Fables.
Compagnie Virginie Brunelle

 

La

force

soutenue

de

la

résilience

 

CRITIQUE.
[ Danse ]

★★★★

texte
Élie Castiel
Une étrange sensation nous envahit, entre la douceur du geste, son
impulsion, son agressivité et la volupté des corps nus dont on
retient, le plus naturellement du monde, la primauté  des origines.

Dans Fables, titre on ne peut plus évocateur, le nu intégral, autant chez les danseuses que chez les danseurs, n’est pas une proposition visant à séduire l’œil, à susciter le désir, mais du coup, provoquant dans le regard, une sorte d’enchantement face au néant, au rien, à l’apathie de notre époque, à ces récits qui nous sont racontés au fil du temps, alimentant dans le même temps chorégraphie et théâtralité, une des composantes de plus en plus utilisée en danse moderne.

La chorégraphe québécoise Virgine Brunelle n’est pas dupe lorsqu’elle clame tout haut « Abordant une thématique engagée sur le féminisme, ce processus m’a permis de cultiver mais surtout de légitimiser mes sensations et mes expériences comme femme. Cette œuvre met alors en scène mes observations des douleurs, des combats, de la force tranquille et de la résilience des femmes. » Pas mieux que ses mots pour dire de quoi il s’agit dans cette œuvre qui souligne sans doute, avec le temps, son côté « mythique ». La femme, sujet de toutes les discussions et celle qui nourrit le plus souvent les scènes contemporaines.

Les paradoxes du comportement.
Crédit : @ Vanessa Fortin

Des paradoxes tout au long du spectacle : explosions de joie ou de révolte, de sensualité ou de rejet, de rapport hommes-femmes ou de gestes de solitudes, d’agressions ou de soutien. L’équipe de 12 danseuses et danseurs (6+6) participent de cet étrange rituel que seul l’art chorégraphique peut créer. Il y a comme un refus de la danse classique, comme si ses paramètres ne correspondaient plus aux temps nouveaux et leur présence ne faisait que nuire.

Dans un sens, il s’agit d’une nouvelle morale qui s’installe dans l’univers de la danse. Virginie Brunelle participe admirablement bien à cette tendance incontournable.

Une sorte de révolution en matière de danse qui se perpétue de plus en plus. La beauté diaphane, voire artificiellement créée des chorégraphies d’un autre temps est placée aux oubliettes. Avec Fables, nous avons affaire à une nouvelle vitalité, une forme de structure narrative qui, soutenue par une chorégraphie renouvelée, subversive, rebelle, guerrière, participe de cet engouement pour le message sociopolitique.

Dans un sens, il s’agit d’une nouvelle morale qui s’installe dans l’univers de la danse. Virginie Brunelle participe admirablement bien à cette tendance incontournable.

Et soulignons l’extraordinaire apport musical diversifié de Philippe Brault aussi bien que le bouleversant doigté de Laurier Rajotte au piano transcendant magiquement l’instant.

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
Chorégraphie
Virginie Brunelle

Interprètes
[ par ordre alphabétique ]

Nicolas Bellefleur, Sophie Breton
Julien Derradj, Chi Long
Milan Panet-Gigon, Ernesto Quesada Perez
Marie Eve Rixhon, Peter Trosztmer
Lucie Vigneault, Evelyn Yan

Musique : Philippe Brault

Au piano : Laurier Rajotte

Éclairages : Martin Labrecque

Dramaturgie : Nicolas Berzi

Costumes : Elen Ewing

Son : Joël Lavoie, Samuel Thériault

 

Production
Danse Danse

Durée
1 h 05 min

                                                      [ Sans entracte  ]                                     

Diffusion & Billets @
     [ En salle et en Webdiffusion ]
Place des Arts
 [ Théâtre Maisonneuve ]

