Migraaaants

Critique
SCÈNE

Élie Castiel

★★★ ½

PARTIR SANS REVENIR

Nous n’avons pas pu assister à la Première médiatique, ce qui explique notre grand retard à voir cette pièce d’une grande portée sociale et politique dont l’originalité repose principalement sur le jeu des comédiennes et des comédiens. Cinq personnages en quête d’auteur et qui finissent par trouver plutôt une metteure en scène qui, malgré la confusion d’un texte qui se cherche sans cesse malgré de bonnes intentions, trouve le moyen d’afficher sa connaissance de l’espace scénique et sa directions d’acteurs.

On ne dit plus les immigrants, mais les migrants, pour les situer dans un contexte de mondialisation géographique. C’est bien ça, géographique car ce phénomène, dans ses discussions avec les différents états, n’a pas encore fini de négocier le culturel et encore plus le démographique.

Sur ce point, le texte du Roumain Mateï Visniec choisit la bonne voie pour l’expliquer, mais les phrases, parfois bancales, se perdent dans des sophistications et des métaphores propres aux écrits des pays de l’Est, ces territoires balkaniques dont la pensée, au contraire de celle cartésienne, par exemple des Français, unissent souvent dangereusement émotion et réflexion. Il faut avoir une pensée d’écriture extraordinaire pour y parvenir convenablement.

Les comédiennes et les comédiens dans Migraaaants (Crédit : Prospero)

Quoi qu’il en soit, dans Migraaaants, Herrera Dominguez s’en sort admirablement bien. Elles s’assurent que ses personnages, surréalistes, se jettent à corps perdu, s’approchent d’un public québécois (sur ce point, il n’était pas nécessaire puisque la pièce est universaliste) et mine de rien, assume sa condition de metteure en scène intimiste, et plus que tout interventionniste, politisée.

Sans compter qu’elle donne aux acteurs émergents de la diversité l’occasion de se produire professionnellement sur une scène professionnelle.Idem pour les artistes techniques. Très bon utilisation de l’éclairage et un décor, simple mais haut en signification. Sur ce point, les choses changent lentement au Québec. Il est temps que ça aille plus vite et que le diverses origines de la population soit représentées dans les manifestations culturelles (et pourquoi pas, dans les médias).

Et pourquoi tant de « a » dans Migraaaants. Pour la simple raison que le cri d’alarme et de désespoir ne s’arrête point.

ÉQUIPE DE CRÉATION
 Texte
Mateï Visniec
Mise en scène
Margardita Herrea Dominguez
Assistance à la mise en scène
Ximena Ferrer
Installation scénographique
Claudia Bernal
Éclairages
Raul Herrera
Vidéo
Julien Blais
Son
Ian Alexandre

Costumes
Manon Guiraud
Distribution
Luiza Cocora, Sébastien Dodge
Mohsen El Gharbi, Sasha Samar
Lesly Velázquez

Durée
1 h 15

(Sans entracte)
Représentations
 Jusqu’au 30 novembre 2019

Prospero
(Salle intime)

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]