Luxembourg, Luxembourg
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 25 août 2023
Deux frères jumeaux doivent faire face à la disparition de leur père. Alors que l’un d’eux décide de suivre sa voie en tant qu’escroc, l’autre devient flic. Un jour, ils découvrent que leur père disparu depuis longtemps vivrait au Luxembourg.
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★★
Gémellité
non
partagée
L’Ukrainien Antonio Lukich persiste dans sa démarche dans ce second long métrage. Il opte pour la comédie dramatique, comme c’était le cas avec Mes pensées sont silencieuses / My Thoughts are Silent / Moi dumky tykhi (2019). Cette fois-ci, retour en force avec l’un des plus belles surprises de l’année, présenté dans plusieurs festivals, depuis Venice, en septembre 2022.
Ne pas aborder la guerre, tourner comme si tout allait bien, comme si l’agression russe n’était qu’illusoire. Aucun signe de combats, seulement des personnages cinématographiques qui parlent des relations familiales; deux jumeaux qui, à l’enfance, la préadolescence, partagent les mêmes intérêts lorsqu’il est question de déconner en faisant l’école buissonnière pour faire les quatre cents coups dans les parages d’un petit coin de pays.
Magnifique entrée en matière en voix-off remplie de signes psychologiques vitaux, de petits rapports avec les vivants. Lukich, sans aucun doute, est un pédagogue de l’humain.
Et une fin qui pourrait être prise comme l’annonce d’un avertissement. On n’est pas obligé d’être Ukrainien pour saisir la pertinence du propos. Jouissif et bouleversant.
L’humour est constant, entre celui d’un cinéma d’Europe de l’Est évoquant les grands maîtres de cet endroit du monde et pourquoi pas, tâtant le terrain d’un cinéma italien des années 60 où la vertu se démobilise pour laisser transparaître un je-m’en-foutisme bon enfant qui, au cinéma, plaît d’avantage. Les situations se succèdent à pas lents, parfois avec une légèreté consommée qui n’a d’égale que le manque de sérieux des protagonistes. Une vision de la vie qu’apprécierai quelqu’un comme le cinéaste géorgien Otar Iosseliani tant par sa retenue quant à la parole gratuite que par cette obsession pour l’image métaphorique.
Pour le récit, ici, quelque chose de concret qui s’attache allègrement aux comédies de situations quasi absurdes. Et puis, cette recherche du père qui est en fait une recherche de soi, des liens familiaux (merveilleuse séquence entre la mère – qui a refait sa vie depuis le départ du père – et ses deux jumeaux, où tous les coups sont permis, littéralement et figurativement.
Le machisme, présent, comme il se doit. Les amours, fidèles ou pas, et puis quoi encore? La femme, parfois digne, parfois capricieuse; l’homme (Vasya), qui travaille dans les forces de l’ordre ou plutôt du « désordre », veut toujours faire plaisir à sa femme. Il est sérieux, mais risque peu.
Le frère, lui, Kolya, commet sans cesse des erreurs. Mais au fond, d’une tendresse infinie alors qu’il tient à revoir son père une dernière fois avant de… L’ennui et sa diversion, la connerie. C’est de cela qu’il s’agit aussi dans Luxembourg, Luxembourg. Dans un Occident libre de tous les possibles, où tout peut arriver en claquant du doigt.
Vasya ressemble à sa mère; Kolya tient du père. Que peut offrir ce mélange des genres et de psychologies? Le lieu : Loubny, dans la région de Poltava, en Ukraine.
Et deux acteurs puissants, des doubles dans la vraie vie – Ramil et Amil Nasirov, brillants, électriques, attendrissants, révoltés, surtout pour l’un d’eux, faisant abstraction, encore pour l’un d’eux, de toute notion de logique ou de comportement social.
Un humour local, certes, mais que les cinéphiles, les vrais, ont appris à reconnaître à force de voir des films de l’Est, Kusturica en tête de liste. Un humour glauque, agressif, coloré où les sous-entendus se perdent à l’intérieur d’une société faite de combines, de règlements plus ou moins à l’amiable, où le tutoiement est à l’ordre du jour (et pourquoi pas ?) et où les forces de l’ordre ne sont là que pour le décorum. Même si, faute de preuves de bonne conduite, on risque de…
Et une fin qui pourrait être prise comme l’annonce d’un avertissement. On n’est pas obligé d’être Ukrainien pour saisir la pertinence du propos. Jouissif et bouleversant.
Au fond, malgré tout, devenus adultes, ces deux frangins s’aiment bien.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Antonio Lukich
Scénario
Antonio Lukich
Direction photo
Mikhaylo Lyubarskyy
Montage
Ivan Bannikov, Oleksandr Chorny
Oleksandr Lehostayev
Musique
[ Pièces variées ]
Genre
Comédie dramatique
Origine
Ukraine
Année : 2022 – Durée : 1 h 45 min
Langue(s)
V.o. : ukrainien; s.-t.a. ou s.-t.f.
Lyuksemburg, Lyuksemburg
Dist. [ Contact ] @
[ Ukraine Harmony Foundation ]
Diffusion @
Cinéma du Musée
Classement (suggéré)
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen.★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]