Makeup

NUMÉRIQUE
Sortie
Mardi 27 juin 2023

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

Être soi-même…

pour le reste,

on verra

Une nouvelle voix/voie dans le cinéma LGBT, le plus souvent confiné aux sorties numériques, le cinéma traditionnel étant trop frileux pour lui donner du temps-écran.

Peu importe. Hugo André affiche sa différence avec une attitude démesurée, comme le personnage (Sacha) qu’il incarne dans le film. Il immisce son altérité  en termes de rapport à l’image, parfois soulignée de plans moyens, évitant le gros plan, proclamant que le cinéma queer se doit de suivre des codes précis de mise en scène, dans la mesure du possible, inventifs et, plus que tout, faire ressortir un quelque chose dans la réalisation qui dépasse les sentiers battus. Du moins, essayer. Peut-être, pour certains, quelque chose qui peut sembler hautain, comme la mise en relief d’une voie qui se précise et réclame son authenticité avant d’avoir fait ses preuves.

Et pourquoi pas?!

En toute conscience.

Comme mise en avant, un récit invraisemblable : l’amitié entre deux hommes de classes différentes, mais surtout de comportement face à l’existence. Et pourtant, quelque chose en commun, une profond désir  de désamorcer le caché, l’introverti, le donner finalement « droit de cité ». Chez l’un (puissant Will Masheter), il s’extériorise à mesure que le désir profond inavoué se concrétise ; chez l’autre, il s’agit de la découverte d’un monde qu’il ne connaissait pas et qui s’ouvre à lui à pas lents, par moments curieux, quasi-voyeurs, comme la découverte d’un certain interdit qu’on avait, inconsciemment, enfoui.

Ce qui étonne dans Makeup, titre aux multiples significations, c’est cette volonté d’ouvrir des récits alternatifs, des façons de raconter inexplorées, des tours de magie inoffensifs. Peut-être même bâclés. C’est surtout grâce au montage serré de Hugo André lui-même.

Autre chose : face aux nouvelles lois restrictives concernant le tapage médiatique autour des Drag Queens, non seulement en Amérique du Nord, mais partout dans le monde, Makeup affiche son discours de façon plutôt sereine, renvoyant les personnages en question à une sorte d’affirmation de soi, de prise en charge personnelle qui ne fait pas trop de bruit.

Avec ce premier long métrage, après quelques courts exploratoires, Hugo André élabore un argumentaire sur le réel qui, justement, et de bonne foi, le situe dans un espace cinématographique parallèle tout bonnement séduisant.

Une réalité fantasmée.

Et autre chose, aussi. Un film sur la masculinité (hétérosexuel) à l’ère post-#MeeToo, prise entre un rituel passéiste qui ne tient pas à s’affirmer vaincu et un non-éveil de conscience offrant des possibilités alternatives, des plausibilités (que d’aucuns qualifieront de « licences ») autres de l’exprimer, de la vivre, sans pour autant s’avouer comme perdant.

Makeup évite le rapport sexuel, le côté érotique qui classifie souvent les produits LGBT, préférant se cantonner à un discours intellectuel loin d’afficher son côté barbant, ici, le plus souvent, relégué simplement au geste, au discernement. Mais surtout, avec ce premier long métrage, après quelques courts exploratoires, Hugo André élabore un argumentaire sur le réel qui, justement, et de bonne foi, le situe dans un espace cinématographique parallèle tout bonnement séduisant.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Hugo André

Scénario
Hugo André
Will Masheter

Origine
Grande-Bretagne

Année : 2021 – Durée : 1 h 30 min
Langue
V.o. : anglais, français; s.-t.a.

Makeup

Diffusion @
Divers supports numériques

Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 13 ans

 

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]