7 : de Broadway à Hollywood
@ Place des Arts
| ARTS DE
LA SCÈNE |
CRITIQUE
[ Variétés ]
Élie Castiel
★★★ ½
Nostalgies
Nos amis anglophones ont cet adage, « Preaching to the converted », qui résonne plus fort que sa traduction française « prêcher aux convertis ». Chose évidente devant cette salle conquise dès l’apparition en scène de l’Homme en question en ce soir d’avant-première dans la grande salle de la PdA.
Le public, un mélange de genres, d’âges et de convictions différentes. La musique, celle populaire qui rassemble et caresse dans le bon sens du poil. Au menu : une fête réunissant de grands succès de films musicaux des « 100 dernières années » (sic); enfin, presque.
Pas de liste d’épicerie, mais entre autres, Cabaret, Les Misérables, Moulin Rouge, New York, New York et autres à découvrir. Mais toujours selon le choix des spectateurs qui ont, on suppose, déposer leurs choix avant d’entrer dans la salle. Ce qui implique un jeu d’improvisation, on l’admet, calibré avec justesse et n’ayant pas peur des quelques faiblesses ou irrégularités au cours du spectacle.
Choix respectueux, mais qui laisse comprendre le psyché collectif, majoritaire, et plus encore, émotif, de l’emsemble de la population. Celle qui a toujours pensé que le milieu « intellectuel » l’a toujours snobé, mis à l’écart. Enfin, vous connaissez la suite. Et peut-être qu’au fond, ce public n’a pas tout à fait tort, sauf que… Évitons le débat.
Gregory Charles, l’artiste aux multiples vertus, celles issues d’une éducation musicale bien orchestrée, d’autres qu’il s’est bâties au cours des années; celui par qui le spectacle est une affaire de divertissement, de rassemblement, de rituel spectaculaire, de supports émotionnels qui se cachent dans la tête de l’auditoire.
Manipulation? Mise en exergue de sa propre personne? Quête existentielle qui n’a nul besoin d’être? Rapports presque incestueux à la scène comme espace thérapeutique? Tout cela à la fois et bien encore?
Deux grands écrans – gauche et droite de la scène – nous montrent, entre autres, un artiste en gros plan d’où on sent d’une part son grand amour voué à la musique populaire, l’expression faciale, les quelques gouttes de petite sueur au front qui lui donnent ses titres de noblesse et nous font croire à quelqu’un qui possède bien son truc. C’est émouvant. Il y a aussi sa grande connaissance de l’art qu’il pratique et plus encore, cette envie de partage dénuée de snobisme malfaisant, préférant se rapprocher le plus du public. Il s’exprime sans mauvaises intentions comme le gars d’à côté (the guy next door), s’en fiche du qu’en-dira-t’on, car ses admirateurs et admiratrices (surtout) sont plus nombreux que les autres, dans ce domaine et dans d’autres.
Ses origines interraciales combattent admirablement bien les préjugés, emboîte le pas instinctivement à une diversité québécoise de plus en plus évidente, exclue catégoriquement du vocabulaire « les deux solitudes », l’anglais et le français ne se disputant pas le même territoire, mais « vivant dans l’harmonie » (du moins tant que dure le spectacle).
Deux grands écrans – gauche et droite de la scène – nous montrent, entre autres, un artiste en gros plan d’où on sent d’une part son grand amour voué à la musique populaire, l’expression faciale, les quelques gouttes de petite sueur au front qui lui donnent ses titres de noblesse et nous font croire à quelqu’un qui possède bien son truc.
GC ne s’embarrasse guère de raconter la petite histoire de ses origines, traverse la scène de droite à gauche, à reculant ou en avant avec un sens inné du « show ». Il aime sa fille, moins que 10 ans (à moins que je fasse erreur). Elle fera des allées et venues (à chaque fois avec une nouvelle tenue) exténuant l’admiration de son père. Le public raffole de cela.
La première partie est cacophonique. L’orchestre de Gabriel Bertrand Gagnon noie les voix des très talentueux chanteurs et chanteuses, et vice-versa. Impossible de comprendre certains mots. Pour la musique, ça fonctionne quand même. À l’arrière-scène un mur montrant en prise vidéo une partie de la scène, mais que des éclairages mal ajustés rendent indicibles. Il faudra, soit éliminer ce choix technique ou l’ajuster. Bien que dans la deuxième partie de ce très long spectacle, le tout s’améliore.
Les chorégraphies de la troupe DM Nation s’assimilent aux musiques les plus prenantes, populaires (quel mal y a-t-il à ça?) et si souvent ignorées par les compagnie de danse alternatives qui cherche ailleurs pour justifier leurs pas et gestes.
Tout compte fait, un septième spectacle de l’Univers-Gregory, donnant au chiffre 7 une signification particulière qu’il partage avec un dévouement aussi structuré que proverbial.
7
De Broadway à Hollywood
Initiateur
Gregory Charles
Chanteurs / Chanteuses
Audrey-Louise Beauséjour, Klara Martel-Laroche
Frédérique Mousseau, Gabrielle Roy-Lemay
Mathieu-Philippe Perras, Marc-Antoine Gauthier
Durée
3 h 30
[ Incluant entracte ]
Diffusion & Billets @
Place des Arts
(Salle Wilfrid-Pelletier)
Jusqu’au 19 novembre 2023
21 et 22 mars 2024
[ Billets en vente dès le 16 novembre 2023 ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]