Nostalgia

CRITIQUE
[ Découverte. ]

texte
Luc Chaput

 

Un prêtre, devant la porte d’entrée de sa basilique, fait un discours pour dénoncer une autre mort violente dans ce quartier napolitain.

La mort en ce quartier

Mario Martone, devenu célèbre il y a trente ans déjà pour Mort d’un mathématicien napolitain (Morte di un matematico napoletano), revient dans un rione pauvre de Naples. Il adapte, avec son épouse Ippolita Di Majo, le roman éponyme d’Ermanno Rea – Felice a quitté, il y a quarante ans, ce voisinage pour des raisons troubles et revient voir sa mère. Il a changé de diverses manières. Son italien est devenu plus incertain.

La mise en scène de Martone, après des séquences aérées, souligne les hauts murs aveugles du quartier et les réactions des gens qui épient les allées et venues avant de refermer précipitamment les rideaux.

La mauvaise situation de l’appartement exigu de sa mère désole Felice qui s’occupe avec une piété toute filiale de Teresa, cette vieille dame aveugle, interprétée avec dignité par Aurora Quattrocchi. Le bain donné par Felice à celle-ci par l’accumulation de gestes compatissants constitue une représentation visible d’une sollicitude transmise et peut-être maintenant en friche. Pierfrancesco Favino, en ce moment et dans tous les autres de ce périple mémoriel, reconfirme, si besoin est, la profondeur de ce talent célébré déjà pour Le traître (Il traditore) de Marco Bellocchio.

Loin de la foule, un discours existentiel qui pourrait mener quelque part.

La direction photo de Paolo Carrera, en format cinémascope, accompagne Felice dans sa redécouverte de son quartier d’origine dans lequel il a passé son enfance et son adolescence. Des moments filmés en super 16 en format carré illustrent ces courses vers les ailleurs et les plages si proches et pourtant si lointaines. La construction labyrinthique du scénario amène le protagoniste dans les catacombes, le cimetière souterrain et sous le pont qui surplombe ce lieu enclavé. Dans la basilique et sur les toits de celle-ci, Felice connaît de mieux en mieux le prêtre Luigi, animateur social qui tente de redonner aux jeunes surtout un espoir loin des rets de la Camorra. Les projets et actions de ce fils prodigue se heurtent de façon oblique puis frontale aux volontés d’Oreste, sbire vicinal qui veut garder main basse sur La Sanità.

Loin de la réalisation flamboyante de Paolo Sorrentino qui, dans La Main de Dieu (È stata la mano di Dio), décrivait un autre Naples plus joyeux, ce film noir de Martone constitue un jalon important du programme Retour en Italie, diffusé au Cinéma du Musée.

Loin de la réalisation flamboyante de Paolo Sorrentino qui, dans La Main de Dieu (È stata la mano di Dio), décrivait un autre Naples plus joyeux, ce film noir de Martone constitue un jalon important du programme Retour en Italie, diffusé au Cinéma du Musée. L’Institut culturel italien de Montréal l’a mis en place, continuant sur des bases différentes, les semaines du cinéma italien présentées naguère par Jean Gili à la Cinémathèque québécoise.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Mario Martone

Origine(s)
Italie

France

Année : 2022 – Durée : 1 h 57 min
Langue(s)
V.o. : italien; s.-t.a.

Nostalgia

Diffusion @
Cinéma du Musée
 [ Jeudi 02 mars 2023 seulement ]

 

Classement (suggéré)
Visa GÉNÉRAL

[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]