILM
   |de la semaine

CRITIQUE.

★★★★

texte
Luc Chaput

Un pré-ado croise une plus jeune fille qu’il connaît et qui vend à la sauvette des colifichets dans le métro de Téhéran.

Zahra est la sœur aînée d’Abolfazi, d’une famille afghane en situation irrégulière. Ali, qui s’occupe de sa mère hospitalisée, est le chef du quatuor qui comprend également Mamad, le plus costaud, qui est en situation tendue avec son père. Ces enfants sont donc portés à commettre de menus ou grands larcins pour des organisations criminelles afin  de subvenir à leurs besoins et ceux de leurs proches. Le scénario du réalisateur Majid Majidi et de son confrère Nima Javidi nous promène dans cette dense conurbation qu’est la capitale iranienne, s’immisçant par le regard et le dialogue dans certains aspects moins connus de cette ville.

Le soleil peut-être

au bout du tunnel

Roohollah Zamani dans le rôle de l’ingénieux Ali. Un jeune comédien confirmé.

Ali rencontre dans le cadre de ses activités le propriétaire d’une volière de pigeons voyageurs. Le quatuor est alors incité par un subterfuge à fréquenter l’école du Soleil, privée, irrégulière et non subventionnée où ils croisent d’autres enfants dans la même situation. Ils découvrent ainsi les devoirs, les leçons, les joies, les peines d’un lieu qui les traite comme des individualités et Reza y confirme ses qualités de footballeur.

La mise en scène de Majidi, soutenue par la caméra souvent à l’épaule de Hooman Behmanesh, oppose plusieurs séquences de poursuite dans un riche centre d’achat, dans les transports en commun et à travers les rues et ruelles de ces vieux quartiers de la métropole à celles plus posées dans l’école. Une tension certaine y sourd due en partie à la situation financière précaire de cette école au service des enfants de la rue. Le récit prend alors plusieurs venelles vers un issue étonnante.

Le cinéaste Majid Majidi confirme, bien après Les enfants du ciel (Bacheha-ye Asemān), son talent à plaider pour les droits des enfants dans un registre maintenant plus dramatique.

Rafie, un éducateur, interprété avec un aplomb ironique par Javad Ezzati, est un partenaire de jeu impeccable de ces jeunes acteurs nouveaux venus dont Roohollah Zamani dans le rôle de l’ingénieux Ali et Shamila Shirzad dans celui de la sérieuse Zahra ressortent facilement du lot. L’engagement de toute l’équipe est communicatif spécialement dans les scènes de foule. Le cinéaste Majid Majidi confirme, bien après Les enfants du ciel (Bacheha-ye Asemān), son talent à plaider pour les droits des enfants dans un registre maintenant plus dramatique.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Majid Majidi

Scénario
Majid Majidi

Nima Javidi

Direction photo
Hooman Behmanesh

Montage
Hassan Hassandoost

Musique
Ramin Kousha

Majid Majidi.

Genre(s)
Drame social

Origine(s)
Iran

Année : 2020 – Durée : 1 h 39 min

Langue(s)
V.o. : persan; s.-t.a.

Khorshid
The Sun

Dist. [ Contact ] @
Métropole Films

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma du Parc

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

1 536 537 538 539 540 689