Jusqu’au 03 décembre 2022

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Ciseaux

Fusions

d’appartenance

texte
Élie Castiel

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★ ½

Elles assument leur lesbianisme avec tout le naturel du monde. Bien plus, elles construisent un univers non pas parallèle, mais incrusté dans la multitude sociale. Revendications, actes subversifs, humour corrosif, retour à l’Histoire LGBTQ+, nouveau vocabulaire utilisé par les nouvelles générations : de LGBT, on passe à queer – en anglais, le mot veut dire « bizarre, étrange et autres succédanés, ou encore ersatz pour les intellos ». À un moment, il y a longtemps, mais pas si longtemps que ça, il constituait une insulte émanant des hétéros anglophones souffrant encore d’un manque de reconnaissance de la diversité sociale et sexuelle. Ensuite, une réappropriation du « terme » par la mouvance homosexuelle. Le tour est joué. Le vrai sens, l’original de queer a changé rapidement de terrain social.

Queer ou l’altérité, queer ou s’exprimer différemment tout en reconnaissant que tous les êtres humains partagent les mêmes sentiments. Gai, lesbienne, trans, qu’importe : queer définit toutes ces différences.

Ciseaux expose ainsi un cours de sexologie, particulièrement destiné aux nouvelles générations de lesbiennes. Recours à des archives (en formats vidéo dont la qualité (en grains) de la pellicule procure, chez certaines et certains, une nostalgie sidérante, particulièrement chez celles et ceux de tous ces combats, manifestations et autres actes subversifs contre une « police » militarisée des années de contestations où tout paraissait possible.

Derrière leur humour inévitable (sans quoi Ciseaux aurait été trop dur à avaler), drôle, railleur, Geneviève Labelle et Mélodie Noël Rousseau reproduisent les grands moments du centre-ville gai/lesbien de la métropole – cartes de la ville à l’appui. La salle, remplie à craquer réagit, se reconnaît dans cette ambiance survoltée où tous les coups sont permis, toutes les accusations sont les bienvenues.

Mais les artistes prennent toujours leurs distances avec la facilité du geste vulgaire. Déjà, le titre de la pièce est on ne peut plus persuasif, plus que symbolique, allant droit au but, même (plus que) suggéré dans une séquence ou les deux pairs de ciseaux se rassemblent, disons, amoureusement. Plus clair que ça, tu meurs. Mais dans ce geste anodin, un cri de désespoir, une affirmation de soi, une réappropriation de sa physicalité.

On a recours aux marionnettes, aux jeux d’enfants, aux décors kitchs, à tous ces accoutrements qui réchauffent le cœur et l’esprit. C’est festif (comme le programme l’indique), libérateur, mais surtout constitue un cri de révolte face à une société qui, malgré les apparences, est encore, en (grande) partie, homophobe et lesbophobe.

Suite

2022 revue et corrigée

CRITIQUE.
[ SCÈNE ]

★★★

texte
Élie Castiel

Les hauts

et

les bas

d’une année

         pas tout à fait

comme les autres

Bonne idée de commencer par nul autre que Zelinsky, « l’Homme de l’actualité » par excellence. Marc St-Martin (à s’y méprendre dans sa ressemblance à l’original) ouvre le bal avec l’un des meilleurs numéros de la soirée ; il ne s’adresse pas à l’ONU ou autre assemblée en Europe, mais aux spectacteurs et spectatrices du Rideau Vert, avec tout le sérieux du monde, débitant un cours texte magnifiquement écrit où sérieux et comique s’assemblent  le plus irrespectueusement du monde. Des mots lapidaires, assassins.

Autre moment mémorable, une Ginette Reno hors de l’ordinaire, moments magiques qui suscitent le respect et l’adhésion d’une salle bondée ce soir de Première et, comme d’habitude, conquise d’avance. Marie-Ève Sansfaçon, totalement habitée par la chanson où il est difficile de faire la différence entre les vraies paroles et celles inventées pour la circonstance.

Ne gâchons pas notre plaisir pour autant. La série « revue et corrigée » restera toujours indispensable.

Suite

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