Au-delà de la lumière
P R I M E U R
Sortie
Vendredi 29 novembre 2024
Sans nouvelles de son mari depuis des années, Prabha, infirmière à Mumbai, s’interdit toute vie sentimentale. Anu, sa jeune colocataire, fréquente en cachette un jeune homme qu’elle n’a pas le droit d’aimer. Lors d’un séjour dans un village côtier, ces deux femmes entrevoient la promesse d’une liberté nouvelle.
Le FILM
de la semaine
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★★ ½
Les jours
et
les nuits
de
Mumbai
ll y a, dans le regard de l’Indienne Payal Kapadia, quelque chose d’éthéré qui se rapproche d’un certain cinéma occidental des années 1970, voir aussi 1990, un cinéma occidental à la Wim Wenders porté par une sorte de rêverie à l’intérieur d’un réalisme documentaire montré comme fantomatique.
Comme si, du coup, ces personnages féminins dont il est question ici se déplaçaient dans l’environnement tels des êtres venus d’ailleurs, non pas un aIutre géographique, mais mental ; dans ce cas-ci, spirituel.
Qu’il s’agisse de l’infirmière Prabha, qui partage son appartement à Mumbai avec Anu, une jeune collègue qui, elle, a noué une relation amoureuse avec un Shiaz, de son âge, Musulman de surcroît.
Mumbai, autrefois Bombay, non pas un hasard de lieu, mais véritable personnage insensible de ce film où l’esprit tente de survivre.
Ces anecdotes sont illustrées par une direction photo de Ranabir Das très proche des personnages, le contraire lorsque la ville agitée est montrée, insouciante, irréelle, avec ses millions d’habitants qui vont partout et nulle part. L’objectif de la caméra se calme lorsqu’il jette son attention sur les protagoniste de cette fiction dont le côté documentaire s’installe sans crier gare.
Des comédiennes impeccables, professionnelles ou non ? Elles s’insèrent dans le film comme si le scénario était prescrit pour elles. Saura-t-on quelque chose sur le mari de Prabha, parti travailler en Allemagne depuis quelque temps ? Puis, une boîte qui arrive par la poste, contenant une cocotte-minute qui, dans un sens, confirme que le mari pense encore à elle.
Mais c’est la scène dans la plage, vers la fin du film, lorsque Anu finit par céder consensuellement au désir de Shiaz que le titre du film, en anglais plus significatif, All We Imagine as Light, confère toute sa signification.
Au-delà de tout, la lumière comme ouverture à l’autre, aux autres et à l’environnement qui nous entoure, du moins métaphoriquement, ne peut être atteint que par une sorte de correspondance de soi entre le corps et l’esprit.
Un film sensationnel qui marque la percée d’un nouveau cinéma indien indépendant qui résiste à l’industrie bollywoodienne, fermement compétitive et qui, soit-dit-en passant, tente par tous les moyens de réinventer certains de ses codes pour survivre à cette Nouvelle Vague de jeunes indépendants. Il n’est guère surprenant que des pays occidentaux aient coproduits le film.
Le récit, aussi simple qu’il puisse paraître, laisse néanmoins entrevoir quelques codes du Bollywood que Kapadia tente par tous les moyens de distancier. Et elle y parvient grâce à une mise en scène dont la notion de distanciation demeure l’un des principaux objectifs.
Un film sensationnel qui marque la percée d’un nouveau cinéma indien indépendant qui résiste à l’industrie bollywoodienne, fermement compétitive et qui, soit-dit-en passant, tente par tous les moyens de réinventer certains de ses codes pour survivre à cette Nouvelle Vague de jeunes indépendants. Il n’est guère surprenant que des pays occidentaux aient coproduits le film.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Payal Kapadia
Scénario : Payal Kapadia
Direction photo : Ranabir Das
Montage : Clément Pinteaux
Musique : Dhritiman Das Topshe
Genre(s)
Drame
Origine(s)
France / Inde / Italie
Pays-Bas / Luxembourg
Année : 2024 – Durée : 1 h 58 min
Langue(s)
V.o. : hindi, marathi; s.-t.a. ou s.-t.f.
Lakin Oh, Thoda Kalpana Karo
Dist. [ Contact ] @
Enchanté Films
[filmswelike ]
Diffusion @
Cinéma du Musée
Cinéma du Parc
Cineplex
Cinémathèque québécoise
Classement
Visa GÉNÉRAL
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]