Ballet BC
@ Place des Arts
CRITIQUE
[ Danse ]
Élie Castiel
★★★★
Une nouvelle saison
fort inspirante
Deux chorégraphes, pourrait-on dire, de la relève, sur qui il faut désormais compter au cours des nombreuses prochaines années. Qu’il s’agisse de Shahar Binyamini ou de Medhi Walerski, maître chorégraphe du Ballet BC, tous deux sont issus de cette nouvelle « danse contemporaine » qui ne cesse de se renouveler à grande vitesse, à mesure que des émergents proposent d’allier « danse » et « causes sociales ».
Le néophyte pourrait ne pas constater ces formes de narration inédites, mais force est de souligner leur impact sur la discipline danse dans le domaine de la culture. Ce fut le cas se Chamber, pièce d’ouverture de la soirée, où le fondu au noir sert de changement de décor, même s’il s’agit d’un même se transformant selon le propos. La mise en scène de Sarah Reynolds et la musique de Joby Talbot s’enchevêtrent l’une dans l’autre pour une réconciliation extraordinaire.
Un groupe de danseurs et danseuses engagées, dédié(es) au geste, à la quadrature d’une discipline engageante, à voir de près, de cette volonté de rapprocher le corps, de s’envelopper en lui et, finalement, d’interrompre pour toujours le chaos. Par les temps qui courent, un message universel de conciliation avec les différences raciales, religieuses, sexuelles et autres.
Cet engagement est suivi de Silent Tides, toujours signé Walerski, sur une musique de Adrien Talbot, court morceau chorégraphique qui, malgré sa durée limitée, propose deux solo, l’un féminin, l’autre masculin, pour ensuite se concrétiser davantage dans un pas de deux approbateur et porteur d’espoir.
Et puis, le moment le plus attendu de la soirée, le Ravel, le Bolero, dont on ne dira rien sur la partition musicale. En fait, Binyamini a nommé sa partition Bolero X, provocant ainsi une sorte d’intransigeance aux diverses versions dansées, mais classiques et un champ/contrechamp spirituel entre lui et le compositeur. La musique ne dure, selon le cas, que 14 ou 15 minutes. Mais assez pour que dès l’entrée en scène, le corps est chair, sensualité, mouvement suggestif, mais sans vulgarité ; bien au contraire, soulevant entre les danseurs/danseuses et la salle une sorte de correspondance des sens, de la volupté intérieure, de l’espace culturel même, ce lieu de tous les possibles et de la quintessence des mœurs qui auraient dû faire partie des sociétés universelles.
Bolero X engage les interprètes du Ballet BC, bien sûr, mais aussi certains de l’École de danse contemporaine de Montréal, l’École supérieure de ballet du Québec et The School of Dance d’Ottawa.
D’où cette constatation palpable et ô combien extraordinaire de voir évoluer divers niveaux de performance. Cette démocratisation de l’art chorégraphique est fort probablement issu de l’engagement du chorégraphe avec le Mouvement Gaga de Ohad Naharin (Walerski a aussi travaillé avec lui). On reconnaîtra aussi Paul Lightfoot, Crystal Pite, l’effet-Gothenburg et celui du Nederlands Dans Theater, sans laisser de côté, l’Opéra de Paris Opera.
Salle comble, ovations bien méritées et une finale en forme d’apothéose.
Durée
1 h 45 min
[ Incl. 2 entractes ]
Public (suggéré)
Déconseillé aux jeunes enfants
Diffusion & Billets @
Danse Danse
Jusqu’au 5 octobre
Avis : Le programme triple de Ballet BC est
présenté également le 9 octobre 2024 au
Théâtre Hector-Charland de l’Assomption.
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]