Les colons

 

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 26 janvier 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Terre de Feu, République du Chili, 1901. Trois cavaliers sont engagés par un riche propriétaire terrien, José Menendez, pour déposséder les populations autochtones de leurs terres et ouvrir une route vers l’Atlantique.

 

Le FILM
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★

La terre

de la

grande promesse

Sommes-nous en mesure d’accorder une quelconque ressemblance aux Colons, premier long métrage du Chilien Felipe Gálvez, à La terre promise / La tierra prometida (1973), un des longs de son compatriote Miguel Littín? Même si les évènements dans le film du second ont lieu 30 ans plus tard, force est de souligner qu’entre les deux cinéastes, un sens de la rigueur, une mise en scène cadrant avec l’idéologie politique qui prévaut dans chacun des cas, une sorte de distanciation qui relate les évènements dans une suite de dialogues disjoints, soudainement s’enchevêtrant magnifiquement, soulevés aussi par les lieux de tournage et les mouvements de caméra.

Une pampa chilienne vierge, prête à la colonisation par les premiers habitants, particulièrement les audacieux. Mais pour les besoins de la fiction et plus particulièrement du scénario politique, la présence surtout de ces nouveaux propriétaires terriens venus du vieux continent, la présence d’un Britannique et d’un mercenaire Américain. Une Europe qui installe au pays les rudiments du capitalisme qui poursuit sa route, soulignant aussi, discrètement, certains penchants, pour l’époque, qu’on ne nomme pas.

Une chose est certaine, Gálvez, sans doute inspiré par ces courants cinématographiques politisés latino-américains des fertiles années 70, illustre cet immense terrain situé dans la Terre de feu comme un lieu prêt à être conquis, en 1901, première année du XXe siècle, date emblématique qui ouvre une nouvelle époque.

Trois façons de voir le même territoire.

La mise en scène, en dehors des considérations politiques et idéologiques qu’elle renferme, montre aussi que cet immense terrain vague, aussi sauvage que luxuriant est prêt à être exploré, exploité vicieusement, quitte à user de la violence puisque le pays est peuplé d’autochtones, comme en Amérique du Nord, opprimés dans leur mode de vie et leurs coutumes, hypocritement christianisés par-dessus le marché.

Peu importe les détails d’un récit d’une simplicité exemplaire, c’est plus la réalisation qui suscite tant d’attrait. Un travail de lumières, entre les éclairages sombres et les parties clairement aveuglantes, comme s’il fallait réduire les étapes racontées à des histoires personnelles. Celles des Blancs qui ignorent la présence millénaire de ces habitants; celle des insulaires, pris par ce nouveau courant de colonisation dont ils ne savent pas quoi faire.

Une citation du court essai Utopia (L’utopie), de l’Anglais Thomas More, publié dans les premières années du 16 siècle, inaugure le film. Un exergue qui explique la démarche suivie tout le long d’un anti-récit, exercice de conscientisation plus que tout autre chose. Ce fantasme, exclusivement, de l’hégémonie blanche, resonne dans le désordre actuel des choses à travers un plan final d’une force vertigineuse qui réoriente notre esprit de façon hallucinante.

Si l’idéologie politique est claire de la part de Gálvez, le cinéaste ne s’empêche guerre d’utiliser une certaine violence stylisée dont les atrocités ressemblent à des coups de peinture d’un tableau historique dessiné pour la pérennité.

Une citation du court essai Utopia (L’utopie), de l’Anglais Thomas More, publié dans les premières années du 16 siècle, inaugure le film. Un exergue qui explique la démarche suivie tout le long d’un anti-récit, exercice de conscientisation plus que tout autre chose. Ce fantasme, exclusivement, de l’hégémonie blanche, resonne dans le désordre actuel des choses à travers un plan final d’une force vertigineuse qui réoriente notre esprit de façon hallucinante.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Felipe Gálvez

Scénario
Felipe Gálvez, Antonia Girardi,
avec la collaboration de Mariano Llinás
Direction photo
Simone D’Arcangelo

Montage
Matthieu Taponier
Musique
Harry Allouche

Felipe Gálvez

Genre(s)
Drame
Origine(s)
Allemagne / Argentine / Chili
Danemark /France / Suède
Grande-Bretagne / Taïwan
Année : 2023 – Durée : 1 h 40 min
Langue(s)
V.o. : anglais, espagnol; s.-t.f. ou s.-t.a.

The Settlers
Los colonos

Dist. [ Contact ] @
Enchanté Films
[ MUBI ]

Diffusion @
Cinéma du Parc
Cinémathèque québécoise

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence

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★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

ÉTOILES