Body and Soul
CRITIQUE.
texte
Élie Castiel
★★★★
Faisant partie de la durée totale du spectacle, un court métrage signé Mike Southworth réunit huit artisans de la production, dont, bien entendu, la chorégraphe Crystal Pite. Chaque intervenant explique les subtilités de son travail en rapport à la chorégraphie en question. Les intentions, les propositions loin d’être prises au hasard sont parfaitement étudiées. Un travail d’équipe qui ne s’affirme qu’avec le résultat obtenu. Au cours de ses 16 minutes, nous avons une idée précise de quoi il est question. Seul demeure le regard que nous entretenons avec la danse, plus particulièrement la danse contemporaine. Sensuel, magique et essentiel par ses temps d’une pandémie qui ne cesse de nous hanter. En revanche, les artistes, les créateurs veillent à ce que notre santé mentale ne soit pas affectée. Crystal Pite réussit ce pari.
Entre la nature et ses fondements
Trois parties constituent cette pièce chorégraphique, sans doute un des moments-d’œuvre d’une carrière étonnante. Trois grands de la musique s’immiscent dans ces univers créé pour parler du corps et des liens qu’il partage avec l’âme : Owen Belton, pour la bande sonore originale, Frédéric Chopin dont on retiendra des extraits de 24 Préludes, op. 28, et Teddy Geiger qui clôture la troisième partie et le spectacle avec une retentissante pièce rock, Body and Soul. Une troisième partie avec un décor inusité, comme si on se retrouvait dans une autre planète. Le côté frénétiquement animalier de l’ensemble ramène en quelque sorte, soit à un retour au berceau de notre civilisation, soit à un futur imaginaire.
Coup de maître de la part de Crystal Pite et de ses assistants, Eric Beauchesne et Jermaine Spivey; cette pièce inspirante et inspirée traverse diverses formes de la représentation.
Pour le commun des mortels, les gestes, les mouvements, les articulations corporelles peuvent paraître répétitifs, mais force est de souligner qu’à force de bien observer grâce à la proximité que le format « En ligne » procure, nous sommes en mesure de saisir le sens de certains pas, les agitations et les battements de l’ensemble. Dans ces duos femmes/hommes et hommes/hommes, existe des liens affectueux, tantôt tendres, parfois coriaces, mais jamais indifférents. La symbiose souhaitée des sexes est rendue possible grâce à un choix vestimentaire des plus éclairés, mis en exergue par les couleurs neutres que sont le Noir et le Blanc. Sauf pour la fin où par magie, la folie de la couleur Or domine. On soulignera le travail au son de Julien Ravel, mariant aux musiques toutes sortes de bruits de la nature, vent, tonnerres, vague, des fluides qui semblent sortir de la terre.
La narration menée par la voix apaisante de la comédienne Marina Hands explique les gestes et soutient le récit. Cet enjeu narratif est rare dans l’art chorégraphique. Il atteste cependant du bien fondé d’un mode d’expression qui, parfois, peut s’intégrer au théâtre. Coup de maître de la part de Crystal Pite et de ses assistants, Eric Beauchesne et Jermaine Spivey; cette pièce inspirante et inspirée traverse diverses formes de la représentation.
FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
Chorégraphie
Crystal Pite
Assistée de…
Eric Beauchesne
& Jermaine Spivey
Texte
Crystal Pite
Narration
Marina Hands
Musique
Owen Belton
Frédéric Chopin
Teddy Geiger
Scénographie
Jay Gower Taylor
Éclairages
Tom Visser
Mixage sonore
Julien Ravel
Costumes
Nancy Bryant
Avec
le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris
Réalisation du court métrage de présentation
Mike Southworth
Réalisation de la captation du spectacle
Tommy Pascal
Production
Danse Danse
en partenariat avec Digidance
Durée totale
1 h 38 min
Diffusion
[ En ligne ]
Jusqu’au 23 février 2021
Achats @
Danse Danse
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]