Les derniers vilains

Semaine 49
du Ven 6 au Jeu 12 déc 2019

EN QUELQUES MOTS
Seul survivant de la dynastie des lutteurs Vachon, Paul, dit « The Butcher », se remémore sa gloire passée, alors que lui, son frère Maurice « Mad Dog », sa sœur Vivianne et sa fille Luna jouaient les rôles de vilains dans l’arène.

Primeur
  Critique

Élie Castiel

★★★★

LES GLADIATEURS

 C’est émouvant, nostalgique, empreint de mélancolie, renvoyant à une époque révolue, un Québec différent, moins cynique, plus rassembleur et collectif, proche de ses mythes populaires lui procurant une certaine identité nationale ; si politique, sans doute latente dans l’esprit.

L’arène, pour la lutte, comme une histoire de gladiateurs qui se perd dans la nuit des temps. Paul « The Butcher » Vachon ne s’adresse pas autant que Québécois, mais comme « Canadien ». En parallèle avec le récit d’une famille de lutteurs, c’est le processus de politisation d’un pays qui commence à germer, de façon latente, en filigrane. Début des années 1960, bien avant l’Expo 67, une histoire de colonisation (anglophone) qu’on vit résignés ; et comme exutoire, le simple fait de s’inventer des légendes, des mythes, des histoires toutes faites de réussites et surtout de défaites, des possibilités le plus souvent avortées de succès dans un Montréal fortement anglicisé.

C’est de cela que parle aussi le film de Rinfret, en filigrane, prenant le spectateur québécois d’aujourd’hui comme un érudit de sa propre histoire. Rinfret, en toute connaissance de cause, n’est pas dupe, conservant un respect envers les témoins de ses images.

La réussite du film repose dans sa proposition : miser sur un sujet en or en le présentant à un public qui connaît parfaitement bien toute cette histoire. Plusieurs lectures sont proposées, comme celle s’adressant aux néophytes ou à ceux et celles qui n’ont jamais été interessé.es par cette discipline. Peu importe. Paul Vachon est la principale vedette de ce documentaire quasi-fiction qui ne recule devant rien pour assumer sa condition.

Rassembleur aussi que Les derniers vilains, puisque ludique, se prenant également au sérieux car la vie du survivant, Paul Vachon, octogénaire et Canadien dans l’âme, est une histoire, depuis sa retraite, d’errance, sans doute comme un refus de voir tous ces  bouleversements politiques qui ont changé la trajectoire québécoise. Comme si cette existence « On the road » appartenait à ceux et celles qui s’interdisent de se soustraire aux mouvances incontournables de l’Histoire, quelle que soit leur allégeance politique.

Et puis une mise en scène, littéralement caressante, dont un des principaux atouts est l’illustration de dessins qui évoquent la bande dessinée et un bouquin ressemblant à un « livre de la vie », commenté par la voix virile, ferme, déterminée et dans le même temps patiente et  délicieusement gutturale de Roger Léger.

La réussite du film repose dans sa proposition : miser sur un sujet en or en le présentant à un public qui connaît parfaitement bien toute cette histoire. Plusieurs lectures sont proposées, comme celle s’adressant aux néophytes ou à ceux et celles qui n’ont jamais été interessé.es par cette discipline. Peu importe. Paul Vachon est la principale vedette de ce documentaire quasi-fiction qui ne recule devant rien pour assumer sa condition.

 

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Sortie

Ven 6 déc 2019

Réal.
Thomas Rinfret

Genre(s)
Documentaire biographique
Origine(s)
Canada [ Québec ]

Année : 2019 – Durée : 1 h 34
Langue(s)
V.o. : français

Mad Dog & The Butcher : Les derniers vilains

Dist. @
Spira
Classement
Tous publics
En salle(s) @
Cinéma Beaubien

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]