Dieu existe, son nom est Petrunya
P R I M E U R
Semaine 03
du Ven 27 au Jeu 23 jan 2020
SUCCINCTEMENT
À Stip, petite ville de Macédoine, tous les ans au mois de Janvier, le prêtre de la paroisse lance une croix de bois dans la rivière et des centaines d’hommes plongent pour l’attraper. Bonheur et prospérité sont assurés à celui qui y parvient. Ce jour-là, Petrunya se jette à l’eau sur un coup de tête…
COUP DE CŒUR
de la semaine
Élie Castiel
★★★★
Et Dieu créa la femme
La saveur étanche et délicate des films balkaniques suinte tout au long de cette comédie douce-amère où, pour la cinquième fois dans un long métrage, la cinéaste macédonienne propose la femme comme fil conducteur du récit.
Elle n’est pas très belle selon les codes régis par la société occidentale, mais possède son propre éclat facial malgré son physique rondelet. Et puis?! Elle est vraie, franche, courageuse face aux défis familiaux et extérieurs, et d’un instinct incontrôlable. Oui, elle est diplômée en Histoire. Un suicide dans cette partie du monde.
Et elle provoque, comme ça, par hasard, par un tour du destin, un acte blasphématoire lors d’un cérémonial liturgique normalement destiné aux hommes. Dans ce rituel chrétien également pratiqué en Grèce (et d’ailleurs, dans d’autres pays de la région), l’acte en question confirme le côté patriarcal des fondements judéo-chrétiens. Mais Petrunya ose, combat le sytème, la justice, les médias, même si la journaliste en question défend sa cause. Le féminisme gagne difficilement du terrain dans cet endroit du monde qui respire encore au parfum d’un machisme qui a du mal à foutre le camp. Fable, essai social, chacun et chacune le prendra à sa façon.
Mais une révélation, d’un charisme envoûtant qui unit en même temps timidité, courage et je-m’en-foutisme, grâce, sens du combat, sensualité et pudeur. C’est Zorica Nusheva, une nouvelle venue. Une actrice formidable. Elle assume le plan fixe sans gêne aucune, devient complice lorsque le champ/contrechamp s’impose et face aux moments où il faut un minimum de courage, elle exerce une sorte de pouvoir magique qui a pour nom force de caractère.
Le reste, c’est la découverte d’une promesse tenue dont la source provient d’une profonde réflexion sur la notion de l’éthique, autant celle du plan cinématographique que de la condition humaine.
Atteinte par les mots éclairés de la cinéaste, coscénariste avec Elma Tatarajic de l’adaptation cinématographique, Petrunya, donc Nusheva, soulève un discours politique où l’humour parfois cynique et insistant subsiste au détriment, heureusement, de l’agression.
Non pas féministe, mais férocement au féminin, c’est ainsi que se présente God Exists, Her Name Is Petrunija, intentionnellement dans son titre anglais dû à la force du « Her ». Et si Dieu était une femme? Le reste, c’est la découverte d’une promesse tenue dont la source provient d’une profonde réflexion sur la notion de l’éthique, autant celle du plan cinématographique que de la condition humaine.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Sortie
Ven 17 jan 2020
Réalisation
Teona Strugar Mitevska
Genre(s)
Drame social
Origine(s)
République de Macédoine / Belgique
France / Croatie
Slovénie
Année : 2019 – Durée : 1 h 40 m
Langue(s)
V.o. : macédonien; s.-t.a. ou s.-t.f. / Version française
God Exists, Her Name Is Petrunija
Gospod postoi, imeto i’e Petrunija
Dist. @
A-Z Films
Classement
Tous publics
En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]