7 minutes
INÉDIT en salle
Sortie
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Mardi 13 octobre 2020
SUCCINCTEMENT
Toulouse. Jean, 55 ans, ancien policier, découvre Maxime, son fils et son petit ami pendus. L’autopsie montre qu’il a été victime d’une surdose de GHB, sept minutes après son copain.
CRITIQUE.
un texte de
Élie Castiel
★★★
Une première séquence d’accouplement entre Kevin et Maxime. La caméra de Luc Russo, déjà présente dans le court La tempête (2017) du même Ricky Mastro, entretient ce goût pour le corps nu et ici vise son objectif sur le subtile et l’agréable, fuyant la vulgarité outrancière et la provoc. Une relation amoureuse qui se conjugue à deux. Pourquoi tant insister sur cette séquence ? Car c’est la seule où ces deux personnages prendront le devant de la scène et c’est sans aucun doute ainsi que le cinéaste a voulu leur donner l’importance qu’ils méritent.
Car 7 minutes, c’est avant tout ceux qui ont connu le couple, et en particulier le père de Maxime, ancien flic qui essaie de comprendre ce qui s’est passé au cours de ce rapport charnel se soldant par un geste irréversible.
Kevin et Maxime
Plusieurs courts métrages et un premier long avec 7 minutes. Un pari pour Ricky Mastro, d’origine brésilienne, fidèle à son thème central de prédilection, l’entité homosexuelle à travers divers genres. Les Ozon et les Honoré, ou encore les Ducastel/Martineau, et d’autres bien sûr, y traitent à leurs façons, situant le cinéma queer (quel vilain mot depuis longtemps revendiqué par la cohorte anglo-saxonne – mais bon, ça c’est une autre histoire qui mérite le débat, n’en déplaise à certains). Ici, pas de sous-thème politique, pas de sensationnalisme opportun, mais un profond désir d’assumer le cinéma et en plus, de se permettre d’accéder à la litote pour raconter.
D’où une mise en scène vachement rapide, s’en tenant à l’essentiel, parfois même se concentrant quelques secondes sur des effets qui paraissent secondaires, mais qui ne le sont pas. L’effet, ici, est de sentir ce qui se cache derrière chaque visage, chaque geste, chaque mouvement indécis.
Une chose est certaine, Mastro revendique l’image gaie, le vécu homosexuel, ses excès (pas trop scandalisants dans ces 7 minutes, branchée, insouciante (là, il aurait dû être plus critique, mais bon, passons !). Le jeu d’Antoine Herbez, très présent à la télé et vu dans des longs comme Testostérone (2008) de Pierre-Loup Rajot ou encore 7 ans de mariage (2003) de Didier Bourdon. Le chiffre « 7 » le rattrape dans un premier rôle principal pour le premier long de Mastro. Hasard sans doute.
Des failles, sans doute, des coquilles passagères, fort probablement, des incertitudes fasse à un premier film, évidemment. Mais quelque chose qui fait oublier ces imperfections : l’enthousiasme.
Toujours est-il que ce qui frappe le spectateur est la rapidité avec laquelle Jean (Herbez) oublie le drame qui le hante, très vite fasciné par l’univers parallèle que représente le Bisou (la boîte gaie que fréquentait son fils) et en particulier par le dragueur des lieux, Fabien (Clément Naline, souverain dans un premier long métrage – il a déjà tourné dans plusieurs courts sujets). Son jeu est parfois excessif, précieux, le comédien se soumettant à une mise en scène qui réclame autant son contrôle que la liberté qu’elle donne aux protagonistes d’improviser, selon les situations.
Ne soyons pas trop sévère avec Mastro. Des failles, sans doute, des coquilles passagères, fort probablement, des incertitudes fasse à un premier film, évidemment. Mais quelque chose qui fait oublier ces imperfections : l’enthousiasme.
Et puis, voire même, surtout, continuer à documenter le vécu gai. Raconter des histoires, inventer des récits, être critique face à une certaine forme d’homosexualité (ça fait du bien) mais plus que tout, situer l’homosexuel dans la mouvance sociale.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Ricky Mastro
Scénario
Ricky Mastro
Genre(s)
Drame
Origine(s)
France
Italie
Année : 2020 – Durée : 1 h 18 min
Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.
7 Minutes
Dist. québécois
ou [ autre ] @
[ Breaking Glass Pictures ]
Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 13 ans
Diffusion @
Amazon, iTunes, Google Play,
Vudu, Fandango & InDemand
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]