Coming Home Again

Sortie
[ En ligne ]
Vendredi 23 octobre 2020

SUCCINCTEMENT
Un Coréano-Américain new-yorkais retourne à San Francisco pour s’occuper de sa mère mourante. Du coup, des vérités enfouies voient le jour.

CRITIQUE.
un texte de
     Élie Castiel

★★★

Les élans incertains

Serait-ce le rapport de force qui peut (et je souligne à gros trait « peut ») exister entre budget restreint et mise en scène, mieux dit « totale adhésion ». Toujours est-il que le signataire, entre autres, de l’attendrissant The Joy Luck Club / Le club de la chance (1993), du sulfureux The Center of the World / Le centre de l’univers (2001) et, autant que je sache, de l’inédit While the Women Are Sleeping / Pendant que les femmes dorment / Onna ga Nemuri toki (2016) signe, à 71 ans, son film le plus personnel, du moins dans sa forme narrative.

Déception venant de la part d’un cinéaste, certes pas toujours satisfaisant, mais montrant à chaque fois un souci de mise en scène qui déclare son originalité, tant par la direction d’acteurs, et plus particulièrement d’actrices, que par le soin apporté aux éclairages, aux atmosphères et aux palettes chromatiques.

En fin de parcours, un film-rêve qui, malgré les efforts (non)soutenus, ne livre pas totalement la marchandise. Pour un homme de cinéma, 70 printemps ce n’est pas vieux. On espère une prochaine fois plus enivrante.

Ici, la forme rejoint par intermittences Ozu, le tournage à « même le sol » situant les personnages en question dans une sorte de contre-plongée narrative qui leur donne, par défaut, l’importance qu’ils méritent. D’une certain façon un récit de sacrifice entre un fils, Chang-rae, quand même bien incarné par Justin Chon, même s’il sent parfois le besoin d’en rajouter. Mais le jeune acteur est noble, élégant et s’en tire convenablement. La génitrice, elle, s’inscrit dans la fiction en deux temps, le cours normal des choses et la maladie – Jackie Chan défend les deux couleurs avec une certaine sensibilité dotée d’autant de tendresse, de résignation et de simplicité. Ses présences exaltent nos émotions et les champs/contrechamps avec son fils confirment les moments les plus éloquents. Une histoire de sentiments enfouis, de souvenirs transformés par le temps, de moments de joie, de bonheur éphémère et de tristesse à découvert qu’on a du mal à s’en débarrasser.

Et comme tout film asiatique qui se respecte, le rituel de la nourriture. Celle qu’on prépare avec soin, avec amour, comme si ces instants où on la savoure étaient uniques, essentiels bien sûr, comme dans un cérémonial ancré depuis toujours.

Entre le fils, éduqué Amérique, et la mère, de fraction plus simple, des choses qui ne se disent pas, de celles qu’on cache pour ne pas blesser, pour ne pas se blesser. Mais dans la mise en scène de Wayne Wang, un relâchement, une imprécision dans des retours en arrière, non seulement abondants, mais souvent déconnectés ou simplement désorientants. Mais il y a des petites séquences qui enchantent, de celles qu’on n’ose pas vous avouer, de celles que nous préférons que vous alliez à leur recherche.

En fin de parcours, un film-rêve qui, malgré les efforts (non)soutenus, ne livre pas totalement la marchandise. Pour un homme de cinéma, 70 printemps ce n’est pas vieux. On espère une prochaine fois plus enivrante.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Wayne Wang

Scénario
Wayne Wang
Lee Chang-rae
d’après sa nouvelle

Genre(s)
Drame

Origine(s)
États-Unis

Corée du Sud

Année : 2019 – Durée : 1 h 26 min

Langue(s)
V.o. : anglais, coréen; s.-t.a.

Dasi jib-eulo

Distributeur
québécois
ou [ autre ]

[ Outsider Pictures ]

Classement
[ suggéré ]

Tous publics

Diffusion @
https://vimeo.com/ondemand/cominghomeagain

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]