All of Us Strangers

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 12 janvier 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT.
À Londres, Adam vit dans une tour où la plupart des appartements sont inoccupés. Une nuit, la monotonie de son quotidien est interrompue par sa rencontre avec un mystérieux voisin, Harry, qui le conduit, à son insu, dans un univers où rêve, réalité et imaginaire s’enchevêtrent l’un dans l’autre même s’il s’agit d’une histoire d’amour.

 

Le FILM
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★

De la vie des vivants

et des disparus

Le roman du japonais Taichi Yamada, mort récemment à presque 90 ans, Présences d’un été (Ijintachi to no natsu, Strangers, en anglais) paru vers la fin des années 80, est ici très librement adapté en territoire LGBTQ, la désignation Q pour « Queer » en moins puisque le personnage principal, lors d’une conversation avec sa nouvelle flamme, rejette cet acronyme le jugeant trop négatif.

Simple remarque, mais qui au fond, illustre parfaitement bien la trajectoire psychologique d’Adam, scénariste dans le film – Andrew Scott traversant avec une rigueur bouleversante les contours divergents et diamétralement opposés d’un parcours sur le deuil.

En plus de vivre une nouvelle aventure amoureuse qui débute dans l’incertitude et se transforme en un rapport physique et de rapprochement où la sensualité de l’un, Harry, un voisin (Paul Mescal prouvant une fois de plus qu’il joint les rangs des comédiens les plus talentueux de sa génération) et les bouleversements récurrents de l’autre, bien sûr, Adam, se mêlent et s’enchevêtrent dans une sorte de ballet sensoriel.

Une possibilité d’aller plus loin.

Danse surréaliste qui côtoie la mise en scène à la fois trouble et fantasmagorique de l’ensemble. Comme ce retour à l’enfance, activée à l’âge actuel, que Haigh manifeste comme un discours intellectuel, fascinant et lucide sur la notion de temporalité au cinéma. On ne verra Adam, enfant, que dans quelques brèves scènes.

Chose rarement vue dans le cinéma contemporain et qui constitue un des points forts de ce drame romantico-sentimental qui évite tout pathos et effet mélodramatique. Au contraire, une froideur enveloppante, aigre-douce, entre l’amertume de la mélancolie et la nostalgie d’une recherche du temps perdu.

Andrew Haigh, plusieurs courts et un premier long, Greek Pete (2009) belle petite trouvaille même s’il s’agit d’un film intentionnellement imparfait, et puis Lean on Me (2017), bouleversante carte de visite. Mais il ne compte pas sur les nombreuses réalisations, préférant mûrir ses projets.

Il y a, dans le plan final, une tendresse insoupçonnée que vient alimenter la musique troublante et saisissante à la fois de la Française Emilie Levienaise-Farrouch, installée à Londres. Un plan qui côtoie aussi le mouvement de caméra surprenant de Jamie Ramsay, dont on se souviendra de ses mouvements nuancés et combatifs dans le très bon District 9, de Neill Blomkamp.

Avec All of Us Strangers, en français, Sans jamais nous connaître, fort joli titre qui renvoit à cette relation inusitée entre Adam et Paul. Un rapport non pas de force, mais la mise en œuvre d’une liaison amoureuse qui se construit à l’image du grand projet résidentiel où les deux « amants » en devenir sont les seuls résidents.

Entre Adam et ses interventions rêvés ou fantasmées avec ses parents, une dialogue sur l’homosexualité du principal intéressé, la déception, notamment de la mère (Claire Foy, très sincère et spontanée), et les quelques interventions du père (Jamie Bell, solide et avenant).

Il y a, dans le plan final, une tendresse insoupçonnée que vient alimenter la musique troublante et saisissante à la fois de la Française Emilie Levienaise-Farrouch, installée à Londres. Un plan qui côtoie aussi le mouvement de caméra surprenant de Jamie Ramsay, dont on se souviendra de ses mouvements nuancés et combatifs dans le très bon District 9, de Neill Blomkamp

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Andrew Haigh

Scénario
Andre Haigh. D’après le roman de
Taichi Yamada, Présences d’un été
Direction photo
Jamie Ramsay

Montage
Jonathan Alberts
Musique
Emilie Levienaise-Farrouch

Genre(s)
Drame fantaisiste
Origine(s)
Grande-Bretagne / États-Unis
Année : 2023 – Durée : 1 h 45 min
Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f.

Sans jamais nous connaître

Dist. [ Contact ] @
Searchlight Pictures
[ Film4 ]

Diffusion @
Cinéma du Parc
 Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]