Accolades et quiproquos

Pour un avant-goût explicatif… sur YouTube

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Élie Castiel

Ces corps, nul doute, imaginés, puisque Philippe Meunier et Ian Yaworski se les approprient, conscients des toutes les manipulations qu’ils pourraient entretenir avec eux. La gigue, quelque chose qui nous échappe, car d’un autre temps. Et dans la mémoire des deux danseurs-chorégraphes, une façon comme une autre de réorganiser la danse contemporaine, constamment en gestation.

Corps imaginaires

Tangente, ou le sanctuaire de tous les possibles en matière de contemporanéité. Lieu où se glissent imperceptiblement les nouveaux gestes, les mouvements les plus innovateurs. Mais à bien y penser, si l’on en juge par ces Accolades et quiproquos, engagent la chorégraphie et dans le même temps la mise en scène.

Philippe Meunier (derrière) & Ian Yaworski (devant) > Crédit : @ Vanessa Fortin

Chose risquée lorsqu’il n’est question que de deux personnages sur scène. Et au moment où le mouvement, notamment du début, est constamment répétitif, volontairement agaçant, presque improvisé, on a tendance à croire, nous les spectateurs, que rien ne se passe. Mais à y voir de près, son et musique aidant, ces recommencements ne sont que l’avant-goût, le préambule à un rapport des corps, une lutte entre celui qui sera le plus fort. Et pourtant, des corps qui se touchent, des mains qui se frottent.

Et une mise en perspective. Meunier paraît timide, il regarde ses pieds bouger et dévisage presque Yaworski qui, lui, le regarde souvent des yeux. Comme si la relation, comme la chorégraphie devait laisser la fiction s’en aller pour finalement prendre sa place.

Et soudain, la danse reprend ses droits, ce n’est pas pour longtemps, mais assez pour que l’on saisisse le bien-fondé de ce projet délicieusement insensé.

Il est important de souligner, même si ce n’est pas monnaie courante, que l’homoérotisme qui se dégage dans ces quelques moments privilégiés n’est pas ostentatoire, mais subtile, honnête, de bonne augure. Car il est là et le refuser serait indigne.

Force est de souligner que Philippe Meunier et Ian Yaworski appartiennent à cette nouvelle race de chorégraphes où il n’est pas permis aux critiques de clamer « j’aime ou je n’aime pas ». Car c’est à un laboratoire expérimental de la danse que nous avons affaire. Les intentions ne sont plus les mêmes. Il faut savoir simplement analyser.

Le travail des lumières de Karie Gauthier est impeccable, juste assez de clarté ou d’ombres révélatrices pour que les corps se définissent. La bande-son de Jérôme Minière perce l’espace. Minimaliste, actuelle, d’une post-modernité totalement revendicatrice, elle ne fait que s’harmoniser à une chorégraphie qui s’impose par elle-même, intuitive, d’un anticlassicisme libérateur.

Force est de souligner que Philippe Meunier et Ian Yaworski appartiennent à cette nouvelle race de chorégraphes où il n’est pas permis aux critiques de clamer « j’aime ou je n’aime pas ». Car c’est à un laboratoire expérimental de la danse que nous avons affaire. Les intentions ne sont plus les mêmes. Il faut savoir simplement analyser.

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE

Chorégraphie
Philippe Meunier

Ian Yaworski

Interprètes
Philippe Meunier

Ian Yaworski

Dramaturgie : Benjamin Prescott La Rue

Musique : Jérôme Minière

Éclairages : Karie Gauthier

Costumes : Cloé Alain-Gendreau

Durée totale
1 h 30 min approx.

Diffusion
[ En différé ]

& Billets @
Tangente
Jusqu’au 21 mars 2021

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]