Si seulement… peut-être…
| court
métrage |
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★
L’absence
apprivoisée
Elle est née à Montréal, revendique ses origines hongroises. Ses études de cinéma et de journalisme la lancent, entre autres, dans la réalisation. C’est bien le cursus d’un nombre de nouveaux cinéastes, de souche ou de la diversité. Sur ce point, devrions-nous encore dire de la « pluralité », comme s’il s’agissait d’une blessure à cicatriser? La réponse à cette question est évidente, même si dans le quotidien, l’inclusion ne se manifeste pas comme elle le devrait, ou presque, notamment ici.
Le CAC, la SODEC et le CAM n’ont pas contribué au financement de son court métrage Si seulement… peut-être… (If… Then… Now…), un essai expérimental plus proche de la fiction que de l’esthétique aventureuse qui aime flirter avec la forme; également, son premier long métrage de fiction, Aime-moi, a récemment été sélectionné dans la section Grand Flirt et le Pitch des Scénaristes de l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision 2024. Deux grands pas en avant qui devraient lancer l’aventure cinématographique d’Anne Kmetyko dans des voies bien plus fructueuses.
Pour le récit : « dans un no man’s land qui défie le temps, l’espace et le souvenir, Jacob, début de la soixantaine, en pleine forme physique, se souvient de sa bien-aimée, apparemment emportée par un tsunami; au cours du récit, vers la toute fin, apparaît Midori, sa nouvelle muse, qui est peut-être le fruit de son imagination. »
Qu’importe ceci ou cela, par les images, le cadrage, les plans qui se suivent à une vitesse inattendue, le montage étrange et nerveux de Maxime Chalifoux et Christophe Flambard, tous ces éléments filmiques contribuent de cette intention assumée de bousculer les lois de la continuité traditionnelle, offrant pour ainsi dire la disparité qui existe entre le réel et le fantasmé, entre l’intention d’une proposition et ce qui peut changer en cours de route.
Si seulement… peut-être est un film tristement romantique. C’est intentionnel, c’est dans la nature des choses. Mais au fond, c’est par cette absence domptée, moyennant des étapes douloureuses, qu’on peut atteindre la plénitude d’une vie.
Sur ce point, la cinéaste excelle dans ce court sujet qui aborde, justement, le sujet si fragile de l’absence. Un choix toujours universel, notamment par les temps qui courent.
Puis, oui, c’est bien de la perte, de ce qui n’est plus, de la soudaine disparition, du manque, de la séparation qu’il s’agit ici. Sur ce point, Si seulement… peut-être est un film tristement romantique. C’est intentionnel, c’est dans la nature des choses. Mais au fond, c’est par cette absence domptée, moyennant des étapes douloureuses, qu’on peut atteindre, finalement, dans le cas de Jacob – excellente partition physique de Gregory Hlady, apparemment très peu présent aussi bien à la scène qu’au cinéma –, la plénitude d’une vie.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Anne Kmetyko
Scénario
Anne Kmetyko
Direction photo
Bruno Philip csc
Montage
Maxime Chalifoux, Christophe Flambard
Genre(s)
Essai dramatique
Origine(s)
Canada [Québec]
Année : 2022 – Durée : 15 minutes
V.o. : anglais, s.-t.f.
If… Then… Now...
Production
Box Studio Productions
Public
Tout public
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]