Draw with me

PRIMEUR
Numérique
[ Court métrage ]

CRITIQUE.
[ Sphères LGBT ]

texte
Élie Castiel

★★★

Il est Grec, artiste multidisciplinaire, dans la trentaine peut-être, avec une récente prédilection pour la réalisation, sans doute l’arme secrète pour briser les tabous, ouvrir les esprits, s’engager socialement et pourquoi pas politiquement et, du coup, privilégier le discours citoyen. Pourquoi avoir choisi de mener son combat hors de son pays natal? Conservatisme pérenne, courant de pensée qui tôt ou parfois tard finit par disparaître ou se réorienter? Influence de la religion encore bien installée dans la pensée? Toujours est-il que dans ce nouveau long métrage, Draw with me, il adresse le thème délicat, si mal interprété, de la réalité transgenre, de plus en plus sur la scène publique.

Gender Bender

Elle est née fille. Elle veut être garçon. Elle le sait depuis longtemps. Elle se comporte comme tel et comme armes de défense, adopte un comportement conforme à ses convictions, et l’art, plus particulièrement le dessin, qui lui ouvre les voies de la guérison sociale.

Sa famille : elle est la nièce de la comédienne Jennifer Lopez. Pour le réalisateur, stratégie persuasive pour que son film engagé puisse cogner aux portes des plus récalcitrants.

Et une mise en scène qui prend ses distances, essaie par tous les moyens d’éviter le pathos racoleur – même si on peut questionner l’omniprésence de la musique, totalement inutile – en donnant la parole aux intéressé(es); Brendon, lui-même, sa mère Leslie Ann et son père, Rob. Les trois personnages les plus importants du film, ceux par qui la conciliation finit par s’incruster, combat acharné entre des milliers d’années de culture binaire, aujourd’hui redéfinie, pour le meilleur et pour le pire. Comme le dit l’adage.

Le court métrage de Constantine Venetopoulos ne laisse pas indifférent. Il assume son caractère intransigeant, soumet le spectateur à une nouvelle aventure du regard et, mine de rien, suscite le débat sur un sujet fascinant.

Brendon, sexuellement, est-il hétéro ou homosexuel? Draw with me aborde la question, mais la réponse est floue, évasive comme si autant Brendon que le cinéaste refusaient d’y répondre. Est-ce important après tout?

Depuis la révolution sexuelle occidentale au cours des années 1970, les divers scénarios n’ont pas arrêté de se multiplier, provoquant une lutte sans trêve entre les courants conservateurs et les adeptes des changement sociaux. D’où les mouvements féministes, LGBT et autres organismes de droits pour les minorités. En cette deuxième moitié du XXe siècle, les « revendications individuelles » réclament leur droit de cité.  Certains nouveaux polémistes conservateurs d’aujourd’hui verront en cela la victoire de l’individuel sur le collectif, comme nouveau mal du siècle, et surtout la fin du patriarcat.

La déconstruction de la binarité n’a jamais causé autant de bruit et de fureur, dans certains cercles, peut-être même des luttes intestines. Gagnants? Perdants? Victoire de l’un sur l’autre? Une chose est claire : le monde ne peut demeurer le même. C’est là aussi, la loi de la nature.

Deux déclarations dans le film bousculent à jamais nos certitudes sur la sexualité. On ne vous dira rien.

Le court métrage de Constantine Venetopoulos ne laisse pas indifférent. Il assume son caractère intransigeant, soumet le spectateur à une nouvelle aventure du regard et, mine de rien, suscite le débat sur un sujet fascinant. Soulignons que le film est parrainé en partie par la Fondation Onassis.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Constantine Venetopoulos

Scénario
Constantine Venetopoulos

Images
Sherif Mokbel

Montage
Jon Nazareth

Origine(s)
États-Unis

Année : 2020 – Durée : 0 h 24 min

Langue(s)
V.o. : anglais
Draw with me

Dist. @
[ Ithaka Films / The Trevor Project ]

Diffusion @
https://vimeo.com/ondemand/drawwithme/483848439

Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]