Waves

Semaine 49
du Ven 6 au Jeu 12 déc 2019

EN QUELQUES MOTS
Le parcours d’une famille de banlieue afro-américaine dirigée par un père bien intentionné mais dominateur.

Primeur
Coup de cœur
  de la semaine

Élie Castiel

★★★★ 

LIENS CONSANGUINS

Tout d’abord, trois courts sujets et avec Waves, un troisième long métrage, son plus maîtrisé. Une énergie diaphane, une mise en scène élégante en dépit de la gravité du sujet. Un récit familial tragique baigné de diverses atmosphères selon les circonstances. Plus imprégné d’authenticité que de légèreté, de pathos excessif.

Comme si pour Trey Edward Shults, le nouveau prodige du cinéma américain, filmer ne serait pas simplement le fait d’enregistrer une suite de scènes, mais un dispositif technique consistant à transcender le réel, à le métamorphoser en quelque chose de liturgique, comme un acte de foi.

Dans un sens, Waves évoque dans toutes ses séquences cette notion selon laquelle le plan possède sa propre morale et par défaut, rejoint les grands noms du cinéma. Et pourtant, et c’est tant mieux, il s’agit d’un film grand public, où les fils conducteurs de cette histoire écorchée se détachent par moments pour mieux encore se renouer. Comme la vie.

Un deuil : pour une famille, la perte d’un être cher ; pour l’autre, voir le fils en prison pour un acte irréversible non prémédité. Effectivement, Waves est le contraire du drame passionnel. Il s’agit de la catastrophe survenue par le fruit du hasard. Comme ça, comme si le destin était de la partie sans qu’on ne puisse rien faire.

… un scénario en béton, où aucune parole n’est superflue, redondante, poussant pour ainsi dire le spectateur à observer et à s’imprégner de cette atmosphère, quoique tragique, ouverte à des horizons de réconciliation. Nul doute qu’avec Waves, Trey Edward Shults appartient aux rares jeunes créateurs humanistes. On ne peut guère se tromper : c’est là un des plus beaux films américains de l’année.

Ce rapport au mystique (et non pas au superstitieux), Shultz le contrôle avec une maîtrise étonnante dans la mise en situations. Des moments de silences qui veulent tout dire. Quelques émotions à fleur de peau et une prise en charge formelle et en même temps sophistiquée parce que simple et sincère.

La direction d’acteurs se distinguent par ce rapport qui existe entre les rôles déterminés et les interprètes. Comme un jeu qui consiste à se mettre dans la peau  de celle ou de celui qu’on n’est pas. Se l’approprier au nom du cinéma, comme au théâtre. L’art de la représentation prend ici tout son sens, permettant à tous les participants de se donner corps et âme, quasi littéralement parlant. Il y l’histoire à lui et ensuite celle à elle. Deux parties qui se juxtaposent adroitement pour une finale d’une puissance éclatante.

Un acteur né, Kelvin Harrison Jr. (vu dans le magnétique Luce) et la jeune Taylor Russell, d’une pudeur qui lui permet ces moments de grâce cinématographiques. Et plus que tout, un scénario en béton, où aucune parole n’est superflue, redondante, poussant pour ainsi dire le spectateur à observer et à s’imprégner de cette atmosphère, quoique tragique, ouverte à des horizons de réconciliation. Nul doute qu’avec Waves, Trey Edward Shults appartient aux rares jeunes créateurs humanistes. On ne peut guère se tromper : c’est là un des plus beaux films américains de l’année.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Sortie

Ven 6 déc 2019

Réal.
Trey Edward Shults
Genre(s)
Drame

Origine(s)
États-Unis
Année
 : 2019 – Durée : 2 h 16
Langue(s)
V.o. : anglais ; s.-t.f.

Vagues

Dist. @
Entract Films
Classement
Interdit aux moins de 13 ans

En salle(s) @
Cinéma du Parc
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]