Utei.
Récit d’un survivant

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★ ½

texte
Élie Castiel

Ce qu’il faut

pour vivre

La singularité dans Utei réside dans sa simplicité, sa forme horizontale, telle qu’édifiée par son interprète, un Omer St-Onge sincère, farouchement « allumé » par ce désir aujourd’hui avoué de dire les mots, de dévoiler la vérité que tous connaissent, mais qu’on évite, de peur de…! Dans le regard de St-Onge, les yeux paraissent triste, mais d’une tristesse où la mélancolie et la nostalgie s’unissent pour exprimer ce qui est à l’intérieur.

Par respect envers son peuple qui finalement peut respirer, raconter sa tradition, ses mythes, ses légendes et se considérer comme « uni » par les liens sacrés de la survie.

Le caractère autochtone fait désormais partie de la culture québécoise. Aucun pas en arrière, aucune revendication colonialiste. Au contraire, un espace médiatique, social, politique et culturel où les esprits, les têtes pensantes et la ferveur « d’être » ne peuvent plus s’exprimer discrètement, à reculons. L’acte rétrograde ne peut survivre.

Le récit de St-Onge est ainsi construit, fait d’anecdotes enfantines qui rappellent toutes les enfances, des liens familiaux tissés, mais aussi de souvenir ingrats, de sévices sexuels qu’on ne dit pas, mais que finalement on dévoile. Des enfants brisées qui ont vu plusieurs victimes partir, et d’autres s’en sortir.

La transition, la confession, l’art de raconter passe aussi par l’interprétation. C’est-à-dire garder la têtre froide, le corps droit, altier, tout en maintenant un esprit communicatif rassembleur. Pour que l’auditoire ne cesse de s’intéresser à cette histoire orale et morale.

Il y a la mise en scène de Xavier Huard, discrète tout en étant extrinsèque. Au cinéma, on l’a vu dans le rôle du frère Mathieu dans le très beau témoignage, Le club Vinland, de Benoit Pilon. Ici, l’espace scénique est consacré au seul personnage sur scène, Omer St-Onge, jouant lui-même, devenant ainsi une sorte de mise en abyme théâtrale qui non seulement déconstruit agréablement le propos, mais plus que tout, ramène aux origines orales de la tradition. Une tente, un lit de pensionnat, un cadeau de Noël, une toupie qui au rythme de la vie et qui nous rappelle notre propre enfance. Jouet d’autrefois qui revient dans nos mémoires.

Ici, l’espace scénique est consacré au seul personnage sur scène, Omer St-Onge, jouant lui-même, devenant ainsi une sorte de mise en abyme théâtrale qui non seulement déconstruit agréablement le propos, mais plus que tout, ramène aux origines orales de la tradition.

Et pour le spectateur, agréablement interloqué, la possibilité d’avoir assisté à un spectacle court, une seule heure, y compris la très belle complainte que la femme de St-Onge vient entonner sur scène, à l’invitation de son mari.

Le couple s’affirme ainsi, brisant du coup une chaîne de mensonges et de faits néfastes d’un passé outrancier qu’on a fini par oublier. Plutôt mis définitivement de côté pour simplement survivre.

ÉQUIPE PARTIELLE DE CRÉATION
Texte
Omer St-Onge

Mise en scène
Xavier Huard

Interprète
Omer St-Onge

Conception sonore
Étienne Thibeault

Éclairages / Régie
Delphine Rochefort

Production
Les production Menuentakuan

Durée
1 h
[ sans entracte ]

Diffusion @
Monument National
[ Studio Hydro-Québec ]
Jusqu’au 05 mars 2022 / 19 h
Dimanche 06 mars / 15 h

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]