Hofesh Shechter Company.
Double Murder

Cet

inlassable

appétence

à

séduire

Retour à Danse Danse du chorégraphe israélien Hofesh Shechter. Il a fait partie de la Batsheva Dance Company dans son pays; installé au Royaume-Uni depuis 2002, il poursuit une carrière fulgurante qui le conduit un peu partout à travers le monde et montre ses créations dans plusieurs compagnies chorégraphique réputées.
Pour cette nouvelle première, un petit avant-goût charmant, savoureux, ludique, une petite offrande aux spectateurs avec une déconstruction du French Cancan, sur la célèbre musique de Jacques Offenbach.
Suivent, séparées par un entracte, les deux pièces de résistance que constitue Double Murder.

CRITIQUE.
[ Danse ]

texte
Élie Castiel

Clowns – [ ★★★★ ]
Une série de mouvements qui, a priori, peuvent sembler répétitifs, mais à mesure que les corps s’emballent, que la musique signée Shechter lui-même offre de multiples variations, une sorte de magie contagieuse, nourrie également par l’extraordinaire jeu de lumières de Lee Curran (avec l’aide de Richard Godin), participant de ce rapport entre la forme et le fond.

Force est de signaler qu’en quelque sorte, l’expérience de Shechter à la Batsheva, notamment dans sa relation au folklore israélien se laisse entrevoir indirectement, en filigrane, quasi indiciblement. Comme quelque chose d’instinctif, de naturel. La dizaine d’interprètes, entre la relation à l’autre, son rapport à soi, ses soudaines prises de conscience commune apportent un discours social que le chorégraphe souligne à haute tension. Comme si le long confinement pandémique lui avait administré une forte dose de créativité. C’est sans doute ce qui est arrivé à de nombreux artistes, quels que soient leurs modes d’expression.

Rarement chorégraphie et musique ne furent aussi proche l’une de l’autre. Jamais n’auront-elles été dans un état aussi élevé d’harmonie, de voix puissante, de corrélation. Le choc est intensément immédiat, la sensation intentionnellement incontrôlable.

Entre la sérénité et l’emportement, entre le calme et la tempête, entre une vision interrogative du monde et la possibilité de renouer avec une humanité tant convoitée, le Clowns de Hofesh Shechter n’est après tout que le témoignage d’un grand chorégraphe qui, à travers danse et théâtralité, divulgue au monde ses plus intimes préoccupations.

The Fix [ ★★★★ ]
Disons-le tout de go. Avant tout, la musique de Pierre Besusan, version instrumentale du Roi Renaud, embrase la scène, jette son dévolu sur les danseuses et danseurs en inspirant leurs revendications vers un retour à une humanité partagée, particulièrement en ce moment où les individualités sont de plus en plus monnaie courante. Justement, la finale, d’une originalité presque transgressive, qu’on ne vous révélera pas, appuie dignement, avec une noblesse sans nom, cette déclaration (en anglais, statement est plus convaincant) issue de l’imagination de Shechter. Franchement, très émouvant.

Le compositeur, Juif sépharade originaire d’Algérie, se démarque particulièrement par ses influences; l’artiste revendique ouvertement ses références à tous ces Ry Cooder, Joan Baez,  Jimi Hendrix,  Paco de Lucía, Pat Metheny et Django Reinhardt de ce monde. C’est important de le savoir.

The Fix ou la célébration du rituel, mais aussi du non-dit, de l’indicible revigoré, de la transcendance qui sépare le spectacle de la vie de tous les jours. C’est après tout son rôle que de transcender le réel. Les corps se séparent, se rapprochent, renouvellent les formes de la danse contemporaine, mais finalement sentent le besoin de cette unité, oubliant presque leur présence scénique.

Jamais chorégraphie et musique ne furent aussi proche l’une de l’autre. Jamais n’auront-elles été dans un état aussi élevé d’harmonie, de voix puissante, de corrélation. Avec ses deux chorégraphies, Hofesh Shechter illustre ludiquement, de façon bouleversante aussi, avec une insistance appuyée, ce désir incalculable de séduire.

Le choc est intensément immédiat, la sensation intentionnellement incontrôlable.

Interprètes
Robinson Cassarino, Frédéric Despierre,
Rachel Fallon, Emma Farnell-Watson, Mickaël Frappat
Natalia Gabrielczyk, Charles Heinrich
Yen Kim, Juliette Valerio, Zunnur Zhafirah

Durée
1 h 35 min

[ Avec entracte ]

Diffusion & Billets @
Place des arts
[ Théâtre Maisonneuve ]
Jusqu’au 5 novembre 2022

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]