The Most Beautiful Boy in the World

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 1er octobre 2021

SUCCINCTEMENT.
Les cinéastes se penchent sur la carrière de Björn Andrésen, le héros “angelot blond” de Mort à Venise (Morte a Venezia), de Luchino Visconti.

CRITIQUE.

★★★★ 

texte
Élie Castiel

            Le lucide corollaire qu’établissent les cinéastes suédois Kristina Lindström et Kristian Petri est un des plus accomplis. Car dans The Most Beautiful Boy in the World, la vieillesse du jeune de jadis est irrévocable, juste. Elle est mise en parallèle à celle de Thaddeus/Tadzio dans le film de Luchino Visconti, un de ses plus beaux fleurons, Mort à Venise / Morte a Venezia / Death in Venice, superbe adaptation volontairement distanciée du roman de Thomas Mann.  Le présent de Björn Andrésen, le superbe éphèbe qui avait incarné l’éphèbe dans le Visconti apparaît dans toute sa complexité d’un soixantenaire, un homme parmi la foule.

Le Visconti, un film, à l’époque, en 1971, audacieux ; un moment en Occident où les mouvements de libération convoitent tous les forums sociaux et la communauté gaie et lesbienne (on ne disait pas encore LGBT) sentait les balbutiements d’une certaine reconnaissance et liberté de mouvement qui, avec le temps, devaient se concrétiser plus adroitement et notamment sur le plan politique.

Une mise en abyme dictée

par le souci de vraisemblance

Un regard consciemment atteint de fausse pudeur.

Mais ce qui demeure d’autant plus intéressant dans le film de Lindström et Petri, c’est sans aucun doute la présentation d’extraits de Mort à Venise montrant les échanges sourds, silencieux, inavouables du jeune protagoniste et du personnage de Gustave Von Aschenbach (magnifique Dirk Bogarde) qui, volontairement selon le regard de Visconti, ne délibère pas tant sur l’orientation sexuelle, mais sur la notion de beauté. Car dans cette adaptation du roman (ou nouvelle) de Mann, c’est de cela qu’il s’agit.

Ne pas succomber aux épreuves du temps, ne pas se laisser guider par les rides qui s’installent sans crier gare. Mais plutôt succomber au désir du beau, de l’esthétique, du corps presque parfait.

Quelque chose qui correspond à ces années 1970 où la Grèce antique et ses correspondances esthétiques dépassent de loin le simple regard, une formalité qui s’explique en des termes philosophiques.

Les temps ont changé et le jeune d’alors Andrésen a déjà 66 ans, mais paraît plus. Rien à voir avec l’éphèbe de ces années contemplatives plus que formatrices.

Et Visconti dans tout cela, puisqu’il est largement évoqué dans le projet documentaire en question ? Une chose est certaine, les deux complices, par le choix des archives, par les moments pris par-ci, par-là, déconstruisent le mythe viscontien et sans lui enlever ses lettres de noblesse, au sens propre comme au figuré, le situent au royaume des Humains. Celui des simples mortels, tout simplement.

The Most Beautiful Boy in the World est la fois une dédicace, mais dans le même temps une mise en abyme entre deux mondes, celui du cinéma et l’univers du réel. Comment exister entre les deux. Les cinéastes parcourent le trajet de l’acteur, actifs dans plus de 30 films, télé et cinéma confondus, dont l’inusité Midsommar (2019). Nous ne reviendrons pas sur les détails de sa vie, mais sur les intentions des deux collaborateurs du projet : permettre au temps de mettre en parallèle les rapports étroits qui peuvent exister entre une œuvre du passé, le présent réel et l’œuvre qui a donné naissance à cette histoire, au fond, sur le temps qui passe à une vitesse aussi éphémère que surprenante.

Et Visconti dans tout cela, puisqu’il est largement évoqué dans le projet documentaire en question ? Une chose est certaine, les deux complices, par le choix des archives, par les moments pris par-ci, par-là, déconstruisent le mythe viscontien et sans lui enlever ses lettres de noblesse, au sens propre comme au figuré, le situent au royaume des Humains. Celui des simples mortels, tout simplement.

En attendant, vous serez surpris par le parcours singulier du jeune Björn Andrésen après son expérience fascinante de Mort à Venise.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Kristina Lindström
Kristian Petri

Scénario
Kristina Lindström

Kristian Petri

Direction photo
Erik Valsten

Montage
Dino Jonsäter

Hanna Lejonqvist

Musique
Filip Leyman

Anna Von Hausswolf

Genre(s)
Documentaire

Origine(s)
Suède

Année : 2020 – Durée : 1 h 33 min

Langue(s)
V.o. : multilingue; s.-t.a.

Världens vackraste pojke

Dist. [ Contact ] @
[ Cinéma du Parc ]
@ Juno Films

Classement suggéré
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

En salle(s) @
Cinéma du Musée

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