Un bon patron

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 02 septembre 2022

SUCCINCTEMENT.
À la veille de recevoir un prix censé honorer son entreprise, Juan Blanco, héritier de l’ancestrale fabrique familiale de balances, doit d’urgence sauver la boîte. Va-t-il s’y prendre de la bonne façon?

COUP de ❤️
de la semaine.

CRITIQUE.
★★★★ ½

texte
Élie Castiel

Fernando León de Aranoa, réalisateur.
L’œil sournois.

Des vents contraires

Disons-le tout de go : Javier Bardem est un excellent comédien; ici, il dépasse de loin nos attentes, s’incruste corps et âme dans un rôle qui lui va comme un gant, opère adroitement les divers registres que lui impose un personnage casse-gueule. Il ajuste sa stature corporelle à l’instar des grands dirigeants du monde des affaires, se complaît en fier chevalier de cette entreprise familiale.

Pour rendre cette critique-satire-allégorie du capitalisme traditionnel, un metteur en scène aguerri dont on se souviendra de son majestueux Los lunes al sol (2002 – Les lundis au soleil / Mondays in the Sun) ou encore de l’exigeant Princesas (2005 – Princesses) et plus récemment du hollywoodien A Perfect Day (2015 – Un jour comme un autre / Un día perfecto). Un sens inné de la mise en scène, du repérage des lieux à l’intérieur desquels les comportement des personnages affichent leur forces et leurs faiblesses.

Une Espagne changeante chargée de quelques soubresauts du passé. Il est question de la place de l’Homme et de la Femme dans le monde du travail; de son insertion, des rapports entre eux, mais aussi avec le patronat, ici « le » patron, un homme « bon », qui se comporte en « bon » et l’est sans doute, inconscient qu’il n’est que la copie conforme de sans aucun doute la plupart des patrons.

L’émeutier qui réagit seul, à l’enceinte de la manufacture est en quelque sorte la métaphore de ce que représente la fidélité envers les amis de (très) longue date, même si les choses ont changé. Mais bien plus, l’amitié à l’ancienne, celle du début jusqu’au milieu du siècle dernier, de l’après-guerre. Jusqu’à ce que les affres, notamment économiques, de la mondialisation viennent imposer leur vrai visage.

Dans une entreprise familiale, tout le monde il est beau,
tout le monde il est gentil, même le « bon » patron.

L’un des films les plus intéressants de l’année puisque tout en nous divertissant (dialogues, situations parfois cocasses et autres ingrédients narratifs) nous oblige à faire face à une réalité que nous préférons ignorer. Découvrez-la.

Les classes sociales n’existent plus. Du moins en apparence. Car les différences, elles, se manifestent autrement qu’auparavant. Insidieusement, hypocritement. Mais plus encore, ces classes sont celles qui divisent les « fortunés » (le plus souvent par chance) des moins nantis (qui n’ont pas eu la chance de s’émanciper dans un contexte essentiellement économique).

Dans Un bon patron, les vents tournent dans tous les sens, selon l’endroit et la situation où l’on se trouve. Il suffit de reconnaître adroitement les flux et reflux de ces brises souvent contraires et de s’adapter.

La Femme éduquée, si l’on en croit par le film (et le roman) affiche son indépendance, sociale, économique, sexuelle, gardant ainsi sa féminité légendaire, personnellement et comme pourvoir de séduction, son doit aux grands postes. Et comme nous l’indique l’une des plus belles séquences du film (dans la demeure du « bon patron ») déploie ses arguments persuassifs dans l’art de la négociation que les Hommes, eux, ne peuvent pas se permettre.

Mais en fin de compte, que l’on soit d’une classe ou d’une autre, chacun cherche son propre intérêt, laissant derrière soi tout semblant de fierté, d’orgueil, de rapport au monde. L’argent domine le monde. Enfin !, non. Plutôt la lutte pour la survie… même si cette survie, on tient à ce qu’elle soit la plus rondelette possible.

Dans Un bon patron, les vents tournent dans tous les sens, selon l’endroit et la situation où l’on se trouve. Il suffit de reconnaître adroitement les flux et reflux de ces brises souvent contraires et de s’adapter.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Fernando León de Aranoa

Scénario
Fernando León de Aranoa

Direction photo
Pau Esteve Birba

Montage
Vanessa Marimbert

Musique
Zeltia Montes

Genre(s)
Comédie dramatique

Origine(s)
Espagne

Année : 2021 – Durée : 1 h 56 min

Langue(s)
V.o. : espagnol; s.-t.a. / s.-t.f.

The Good Boss
El buen patrón

Dist. [ Contact ] @
Métropole Films

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Musée
Cinéma du Parc

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]