Isaac
P R I M E U R
[ En ligne ]
Sortie
Mardi 16 novembre 2021
CRITIQUE.
[ Sphère LGBT ]
★★★
texte
Élie Castiel
Les illusions figées
Perceptiblement, il y a, dans le premier long métrage de David Matamoros et Ángeles Hernández, quelque chose d’inassouvi bien que leur mise en scène participe d’un soin indisputable. Quelque chose qui a sans doute à voir avec la pièce El día que nació Isaac, d’Antonio Hernández Centeno, sur laquelle s’inspire le scénario.
Un dialogue verbomoteur, des personnages adaptés à la société actuelle mais qui, intimement, sont incapables d’assouvir leurs désirs, leurs rêves auxquels tout le monde aspire.
Au départ, un peu plus de quinze ans auparavant, il y avait trop copains, proches, Nacho, Denis et Isaac. Des jeux de leur âge, des rêves dont on n’arrive pas encore à saisir le sens, des sentiments ambigus, des joies, des tristesses; enfin, tout ce que c’est âge, la fin de l’adolescence, procure en termes d’espaces de vie.
Nacho et Denis sont maintenant mariés, hétérosexuellement, selon les normes, chacun de son côté. Pour l’un, c’est le désir de procréer, car c’est ainsi qu’on a le plus de chance de réussir; pour l’autre, celui de devenir chef et d’ouvrir son propre restaurant haute-gamme.
Et le hasard qui les rapproche des années plus tard. Les vieux sentiments affectifs ont mûri pour l’un. L’autre feint de ne pas comprendre. La vie continue. Les épouses suivent le tout avec autant de brillance et d’ouverture d’esprit que de craintes d’avoir tout échouer.
Nous sommes en plein territoire psychologique et les deux cinéastes ne s’embarrassent guère de les illustrer par des dialogues interminables, souvent aux résonnances psychologiques fort valables. Ailleurs, par des séquences inutiles.
Force est de souligner le très beau travail d’interprétation des deux comédiens masculins, Iván Sanchez (Denis) et Pepe Ocio (Nacho), entre vivre le temps présent sans frontières pour l’un et retrouver l’espoir de réaliser ses illusions affectives d’antan pour l’autre.
Un univers incompatible entre ces deux protagonistes qui, sans doute, était présent dans la pièce d’où est tiré le film. Force est de souligner que dans la communauté LGBT, malgré les droits acquis ces dernières années, le mariage pour tous dans plusieurs pays occidentaux, la communauté queer (comme aiment dire beaucoup de jusqu’au-boutistes) n’a pas encore atteint ce qu’elle souhaite vraiment. Ses droits paraissent souvent illusoires, les rêves ne sont pas toujours permis.
En matière d’homosexualité ou certains préfèrent dire les droits LGBT, même en Occident, c’est-à-dire à l’Ouest, rien de vraiment nouveau. Le statu quo demeure avec tout ce que cela implique, même si avec de légères variations. En quelque sorte, comme si, malgré tout, le passage du temps n’avait rien changé.
Le film, lui, ne cesse de se poser des questions, du moins les personnages dont il est question. Nous assistons à un univers global incompatible avec l’orientation sexuelle hors de la norme, majoritaire.
Ils étaient trois auparavant. Isaac n’est plus dans le portrait. Que lui est-il arrivé. La réponse est donnée, mais elle n’est pas très claire.
En matière d’homosexualité ou certains préfèrent dire les droits LGBT, même en Occident, c’est-à-dire à l’Ouest, rien de vraiment nouveau. Le statu quo demeure avec tout ce que cela implique, même si avec de légères variations. En quelque sorte, comme si, malgré tout, le passage du temps n’avait rien changé.
Illustrations : Gracieuseté de Scott Mostiko @ Breaking Glass Pictures.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Ángeles Hernández
David Matamoros
Scénario
Ángeles Hernández
David Matamoros
D’après la pièce d’Antonio Hernández Centeno
El día que nació Isaac
Direction photo
Gina Ferrer
Montage
Elena Ruiz
Musique
Arnau Bataller
Simon Smith
Genre(s)
Documentaire écologique
Origine(s)
Espagne
Année : 2020– Durée : 1 h 24 min
Langue(s)
V.o. : espagnol; s.-t.a.
Isaac
Dist. [ Contact ] @
[ Breaking Glass Pictures ]
Classement suggéré
Interdit aux moins de 13 ans
Diffusion @
Diverses plateformes numériques
[ iTunes/Apple TV, Amazon, Google Play, Vudu, Vimeo… ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]