Roméo et Juliette

CRITIQUE.
[ Danse ]

★★★★ ½

texte
Élie Castiel

Pour donner la possibilité à la majorité des danseuses et des danseurs du corps de Ballet, les interprètes changent selon la journée de représentation. Ce soir de Première, Kiara DeNae Felder et Hamilton Nieh campent une Juliette et un Roméo impeccables, notamment dans le sprint final que tout le monde connaît et attend avec fébrilité. Sens de la sens, comme c’est tout à fait naturel, mais aussi et surtout de la dramaturgie, tous deux investis dans leur personnage. Tout en soulignant leur pas de deux transcendant.

Le tragique a

toujours raison

Puisque cela relève du travail d’Ivan Cavallari, juxtaposant les origines théâtrales de l’œuvre et ballet. Ici, ces deux disciplines artistiques s’enchevêtrent l’une à l’autre pour constituer une sorte « d’opéra dansé ».

Le rythme, la cadence, les correspondances physiques entre les danseurs, leurs rapprochements essentiels selon l’oeuve de Shakespeare sont constamment sentis. Ce mélange de disciplines nous laisse pantois. Ça faisait des lustres qui, pour des raisons qui m’échappent, je n’avais pas été convié aux spectacles des Grands Ballets.

Kiara DeNae Felder (Juliette) et Hamilton Nieh (Roméo). Une symbiose amoureuse.
Crédit : Sasha Onyshchenko

Magnifiques retrouvailles que j’espère régulières. Je constate que le corps de ballet est constitué de danseurs et danseuses de plus en plus jeunes et toutes/tous manifestent un goût pour l’athlétisme sophistiqué. Air du temps sans doute? Le récit ordonne des mouvements de groupe, solidement mis en évidence par un Cavallari qui semble totalement épris de cette partition classique.

Soulignons que la chorégraphie est modernisée, de son époque. Le classique et la danse moderne semble se frayer ensemble un passe conciliateur – même si quelques détails pourraient être évités, comme ces chevaux et petit chiens de paille pas tout à fait attrayants et un autre très court moment que je ne dévoilerai pas. Mais bon!

On connaît la fin. Celle que nous avons vue demeure d’un romantisme à fleur de peau. Le tragique de ces instants où l’amour ne peut durer que dans la finitude se perd dans la nuit des temps.

Un crédit hautement mérité à Vanessa G.R. Montoya (Lady Capulet). Sa performance se fait sentir chaque fois qu’elle apparaît sur scène. Un esprit de révolte, d’auto-détermination, le simple plaisir de danser.

Sergueï Prokofiev illumine le moment, adoucit les mœurs, transforme soudainement la partition musicale en rythme accéléré, le morceau le plus connu, donnant aux interprètes le soin de transformer la scène, totalement occupée, en un récit d’amour éternel qui se bat contre l’oppresseur. Relevant courageusement les défis.

On connaît la fin. Celle que nous avons vue demeure d’un romantisme à fleur de peau. Le tragique de ces instants où l’amour ne peut durer que dans la finitude se perd dans la nuit des temps.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Musique
Sergueï Prokofiev

Chorégraphie
Ivan Cavallari

Interprètes
Corps de ballet des Grands ballets

Éclairages
Marc Parent

Costumes
Ivan Cavallari

Crédit : Sasha Onyshchenko

Durée
2 h 20

[ Avec entracte ]

Production
Les Grands Ballets

Diffusion @
Place des arts
[ Salle Wilfrid-Pelletier ]
Jusqu’au 27 mars 2022
[ Interprètes selon la journée ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]