Purgatory

SUCCINCTEMENT.
Sept histoires différentes sur l’amour dans la Grèce d’aujourd’hui.

CRITIQUE.
[ Découverte ]

★★★★

texte
Élie Castiel

Signes

évidents

de

détresse

affective

Qu’il s’agisse de Lines / Grammés (2017) ou encore de Exile / Exoría (2019), les titres des films du cinéaste Grec Vassilis Mazomenos reposent sur des mots-clefs, comme c’est le cas de sa nouvelle réalisation, Purgatory / Purgatoire (Kathartírio); une façon comme une autre de donner au qualificatif toute sa signification narrative. À ce propos, nous sommes en droit de nous questionner sur ce qui végète dans la tête de ce réalisateur iconoclaste qui a décidé de tourner le dos, non seulement au cinéma grand public (qui n’existe pratiquement pas, de nos jours, en Grèce), mais surtout de défier les différentes chapelles existantes au pays pour, finalement, produire une œuvre autre, personnelle, s’écartant de toutes les écoles de pensée possibles.

Force est de souligner que sur ce plan, les cinéastes grecs, dont, et c’est bien dommage, les femmes ne constituent qu’une infime partie, sont parmi les plus individualistes en Europe, étalant leurs propres problèmes, leurs fantasmes dans leur vision du monde et particulièrement de leur pays. Idem pour Mazomemos qui, faut-il le souligner, est plus accessible dans ce nouvel opus, plus proche à définir les traits de caractère des personnages (fort compliqués, comme toujours) avec beaucoup plus de fluidité, inventant des situations qui relèvent de la métaphore ou du sous-entendu avec un peu plus de cohérence et plus que tout, ayant recours aux différents chapitres (id. dans Grammés).

Purgatory.
Déconstruire les codes de l’hellénisme classique.

Entre eux, un dénominateur commun : le facteur amour, procurant inévitablement une crise existentielle faisant parfois référence au poète classique, Dante, le modernisant. Comme tout Grec qui se respecte, la tragédie règne dans le cinéma de ce cinéaste singulier qui persiste avec une détermination étonnante son parcours où la mélancolie laisse sa place au désespoir.

On ne dévoilera pas les détails de chaque partie, mais il est, entre autres, question de la COVID-19 (impossible de l’éviter), du rôle de l’Église orthodoxe qui refuse de suivre les règles sanitaires, d’un couple, dont l’homme (un policier) a recours aux sites Internet faute de rapports harmonieux avec sa conjointe.

Le film n’est pas de tout repos, au contraire, mais avec sa turbulente détermination, son enthousiasme conquérant visant à forger un cinéma inhabituel dans un environnement cinématographique mondiale qui, depuis les divers confinements, remet en question ses codes de production et de réalisation, Vassilis Mazomenos persiste et signe.

Des chapitres, certes, mais plus précisément des « tableaux » puisque la caméra de Fotis Mitsis, un habitué des vidéoclips, s’initie au travail de peintre. Le plan, fixe, évitant le panoramique, n’est plus atteint par l’objectif de la caméra, mais par un pinceau illusoire qui invente  des « images sans mouvement » procurant du même coup une étrange sensation de plénitude entreprenante, bien particulière. Impossible de demeurer indifférent au regard de cette femme tenant l’urne funéraire de son mari. La blancheur de l’arrière-plan contraste avec le côté sombre de l’éplorée. Deux plans en un, comme enchevêtrés l’un dans l’autre.

Envisager des références cinéphiliques.
Il deserto rosso, de Michelango Antonioni.

La ville dans Purgatory souffre, se démène, n’échappe pas au tragique. Elle est présenté dans comme dans un espace désert – évoquant certains plans fugitifs dans Désert rouge (Il deserto rosso) d’Antonioni. À la toute fin, digne du grand Theo Angelopoulos, surtout par sa narration elliptique, propose deux mouvements parallèles, le chant de quelques jeunes filles lançant des promesses d’un meilleur futur et la souffrance d’un homme face à la mort de son meilleur ami, reposant inerte près de lui (sans aucun doute son « amant », bien que le cinéma grec se refuse encore de se prononcer sur cette question).

Le film n’est pas de tout repos, au contraire, mais avec sa turbulente détermination, son enthousiasme conquérant visant à forger un cinéma inhabituel dans un environnement cinématographique mondiale qui, depuis les divers confinements, remet en question ses codes de production et de réalisation, Vassilis Mazomenos persiste et signe.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Vassilis Mazomenos

Scénario
Vassilis Mazomenos
Vassilis Goudelis

Direction photo
Fotis Mitsis

.Montage
Alexander Christaras
Evi Loi

Son
Costas Chrysogelos

Musique
Alexander Christaras
Michalis Nivolianitis

Vassilis Mazomenos.
La caméra comme détecteur de mouvement

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Grèce

Année : 2022 – Durée : 1 h 35 min

Langue(s)
V.o. : grec; s.-t.a. / s.-t.f.
Purgatoire
Kathartírio

Dist. [ Contact ] @
[ Horme Pictures ]

Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]