Agit Pop!
@ La Chapelle

Pour vous donner une idée 

 

CRITIQUE
S C È N E
Élie Castiel

★★★ ½

Le réel

détrôné

L’une des drag queens parmi les plus originales, de celles qui dépassent le simple acte du genre cabaret spécialisé. Déjà le nom, Pearle Harbour, convoque le politique, le balistique, le conflit, si chers à nos temps présents. Le spectacle, Agit-Pop!, est sujet à toutes sortes d’interprétation. Il est même question, du moins ce soir de Première médiatique, d’un petit cours sur la définition du terme, un peu long peut-être.

Harbour est charmante, très articulée, la voix avec quelques fausses notes, et c’est vraiment ce qui fait son charme. Le contraire serait trop évident. Sa mission premières : faire revivre des périodes musicales marquantes du siècle dernier qui ont marqué la conscience collective. Son « sidekick », Steven Conway, fêtait ce soir-là son anniversaire. Iel est au piano et manipule quelques instruments de musique agréablement bien. Iel est vraiment inexpressif(ve). Et c’est ce qui fait indiscutablement sa force. Nous aimons ce type de personnage.

La Grande Dame, quant à elle, convoque D. Bowie, aussi loin que les Beach Boys, Britney Spears, et bien entendu, comme l’exige la profession, J. Garland et son célèbre arc-en-ciel ou « Rainbow » si vous préférez.

Harbour fait appel au public, dont l’auteur de ces lignes, confronté à une présence scénique fort embarrassante, mais plaisante malgré tout, quelques secondes tout au plus. Fin de la parenthèse.

Les projections à l’arrière-scène évoque un passé lointain, un siècle précédent le notre qui, jusqu’à présent, n’a rien d’extraordinaire. Le dessin animé, celui de Disney, perdure; Mickey Mouse redevient la star de tous les temps. Ce brin de nostalgie, voire même de mélancolie abrite la persona (personnage) de Harbour; la vedette, puisqu’il s’agit d’une étoile de la scène, parcours ce monde sans aucun sens. Elle est souvent dure. Derrière ce masque de la bonne humeur, une rage, un désespoir de voir ce lieu insensé se déchirer – vous n’avez que suivre les nouvelles.

Le sens inné de la scène.
Crédit : Tanja Tiziana

Il ne reste que les chansons qu’elle interprète à sa façon, c’est-à-dire en se défonçant, corps et âme, en libérant le geste et le mouvement. Mais dans son regard, une tristesse qui montre jusqu’à quel point, sa proposition est celle d’une réalité irrévocable.

Pearle Harbour, nom de scène on ne peut plus emblématique, dénonce le silence aussi bien que la passivité sociale, en pensée, dirige ses diatribes envers les politiciens (et les grands économistes) de ce monde qui ne va nulle part.

Harbour est charmante, très articulée, la voix avec quelques fausses notes, et c’est vraiment ce qui fait son charme. Le contraire serait trop évident. Sa mission premières : faire revivre des périodes musicales marquantes du siècle dernier qui ont marqué la conscience collective.

Elle parle du Canada, comme d’un pays unifié – elle a le droit. Sans arrière-pensée, elle inclut notre beau territoire national dans l’ensemble. Elle parle des autochtones qui sont encore les vrais perdants malgré quelques tentatives plutôt médiocres des gouvernements.

Et elle va même plus loin. Nous faisons tous et toutes partie de l’Amérique du Nord, ce Nouveau continent qui nous fait voir de toutes les couleurs. Elle n’a pas tort. Ce soir de Première, nous n’avons pas eu droit au sur-titres français. Les deux autres représentations les auront.

Agit Pop! ou le réel présent qui a perdu sa couronne.

Agit Pop!
V.o. : anglais; sur-titres français

Texte
Justin Miller
Mise en scène
Rebecca Ballarin
Éclairages
Logan Raju Cracknell
Direction musicale
Steven Conway
Projections
Adam Miller

Durée
1 h 20 min

[ Sans entracte ]

Public
Interdit aux moins de 16 ans

Diffusion & Billets @
La Chapelle
Jusqu’au 8 février 2024

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]