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                         son for intérieur

À l’origine, avant la pandémie, Tangente avait programmé un programme plus ambitieux en réunissant deux chorégraphes du Québec et deux de l’Ontario. La situation a obligé les programmateurs à ne présenter que le volet québécois.

Le festival Accès Asie a pour mission de promouvoir les artistes en danse canadiens en leur donnant la possibilité de présenter des chorégraphies de courte durée et mettant en perspective de nouvelles orientations en danse contemporaine.

KinoCulture Montréal a assisté à ce spectacle en ligne, certes brève si l’on compare aux activités « en salle » en temps normaux, mais tout autant créatif que singulier.

La soirée était présentée par MM Marco Pronovost, Commissaire à Tangente et Khosro Berahmandi, Directeur artistique et développement et Directeur général par intérim du Festival Accès Asie.

WINNIE HO
[ aWokening ]

CRITIQUE.

texte
Élie Castiel

★★★

Dans le site de Tangente, la chorégraphe explique sa démarche. Le critique, lui, élabore sur ce qu’il a vu et assume sans retenue ses propres convictions, question d’aller plus loin dans le discours.

Le wok, instrument traditionnel dans la culture culinaire de Hong Kong. Pour Winnie Ho, artiste queer, une réappropriation du corps et de l’âme intérieure. Des instruments de cuisine qui s’incrustent dans le wok et soudain disparaissent, ou tombent dans le sol, presque sans bruit, imperceptiblement. L’espace privilégié par Ho n’est qu’un simple terrain vague où tout peu se passer. Là où l’être et le paraître prennent des habits (non ce n’est pas un jeu de mots, puisque la danseuse est à moitié nue) de rébellion, de révolte et contre l’autorité, sédition contre l’ordre établi et une ouverture aux sexualités émergentes; tout cela passe par le geste, sans qu’on s’en aperçoive car il s’agit d’un cri de douleur contre la morale et les préjugés.

La danseuse ne voit pas le temps passer. Elle s’est elle-même chorégraphiée, maître-d’œuvre de son destin autant que de l’art qu’elle professe. Déconcertant et tout aussi beau.

Et puis, intentionnellement, aucune musique, que des sons, des bruits de toutes sortes, plus subtilement animaliers qu’humains.  Il est question d’une sorte  de boîte noire qui comprendrait à l’intérieur tous les secrets du monde, sans doute aussi tous les droits fondamentaux. Boîte de Pandore, sans doute. La Grèce antique s’allie ains à la Chine éternelle en formant une mosaïque étrange, sensuelle, parfois-même baroque.

La danseuse ne voit pas le temps passer. Elle s’est elle-même chorégraphiée, maître-d’œuvre de son destin autant que de l’art qu’elle professe. Déconcertant et tout aussi beau.

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
Chorégraphe / Interprète
Winnie Ho

Dramaturgie
Hanako Hashimi-Caines

Éclairages
Karine Gauthier

Son
Noe Clark

CHARO FAO TAI WEI
[ The Golden Stick Ritual / Jin Gu Bang ]

CRITIQUE.

texte
Élie Castiel

★★★ ½

Les différents modes d’expression de la culture chinoise sont explorés dans un tourbillon qui passe par la manipulation excessive du corps et du visage. Le corps enveloppé d’un costume écarlate qui reproduit la réalité de la vie, du mouvement, de l’identité. La danseuse le porte on ne peut plus aisément pour maîtriser parfaitement le mouvement et l’extravertir. La corporalité se métamorphose au gré de mouvements saccadés, soutenus, inattendus, subtils et dans le même temps détonants, donnant lieu à quelque chose entre le rituel liturgique et le mythe social.

Charo Fao Tai Wei n’y va pas de mainte morte. Son matériau, c’est bel et bien le corps, dans tous ses états, dans toutes ses possibilités que l’espace scénique lui donne pour s’exprimer car il résiste à tous les tempéraments. Son point d’attache : la volonté de la chorégraphe d’aller au-delà de tout, quitte à se répéter, à se soustraire à un quelconque désir d’aller plus loin, inlassablement.

La corporalité se métamorphose au gré de mouvements saccadés, soutenus, inattendus, subtils et dans le même temps détonants, donnant lieu à quelque chose entre le rituel liturgique et le mythe social.

Elle ne recule devant rien pour désorienter le spectateur qui, lui, doit deviner ce qui se passe sur scène, comme c’est souvent le cas dans la danse contemporaine, pour ne pas dire dans toutes chorégraphies; et toujours le spectateur, il se doit de se soustraire aux moindres désirs de la danseuse. Et tant mieux. Le complicité est ainsi établie, le dialogue souverain. De cette proposition irréalisable, Charo Foo Tai Wei atteint presque le sommet de la perfection. Et pourtant, dans son comportement, dans sa démarche, dans ses grâces faciales qui rendent hommage au théâtre et à l’opéra chinois, une franchise, une sincérité, une envie insatiable de partager.

 

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
Chorégraphe / Interprète
Charo Foo Tai Wei

Dramaturgie
Dulcinea Langfelder

Éclairages
Rodolphe St-Arneault

Son
David Blouin

Costume
Julie Pichette

Durée totale
1 h 30 min approx.
[ Incluant présentation
& dialogue avec les artistes ]

Diffusion
En ligne

[ Voir ici ]
 Jusqu’au 31 janvier 2020

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]