L’événement
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 18 février 2022
SUCCINCTEMENT.
Anne, étudiante prometteuse, tombe enceinte. Elle décide d’avorter, prête à tout pour disposer de son corps et de son avenir.
LE FILM
de la semaine.
CRITIQUE.
★★★★
texte
Élie Castiel
1963, la première moitié des années 60 alors que les traditions se heurtent aux nouvelles orientations d’une jeunesse qui, fort probablement inconsciente, annonce à petits pas un « mai 68 » transformateur. En attendant, hors de Paris où une certaine liberté d’action a toujours dominé, les lieux pourtant plus limitrophes se heurtent à une génération conservatrice d’après-guerre baignée de ce sentiment de procréation. L’avortement ? Plutôt oublier.
Sauf pour Anne, étudiante prometteuse en littérature, qui, se retrouvant enceinte ne tient pas à donner naissance à son enfant, soucieuse de devoir renoncer à sa carrière dans l’enseignement.
Face au sujet, au départ mélodramatique, Audrey Diwan compte surtout sur ce que les rapports entre la caméra, de surcroît , de Laurent Tangy, suggèrent pour rendre crédible cette aventure, sans pathos, ni larmoiements.
Une jeune femme
sans influences
Des touches subtiles, même lorsqu’il s’agit de dénoncer, lorsque la vérité n’est plus occultée. On s’aperçoit que la « fausse » liberté qu’affichait une certaine jeunesse hexagonale (occidentale sans doute) dans ces années transitoires entre un monde et l’autre n’était que pure fantaisie ou un amalgame douteux entre les vieilles valeurs et un Occident qui se transforme, épris d’une liberté d’après-guerre, moment historique encore dans les esprits.
Roman autobiographique d’Annie Ernaux, L’événement est adapté par une Audrey Diwan signant un deuxième long métrage, après l’inédit à Montréal Mais vous êtes fous (2019) où l’on retrouve comme ici, Pio Marmaï.
Pour Anne, Anamaria Vartolomei forge avec une dextérité étonnante un personnage bâti entre l’attrait du doute et l’exubérance de la fermeté. Diwan compte sur elle tout le long de cette sorte de « chemin de Damas », non pas vers une conversion cléricale, mais au contraire ouverte à un nouveau monde intérieur, féminin, une jeune femme optant pour ses propres choix, en quelque sorte, une femme « sans influences ».
En partie pestiférée pour son inconduite « irresponsable », Anne se bat comme une cowgirl solitaire, sans influences aucune, laissant la continuité de son existence uniquement entre ses mains.
On peut également compter sur la présence saisissante d’une Anna Mouglalis étonnante, une sorte de Simone Signoret d’aujourd’hui, par sa voix, ses traits du visage émanant sans doute de ses origines grecques (de son père) qui lui confère un esprit de tragédie. Son personnage de Mme Rivière est empreint (et filmé) avec une distanciation qui tient tout autant du circonspect que de l’assertion. Et comme toujours, une Sandrine Bonnaire, rare de nos jours, mais toujours aussi versatile et ici, campant une Mme Duchesne frileusement aux abois avec un souci du détail.
En partie pestiférée pour son inconduite « irresponsable », Anne se bat comme une cowgirl solitaire, sans influences aucune, laissant la continuité de son existence uniquement entre ses mains.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Audrey Diwan
Scénario
Marcia Romano
Audrey Diwan
D’après le roman d’Annie Ernaux
Direction photo
Laurent Tangy
Montage
Géraldine Mangenot
Musique
Evgueni Galperine
Sacha Galperine
Genre(s)
Chronique
Origine(s)
France
Année : 2021 – Durée : 1 h 40 min
Langue(s)
V.o. : français
L’événement
Dist. [ Contact ] @
Maison 4 :3
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]