1995

P R I M E U R
Sortie prévue
Mercredi 31 juillet 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT
En 1995, alors âgé de 25 ans, Ricardo Trogi participe à la Course destination monde de Radio-Canada. Pourra-t-il réaliser son rêve de devenir cinéaste?

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★

 

Changer de cap

pour se réinventer

 

D’emblée, une petite déception que cette première partie d’une nouvelle trilogie après le premier tryptique entamé en 2009, avec 1981, suivi en 2014 avec 1987 et 1991, en 2018.

Une urgence à la première personne ; comme si se révéler aux yeux du public, en employant un parler populaire, en accumulant des séquences d’un humour particulier, en revendiquant ses doubles racines, québécoise et italienne, le principal intéressé revendiquait sans cynisme tout en restant humble et charismatique, les multiples cultures d’un Québec, toujours en proie au questionnement (im)migratoire, notamment en ce qui a trait question à la langue.

Mais pour Trogi, un amour du parler « de chez nous », non pas comme alibi à la réalisation de ses films, mais un attachement sincère, un petit coup de foudre, une tendresse infinie envers les vocables du français québécois, pour ce qu’il est et le sera.

C’est du moins son point de vue sur la question, renforcer à bien observer dans 1995, un tant soit peu décevant, mais pas trop, particulièrement dans la première partie, la plus longue, remplie d’anecdotes, souvent inutiles.

Prêt à tout pour réussir.

Et puis la seconde partie s’impose dans toute sa splendeur, son émotion palpable. La première personne, le « je » abondamment illustré dans ce qui précède jette un regard critique sur soi-même, comme si la consécration en devenir était chargé d’obstacles insurmontables mais qui, au fond, il est certain de surmonter.

La famille, les filles, les amis, mais surtout cette fameuse Course destination monde, ici, simplement La course, des juges pas toujours du bon côté. Échecs, remises en question d’un rêve qui paraît encore lointain et, toujours dans cette deuxième partie, quelque chose qui a affaire avec les désirs, parfois irréalisables qu’on se fait. À moins que…

Justement, c’est ce « à moins que » qui fonctionne, une sorte de hasard venu d’on ne sait où ou peut-être des expériences du quotidien. Il semblerait que Ricardo Trogi s’est fait tout seul. Comme certains autres artistes ou encore autres critiques de n’importe quelle discipline artistique pour qui la « plug » ou « copinage » n’a jamais fonctionné.

Mais il y a surtout Jean-Carl Boucher, l’égo de Trogi, un acteur, depuis la première trilogie, d’une présence remarquable. Il conquiert la toile grande toile blanche, se remet de toutes ses erreurs, reconquiert et revendique le rêve de réussite ; mais plus que tout, s’engage à perpétrer, même si ce n’est pas toujours clair, un Québec inclusif. Les trois parties précédentes n’ont-elles pas illustré cette notion de partage humaniste ?

Directement, le cinéaste cinquantenaire ne parle pas de ces enjeux essentiels pour chaque personne normalement constituée. Ils sont dans les petits détails, certaines paroles prononcées.

Et puis la famille, surtout le père, sujet à une des scènes les plus émouvantes du film. Lui, presque toujours absent du vécu de son fils. Il y en a d’autres, mais vous allez les découvrir.

Belle distribution, jeu convaincant des interprètes, parfois excessif, mais c’est un peu dans l’air du temps.

Mais il y a surtout Jean-Carl Boucher, l’égo de Trogi, un acteur, depuis la première trilogie, d’une présence remarquable. Il conquiert la toile grande toile blanche, se remet de toutes ses erreurs, reconquiert et revendique le rêve de réussite ; mais plus que tout, s’engage à perpétrer, même si ce n’est pas toujours clair, un Québec inclusif. Les trois parties précédentes n’ont-elles pas illustré cette notion de partage humaniste ?

Et personnellement, également pour le plaisir de certains, la reprise, en fin de générique de la chanson Cuando cuando cuando, une vieille rengaine qui s’offre une visite dans le monde actuel.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Ricardo Trogi

Scénario : Ricardo Trogi
Direction photo : Steve Asselin
Montage : Yann Thibodeau
Musique : Frédéric Bégin

Genre(s)
Comédie
Origine(s)

Canada [Québec]
Année : 2024 – Durée : 1 h 59 min
Langue(s)
V.o. : français, anglais ; s.-t.f. / s.-t.a.
1995

Ricardo Trogi
Crédit : Eric Vautrey

Dist. [ Contact ] @
Immina Films
[ Sphēre Média ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.

★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]