Red Sky Performance
DANSE
[ En ligne ]
Première
Mercredi 09 avril 2021
CRITIQUE.
texte
Élie Castiel
★★★★
C’est par le biais de la danse que la compagnie Red Sky, de Toronto, exprime ses revendications sociales. De la part de Sandra Laronde, fondatrice et directrice artistique de la troupe, créée il y a vingt ans, on retient parfaitement bien la stratégie employée pour que son projet puisse survivre dans le réel immédiat.
Alliant traditions folkloriques et danse contemporaine, elle juxtapose les deux formes en un tout harmonisé, selon le goût du jour, au diapason d’une époque où les mélanges n’ont pas seulement droit de cité, mais encouragés, même si parfois, discrètement et inutilement contestés.
Revendiquer
les territoires
de l’art
chorégraphique
autochtone
Une multitude d’influences dans les extraits de ces deux chorégraphies fondatrices, Migiis et Trace, telle que conçues par le chorégraphe-danseur et assistant artistique Jera Wolfe. Autant dans la première que dans la deuxième pièce, des corps qui s’enchaînent les uns aux autres, les uns dans les autres; pour qu’ensuite émergent quelques pas de deux brillamment structurés. Pour marquer le territoire collectif et affectif, selon le cas. Une harmonie des tensions physiques de l’individu à l’intérieur d’un territoire social qui ne cesse de se redéfinir.
Les éclairages jouent un rôle déterminant, se soumettant à la couleur des costumes. C’est donc à un spectacle parfaitement structuré que nous avons droit.
La constante athlétique est de rigueur car elle constitue ce par quoi le corps physique peut s’exprimer dans toute son apogée, que ça paraisse, pour le spectateur, sans fautes, parfait, immaculé, démuni de tout élément étranger qui pourrait nuire.
En ces temps de pandémie, un carton au début de la présentation nous explique que tout a été fait pour protéger les artistes.
Avec le résultat, nous avons l’impression de revenir à des temps plus « normaux » où le partage, la complicité entre la scène et la salle étaient simplement des acquis. Nous nous consolons avec la proximité que procure le visionnement « en ligne », proche de chacune et chacun des danseuses et des danseurs qui, elles et eux, semblent évoluer dans un monde à part, le leur, celui de la danse, de l’art, une expression qui n’a pas peur des pandémies et qui résiste à sa façon.
Laronde rappelle que la civilisation occidentale est traversée par la pensée et les mythologies grecque et romaine. Les peuples amérindiens n’ont-ils pas droit à une reconnaissance de leurs mythes, légendes. En somme, décoloniser la pensée occidentale.
Quant à la présentation, tout d’abord, une reconnaissance du territoire, que la plupart des théâtres ont commencé à pratiquer depuis quelque temps, suivie, en suite, d’un extrait de Migiis, ensuite de quelques entrevues, sous-titrées en français, avec les artistes du spectacle, dont, bien entendu, Sandra Laronde, mais aussi Jara Wolfe, Jules McCusker, activiste sociopolitique, Eliot Britton, compositeur de la musique de Trace, qui suit ces minutes de têtes parlantes, pensantes on devrait dire puisqu’elles accordent à l’art chorégraphique autochtone ses lettres de noblesse.
Parmi les propos retenus, dont on évitera la liste traditionnelle, mais retiendra une réappropriation de la mythologie autochtone comme moyen de décoloniser la pensée blanche, ses préjugés, ses pris pour acquis, sa façon d’observer l’autre. Laronde rappelle que la civilisation occidentale est traversée par la pensée et les mythologies grecque et romaine. Les peuples amérindiens n’ont-ils pas droit à une reconnaissance de leurs mythes, légendes. En somme, décoloniser la pensée occidentale.
FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
Chorégraphies
Jara Wolfe
Musique
Rick Sacks, Pura Fe
Marie Gaudet, Julian Cote
Marc Melianen, Pierre Mongeau
(@ Migiis)
Eliot Britton
avec la collaboration de
Rick Sacks, Bryant Didier
& Ora Barlow-Tukaki
(@ Trace)
Éclairages
Steve Lucas (Migiis)
Alexis Bowles (Trace)
Costumes
Jeff Chief (Migiis)
Kinoo Arcentales (Trace)
Voix
Nelson Tagoona, Ora Barlow-Tukaki
Marie Gaudet, Gabriel Gaudet
Voix Anishinaabe
Albert Owl
Artistes de scène
Eddie Elliot, Lonii Garnons-Williams
Lindsay Harpham, Philippe Larouche
Julia Pham, Jera Wolfe
(@ Migiis)
Elliot, Garnons-Williams,
Harpham, Pham, Wolfe,
ainsi que…
Sarah Dilorio, Miyeko Ferguson
Cameron Fraser-Monroe, Bridget Lee
(@ Trace)
Durée
1 h approx.
Production
Productions Rivard
Présentation
Danse Danse
Diffusion @
Webdiffusion
Jusqu’au 20 avril 2020