Travis Knights
@ Danse Danse (PdA)
CRITIQUE
[ Scène ]
Élie Castiel
★★★ ½
Les
paradis
artificiels
Sa formation, c’est ici, à Montréal, qu’il l’a reçue, dès l’âge tendre de 10 ans, de Ethel Bruneau, la célèbre Miss Swing ; comme un sacerdoce précoce. Travis Knights ou l’émergence d’un danse inspirée de tous ces mouvements « de rue », du breaking jusqu’aux autres cultures populaires en matière de mouvements qui, au hasard, n’ont besoin que d’un hangar inhabité pour se défouler, machisme et sexisme parfois au rendez-vous ; mais ceci est une autre histoire.
Chaussures à claquettes qui font vibrer le cœur et l’esprit, mais surtout définissent les musiques accompagnatrices, les arrêtant quelques secondes où seul le bruit strident du battement des semelles se fait entendre. En ce qui concerne cette partie du spectacle, un grand Bravo à toute l’équipe, même quand l’accompagnement chanté est convoqué.
La salle réagit, et elle a raison.
D’autant plus que le concept vidéo montrant la « planète rouge » illustre avec insistance son rouge écarlate comme si Mars, le Dieu guerrier des planètes allait nous envahir. Et pourtant, tout le long du spectacle, un autre territoire à conquérir par les Terrestres qui dévoile sa nudité sans rien faire. Prêt à se laisser conquérir.
En bas, sur scène, la Terre, la danse, les danseurs/danseuses qui s’exercent à cet art ancestral pour communiquer les angoisses, les doutes, les espoirs, les craintes, la beauté d’ici-bas qu’on a souvent, malheureusement, galvaudée par Notre faute.
Un autre personnage virtuel en forme humaine qui se démène selon une inspiration technologique, c’est bel et bien l’IA, insistante, impossible à déloger, qui s’en vient, en fait qui est déjà là, malgré les peurs qu’elle évoque. En même temps, créant des conflits interrelationnels entre celles et ceux du siècle dernier et les représentant(es) du nouveau qui se précise de plus en plus.
En bas, sur scène, la Terre, la danse, les danseurs/danseuses qui s’exercent à cet art ancestral pour communiquer les angoisses, les doutes, les espoirs, les craintes, la beauté d’ici-bas qu’on a souvent, malheureusement, galvaudée par Notre faute.
La chorégraphie suit admirablement bien cet argument narratif en appuyant fort sur ce système de perception qui nous est, du moins pour la plupart de nous, encore étranger malgré les vertus qu’elle ne cesse d’idéaliser.
Les images vidéo sont souvent celles d’une humanité urbaine qui n’arrête pas d’avancer là où elle n’est pas certaine. Comme si l’horizon terrestre n’offrait plus aucun autre espoir. Le désert martien de constituants rouges est là, attendant que quelque chose arrive.
Après 45 à 60 minutes, nous avons bien compris le but du spectacle, la raison d’être de cette chorégraphie-message dont nous avons tant besoin. Mais pour une bonne partie de l’assistance, l’esprit ne semble plus là. Nous attendons la fin.
À moins que, et cela est important de le mentionner, il ne s’agisse que de la force de conviction du spectacle et du message qui nous laissent tous interdits, incapables de réagir, pensifs à ce qui pourrait nous attendre, inquiets.
FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
The Mars Project
Chorégraphie Travis Knights.
Co-chorégraphie Lisa La Touche.
Danseur·se·s
Travis Knights
Thomas Moon, Brinae Ali,
Reona, Greg « Krypto » Selinger.
Direction musicale Dwight Jones.
Conception vidéo Daniele Guevara.
Chanteur·se / Compositeur·rice Markus Aurelyus, Joanna Majoko.
Musiciens Dwight Jones, Vennie Tu, Victor Xu, Justin McHugh.
Conception sonore Curtis Whittaker.
Éclairages Simon Rossiter.
Costumes Reginald Knights.
Durée
1 h 20 min
Place des Arts
(Théâtre Maisonneuve)
Jusqu’au 18 janvier 2025
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★
Bon. ★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]