Schechter et Salem
Critique
DANSE
Élie Castiel
★★★ ½
DIALOGUE SUBREPTICEMENT FRUCTUEUX
Toutes deux et un des chorégraphes, sont de la même ville : Jérusalem. Le chorégraphe est Juif. Les danseuses-interprètes, musulmanes. Un courage tenace et audacieux pour dialoguer par le biais de l’art et du geste. Deux courtes pièces sur la condition de la femme musulmane à Jérusalem, ou plutôt en Palestine.
Un walkman, un appareil photo, quelques autres petits objets qui représentent une réalité devenue banale dans le territoire social et politique dont il est question. De la musique, à peine quelques brèves secondes, mais surtout une magnifique chanson algérienne et un dialogue entre mère et fille par cellulaire, instantané, pudique; pour amadouer le geste, pour ne pas éterniser le moment. Des mouvements emprunts de la danse post-moderne, celle qui s’inscrit dans une autre réalité ayant pour mission l’engagement à la fois démocratique et activiste. Le masbaha (chapelet arabe) que nous montre Ziad Taha n’évoque en rien les rituels religieux, mais s’infiltre plutôt dans la couleur des vêtements évoquant le drapeau palestinien. Le message est lumineux.
C’est ainsi que se présente Premiere. Au total, 27 minutes errantes, dispersées, et si proches des spectateurs qui échangent avec la notion du temps puisqu’ils sont tenus de témoigner de la performance en ajustant leur regard autant qu’en réfléchissant sur ce qui se passe vraiment sur scène. Rand Ziad Taha possède le look de la nouvelle femme moyen-orientale, entière, sensuelle, se servant de la chorégraphie de Schechter comme s’il s’agissait d’un geste aussi politique qu’interventionniste, voire même anodin car il fait surtout partie de l’accoutumé.
Avec Parallel, Hala Salem rejoint Ziad Taha. Chorégraphe et co-participante-danseuse, elle se rapproche plus de la danse moderne en ce qui a trait aux mouvements et à ce qu’ils représentent dans un contexte artistique actuel.
Deux pièces chorégraphiques inspirantes, inspirées, annonçant que la réconciliation tant souhaitée est sans doute du royaume des possibles, mais seulement avec l’art comme armure.
Comme l’indique la brochure de la soirée, il est effectivement question, ici, de violence, celle que doit endurer la femme dans ce territoire géographique particulier. Et puis un volte-face en ce qui a trait à la tradition du mariage, où l’homme semble le plus sacralisé, au détriment de la femme. Paradoxalement, ne chanson fait part de cette réalité. Les gestes des danseuses s’apparentent souvent à des chorégraphies de combat. L’espace scénique est vécu horizontalement, épousant autant les possibilités qu’il offre que servant d’arbitre dans un combat des sexes, même si l’homme est totalement absent.
Deux pièces chorégraphiques inspirantes, inspirées, annonçant que la réconciliation tant souhaitée est sans doute du royaume des possibles, mais seulement avec l’art comme armure.
ÉQUIPE DE CRÉATION
< Premiere >
Chorégraphie
Elad Schechter
Interprète
Rand Ziad Taha
Éclairages
Daniel Yehuda Spector
Musique
Yuma
Production
C.T.A.M.O.N Dance Group in Jerusalem
Durée
27 minutes
—
< Parallel >
Chorégraphie
Hala Salem
Interprètes
Rand Ziad Taha
Hala Salem
Dramaturgie
Shaden Abu-Elasal
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Éclairages
Daniel Yehuda Spector
Musique
Habiba
Production
C.T.A.M.O.N Dance Group in Jerusalem
Durée
25 minutes
Représentations
Jusqu’au 20 octobre 2019
Tangente
[Espace Vert]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]
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