Jean-Marc Vallée.
1963-2021
HOMMAGE.
texte
Élie Castiel
Comme ça, sans s’annoncer, il succombe à un arrêt cardiorespiratoire le soir du 25 décembre, le jour de Noël, comme si le hasard faisait mal les choses et entretenait un rapport morbide avec la vie.
Pluie de réactions émanant de toutes parts, particulièrement du milieu cinématographique. Comme d’habitude pour ceux qui partent et laissent des traces profondes dans la société. Un vide pour le cinéma d’ici et d’ailleurs.
Une détermination
sans failles
Parce que Jean-Marc Vallée a eu le courage d’aller tourner à l’étranger tout en demeurant « fier québécois ». Parce que Jean-Marc Vallée a inventé une nouvelle façon, pour notre cinéma national, de concevoir les images, de leur donner une esthétique particulière, un sens métaphysique en relation avec sa vision de l’art et de la vie;
Qu’il s’agisse des films tournés hors-Québec ou conçus ici, ils se classent au même pied d’égalité du moment où ils s’inscrivent dans une ligne de pensée qui renvoit à une manière de saisir l’instant, d’en tirer ses expressions les plus intimes.
Le public et la critique n’ont pas toujours suivi positivement sa trajectoire, mais force est de souligner qu’ils ont toujours reconnu son talent, sa présence essentielle dans le milieu du cinéma.
Jean-Marc Vallée, c’est la détermination dans tous ses états, c’est ne pas faillir aux moindres faux pas; c’est ne pas se laisser influencer par des critiques irréversibles; c’est foncer droit, tout en sachant qu’on peut se casser la gueule.
De ses 21 réalisations, complétées (ou en cours), on ne citera que C.R.A.Z.Y. (2005), lui ouvrant la voie vers l’étranger. Des lieux qui l’accueillent à bras ouverts pour une raison bien simple : le cinéaste Québécois, tout en déclarant haut et fort souscrire à ses racines, un Québec francophone fier, prend conscience des portes qui peuvent s’ouvrir en tournant ailleurs, particulièrement en mode anglophone. Pour la simple raison qu’au Québec, il est difficile pour les cinéastes ayant fait leurs preuves de tourner de façon régulière, leur donnant l’occasion de poursuivre leur carrière en continuité. Pour une raison qui nous dépasse : cette obsession bien québécoise pour la relève. Pour un pays aussi petit que le Québec, le nombre de nouveaux visages est hallucinant. Les talents déjà confirmés peinent à s’affirmer.
Jean-Marc Vallée, c’est la détermination dans tous ses états, c’est ne pas faillir aux moindres faux pas; c’est ne pas se laisser influencer par des critiques irréversibles; c’est foncer droit, tout en sachant qu’on peut se casser la gueule. C’est prendre des risques dans un milieu où l’audace est essentielle, les paris multiples, les égos omniprésents, les prises de bec inévitables. En somme, une détermination sans failles puisqu’elle les abritent toutes comme s’il s’agissait de qualités intrinsèques.
Encore une fois, il nous quitte à 58 ans. De nouveau, une folle injustice de Dame Nature.