Banel & Adama
PRIMEUR
Sortie prévue
Vendredi 14 juin 2024
Banel et Adama s’aiment. Ils vivent dans un village éloigné au Nord du Sénégal. Mais l’amour absolu qui les unit va se heurter aux conventions de la communauté.
Le FILM
de la semaine
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★★
Mon corps…
ma douleur
Il y a bien fort à parier que la jeune Franco-Sénégalaise Ramata-Toulaye Sy puise aux sources de certains films d’anciens cinéastes africains d’envergure, le regretté Burkinabè Idrissa Ouédraogo, aussi bien que le Malien Souleymane Cissé et plus encore, notamment dans la distanciation amoureuse et complice qui s’établit entre Banel (excellente Khady Mane, jouant le jeu féministe avec une énergie à la fois farouche et transgressive) et Adama (notre équivalent du prénom Adam), tel un « Premier homme » africain, dans un milieu désertique, sec, où presque rien ne pousse, où tout est à commencer, comme un début du monde. Ce jeune Adama, à peine un peu plus âgé est campé par un Mamadou Diallo discrètement séduisant avec un détachement aussi suggestif qu’inoffensif.
Pour Sy, si l’en en croit sa mise en scène plus esthétique que narrative, nourrie des images superbement convulsives d’Amine Berrada, le cinéma semble être un médium de captation de l’instinct, de la mise en perspective de l’essence de l’esprit.
C’est dans le jeu délicat et dans le même temps sournoisement politique de Banel que ses échanges en forme de champs/contrechamps avec Adama ont lieu. Les moments les plus forts du film. Amour et complicité. Ententes et désaccords. Tendresse et volupté.
Un but : déterrer deux maisons emportées par le sable. Métaphore aussi bien sociale qu’engagée, comme si dans une Afrique encore soumise aux caprices de l’économie et du climat, tout demeurait encore à faire. Car au fond, à bien y penser, Banel e Adama, qui sera maintes fois écrit par la principale intéressée, n’est que cette prise de parole de la cinéaste pour faire passer sa proposition ; encore une fois, s’inspirant sans doute des cinéastes déjà mentionnés, des hommes engagés.
[ … ] Banel e Adama, un film qui parle à la terre, au ciel qui ne cesse de clamer sa supériorité ardente, dans tous les sens du terme, mais surtout la prise de conscience d’avoir réaliser un premier long métrage d’une poésie aussi captivante qu’enragée.
Derrière la force de caractère de Banel, réside une prise de conscience de la féminité, de la parole qui lui est interdite et pour laquelle elle se bat. Il n’est pas question essentiellement de proclamer comme certains l’ont fait, cette « Afrique, ma douleur », mais plutôt d’exercer ce cri à son corps, anatomie, esprit, âme de la Femme éprise d’égalité face à l’Homme.
Être né en Afrique et avoir connu le tempérament de ce continent, c’est également connaître la mise en perspective dans la réalisation de Ramata-Toulaye Sy, faisant la différence entre les deux principaux interprètes, où les lois rigides de la direction d’acteurs est essentielle, et puis les autres, même les rôles secondaires, présentés comme des attributs documentaires.
C’est ainsi que se présente Banel e Adama, un film qui parle à la terre, au ciel qui ne cesse de clamer sa supériorité ardente, dans tous les sens du terme, mais surtout la prise de conscience d’avoir réaliser un premier long métrage d’une poésie aussi captivante qu’enragée.
Malgré tout, malgré les quelques faiblesses dues à un essai de départ, en dépit d’un engouement qui dépasse par moments ce qui aurait pu rendre le film encore plus pertinent, le film dont il est question fascine.
Quant au récit, à vous de découvrir les tenants et aboutissants de cette espèce de Roméo et Juliette en terre d’Afrique.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Ramata-Toulaye Sy
Scénario : Ramata-Toulaye Sy
Direction photo : Amine Berrada
Montage : Vincent Tricon
Musique : Bachar Khalifé
Genre(s)
Drame
Origine(s)
France / Mali / Sénégal
Année : 2023 – Durée : 1 h 27 min
Langue(s)
V.o. : peul ; s.-t.a.
Banel e Adama
Dist. [ Contact ] @
Kino Lorber
[ La Chauve Souris ]
Diffusion @
Cinéma du Parc
Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 13 ans
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]