Golda
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 25 août 2023
L’épisode de la guerre du Kippour en 1973 au cours de laquelle Golda Meir a dû prendre des décisions importantes au regard de l’attaque soudaine déclenchée contre Israël par l’Égypte, la Syrie et la Jordanie.
Le FILM
de la semaine
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★★
Paysages
dans
le
brouillard
Guy Nattiv ou la possibilité de tourner aussi à l’étranger, comme le court sujet américain Skin (2018), Oscar du meilleur court métrage en 2019, transformé en long la même année. En Israël, on soulignera The Flood (Maboul, 2010) et Magic Men (Ha-ben shel elohim), pourtant tourné en Grèce. Pour Golda, il s’agit d’une coproduction entre les États-Unis et la Grande-Bretagne. Pourquoi ainsi, alors qu’il s’agit d’un sujet israélien?
Le gros plan récurrent sur Golda – celle qu’on a communément appelé « la dame de fer » d’Israël; dit-on cela des hommes dans le même contexte? – souvent de profil, est-il une stratégie de mise en scène, une tentative d’envisager uniquement ce qui se passe dans le for intérieur de la principale intéressée à ce moment clé de l’Histoire du pays, en l’occurrence la guerre de Kippour?
Effectivement, tout repose sur le personnage principal, qui sera littéralement de tous les plans. Il n’est pas question pour l’auteur de reconstruire les évènements de cet épisode qui, logiquement, s’est soldé sur une sorte de « non-lieu (cessez-le-feu) ». Ni victoire, ni défaite, ni pour l’un ni pour les autres (Égypte, Syrie…). Et qui culminera par la « paix » entre Israël et l’Égypte, peu de temps avant le décès de Meier.
Plutôt que pédagogue, Nattiv veut s’adresser à ceux qui ont connu ou aux plus jeunes, qui ont lu sur cette période charnière de l’Histoire de ce pays. Inutile de faire de Golda un drame épique, un film à gros déploiements, témoignage des forces israéliennes qui, à ce moment, se retrouvent totalement dépassées par les évènements – on comprendra la défaite morale de Moshe Dayan, bien illustré dans le film.
Golda Meier, une femme, une mère de famille (elle aurait voulu passer ce Yom Kippour avec son fils), grand-mère d’un pays qui coûte extrêmement cher à maintenir en paix.
Si le parti pris de Nattiv est évident (il a le droit), n’empêche que l’État d’Israël est quand même pointé du doigt à quelques reprises. Il faut bien observer et comprendre ce qui se dit entre les lignes.
Tout passe par les entretiens entre Golda et sa petite équipe de décideurs (bien qu’en fait, elle soit la seule à prendre les décisions). On aurait dû, on aurait dû… telles se présentent les balises d’un pays en crise, hanté par une défaite possible.
Le film se rabat sur la présentation d’une femme forte, mais en fait fragile, et qui doit prendre des décisions qui la dépassent, en plus de son état de santé, fragilisé par ses incessantes cigarettes.
Mais il y a eu La Guerre des six jours, en 1967, gagnée par Israël. Non seulement exploit, mais fierté nationale. Six ans plus tard, les choses n’étaient plus les mêmes. Étonnement, prise de court, nouveau rapport de force entre une grande partie du monde et Israël, particulièrement sur le sort réservé aux Palestiniens.
Nattiv évite la question même si on croit observer, par-ci, par-là, quelques observations indicibles, tentées à voix basse.
La Guerre de Kippour ou un manque de préparation de l’armée israélienne. Israël, pourra-t-il se le pardonner?
Bien entendu, comment ne pas souligner la présence de la grande Helen Mirren. Interprétation solide où la star arrive à nous faire ignorer les grandes transformations faciales et corporelles qu’elle a dû subir. Elle est simplement Golda. Elle illumine l’écran devant un personnage à la fois fantomatique et férocement physique. Comme lors de ce cauchemar surréaliste où la coupe franche, ou la coupe sautée (jump cut) exhibe la fumée et le téléphone rouge qui sonne tout le temps et dont personne ne répond, devenant ainsi des instruments surréalistes qui expliquent ce qui se passe dans la tête de la grande diplomate.
Les nouvelles (en noir et blanc) diffusées à la télévision ou émanant du Tsahal ou de la radio locale deviennent les principales pièces de conviction à ce qui s’est vraiment passé. Aucune illustration dans la fiction. Le film de Guy Nattiv est avant tout un portrait surréaliste, on pourrait même dire impressionniste sur l’état d’esprit d’une femme prise dans une situation extraordinaire.
Mais il y a eu La Guerre des six jours, en 1967, gagnée par Israël. Non seulement exploit, mais fierté nationale. Six ans plus tard, les choses n’étaient plus les mêmes. Étonnement, prise de court, nouveau rapport de force entre une grande partie du monde et Israël, particulièrement sur le sort réservé aux Palestiniens.
Nattiv évite la question même si on croit observer, par-ci, par-là, quelques observations indicibles, tentées à voix basse.
La Guerre de Kippour ou un manque de préparation de l’armée israélienne. Israël, pourra-t-il se le pardonner?
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Guy Nattiv
Scénario
Nicholas Martin
Direction photo
Jasper Wolf
Montage
Arik Lahav-Leibovich
Musique
Dascha Dauenhauer
Genre
Drame biographique
Origine
États-Unis
Grande-Bretagne
Année : 2023 – Durée : 1 h 40 min
Langue
V.o. : anglais, hébreu, arabe; s.-t.a.
Golda
Dist. [ Contact ] @
Entract Films
[ Elevation Pictures ]
Diffusion @
Cineplex
Classement
Visa GÉNÉRAL
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen.★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]