Ismaël Mouaraki
Transes
CRITIQUE.
[ Danse ]
★★★★
texte
Élie Castiel
Impossible d’y échapper. La musique inscrite dans Le sacre de Lila, sublime spectacle chorégraphique du franco-marocain Ismaël Mouaraki reflète une tradition millénaire qui se base sur la musique Gnawa, dont les fondements sont d’origine islamo-judaïque, deux pensées sémites où le rituel, le facteur superstitieux, les codes, sa véritable signification se perdent dans la nuit des temps.
Musique entraînante qui libère le corps, la pensée, métaphoriquement les fluides corporels, l’esprit. Le corps ne répond plus de rien. C’est une situation où la transe prend le dessus et plus rien ne subsiste.
Pour les besoins du spectacle, Mouaraki érotise la chorégraphie. Aujourd’hui, les interdits, du moins ici, à Montréal, s’affichent, réclament leurs revendications. Les danseurs, une dizaine de jeunes hommes d’origine québécoise et marocaine se substituent à ce rituel où les couples s’enlacent et s’entrelacent, s’allient et se désunissent en un rituel hors du commun. Le face à face est rapproché, quasi incestueux. L’homoérotisme et présent, affiché, désinvolte. Les pirouettes ne sont plus nécessaires.
Si entre femmes, la distance corporelle est le plus souvent écartée, acceptable dans nos sociétés, entre « hommes », il faut passer par quatre chemins. Mouaraki ose, se réclame d’une nouvelle école de pensée. Chorégraphiquement, il invente des formes, se soumet à des structures aussi étudiées que jubilatoire. Dès les premiers gestes, Le sacre de Lila repose sur l’idée de circularité.
Pour les besoins du spectacle, Mouaraki érotise la chorégraphie. Aujourd’hui, les interdits, du moins ici, à Montréal, s’affichent, réclament leurs revendications.
C’est ainsi que ce poursuivra cet hommage que rend le chorégraphe à ses racines millénaires. Le cercle prend les couleurs de la terre. Les danseurs plongent à tour de rôle, conscient, se donnant entièrement.
Transes (Alhalou), le documentaire du marocain Ahmed El Maanouni est disponible gratuitement sur YouTube. Le film retrace le parcours du groupe marocain des années 1980, Nass El Ghiwane, fortement influencé par la musique Gnawa et peut servir de tremplin pour apprécier ce Sacre de Lila à sa juste valeur.
FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
Chorégraphie
Ismaël Mouaraki
(@ Destins Croisés)
Interprètes
Alexandre Wilhelm, Danny Morissette
Etienne Leonard Benoit, Gabriel Jobin
Léo Coupal-Lafleur, Rodrigo Alvarenga-Bonilla
Ayoub Hattab, Soufiane Faouzi Mrani
Yassine Khyar, Faissal El Assia
Musique
Antoine Berthiaume
en collaboration avec Katia Makdissi-Warren
Éclairages
Rodolphe St-Arneault
Scénographie & Costumes
Marilène Bastien
Production
Agora de la danse
Compagnie Okto Echo
Archipel
Fonds franco-québécois pour
la coopération décentralisée
Durée
1 h
[ Sans entracte ]
Diffusion & Billets @
Agora
Jusqu’au 26 novembre 2022
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]