Je me souviens

Rita Lafontaine, le regard de la tendresse.

HOMMAGE.
[ Rita Lafontaine ]

texte
Élie Castiel

            Pourquoi un titre d’accueil aussi cousu de fil blanc? Aussi référentiel? Pour une simple raison : au Québec, parfois, pour ne pas dire souvent, le passé s’effrite, disparaît comme s’il n’avait jamais existé. Le présent s’impose, et c’est bien son droit, c’est dans l’ordre des choses. Mais à force d’oublier ceux et celles qui ont forgé une partie de la culture, c’est renoncer à l’Histoire, terme tabou, qui empêche le présent de vivre (est-ce vraiment le cas?), de se distinguer. Mais arrêtons de nous plaindre.

À Trois-Rivières, endroit de plus en plus choyé, les dirigeants ont rendu hommage à une grande Trifluvienne. Rita Lafontaine, Muse d’un certain Michel Tremblay (vous connaissez?), compagne de ses œuvres dramatiques, une des nombreuses porte-parole de son univers particulier, de son et unique Québec, pérenne, assumant son emprisonnement historique pour que l’oubli ne disparaisse de la pensée collective.

La mémoire ou la pérennité du geste   

La Place Rita-Lafontaine siège désormais dans cette ville, accordant aussi bien à la comédienne qu’à la ville, une aura de respectabilité qu’elles possèdent déjà. Pour les férus de renseignements – elle est située au cœur du centre-ville, là où s’étalent allègrement les lieux culturels, c’est tout à fait naturel, entre la bibliothèque Gatien-Lapointe et le parc Champlain. À l’inauguration, des dignitaires, le maire, bien entendu, et autres proches de Madame Lafontaine, dont Michel Tremblay et André Brassard.

Chose curieuse, mais bien significative, cette cérémonie ne faisait que déconstruire la notion du temps car passé, présent et futur se côtoyaient dans quelque chose qui a à voir avec le temps, immuable et changeant, dysfonctionnel (car on oublie souvent) et inaltérable (car on s’en souvient en fin de compte).

Rita Lafontaine dans tout cela? Aussi présente que jamais car à l’intérieur de cette grande plaque commémorative, sorte de scène, elle est entourée d’une place qui ressemble à l’intérieur d’un théâtre où les sièges ne seraient pas assignés. Libre à tous et à toutes de parcourir une carrière exceptionnelle, ou du moins, pour les plus jeunes, de l’imaginer.