Superboys of Malegaon

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 28 février 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Un aspirant cinéaste réunit son groupe d’amis pour réaliser un film sur sa ville, Malegaon.

 

COUP de ❤️
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★ ½

Le cinéma

et

rien d’autre

Beau pari pour Cineplex Pictures de distribuer ce Grand Petit bijou du cinéma indien, un film totalement inattendu dans la veine populaire, majoritaire, de cette cinématographique nationale, encore sujette aux spectacles à grands déploiements et, nous ne le dirons pas assez, tentant de trouver de nouvelles voies face à un public plus exigeant. Une importante précision : nous respectons hautement le cinéma indien indépendant qui, hors des sentiers battus, explore avec défiance et détermination un cinéma autre, comme ailleurs en Occident.

Et pour cause, puisque ces anciens codes se doivent de céder leur place à des conventions actuelles, scellant cette ouverture vers un XXIe siècle déjà amorcé d’un quart de sa durée. Sur ce point, le cinéma hindi grand public s’ouvre aux autres langues parlées du continent et ne recule devant rien pour aborder, par exemple, les films de genre, avec grand succès.

Ces Superboys of Malegaon est un véritable phénomène ; d’une part, c’est réalisé par une jeune femme ouvertement lesbienne qui ne sent le moindre besoin d’afficher cette part de sa personnalité pour défendre la cause. Au contraire, le film est avant tout une lettre d’amour adressée au cinéma. Et surtout, soyons prudents et évitons de faussement le comparer à ce Cinema Paradiso de la fin des années 80, d’un certain Giuseppe Tornatore qu’on a un peu perdu de vue, et film que nous avions fort apprécié.

Donner un sens aux images en mouvement.

Superboys of Malegaon est un film légitime, une proposition qui se démarque par son originalité issue d’une cinéaste qui n’a rien à cirer avec les approximations. Elle juxtapose les genres avec esprit, savoir-faire et une dose d’humour humaniste qu’elle injecte dans presque toutes les séquences.

Oui, il y aura une brève séquence chorégraphiée à la Bollywood, un deux mariages arrangés avec le paternel de deux familles, comme, encore une fois, dans les films Bollywood.

Mais il existe, dans ce groupe de copains/frères/complices qui déploient une volonté de fer pour tourner (une perte de temps pour les membres de leurs familles), de croire en les images en mouvement, de trouver quelque argent pour défendre leur salle de cinéma de fortune d’un quartier de Malegaon pour projeter leurs petites trouvailles. Grands succès, à voir la réaction d’une salle comble, l’enthousiasme des spectateurs, leur complicité surtout avec ce qui se passe à l’écran. Et dans ce groupe de complices, bientôt, des mésententes.

Car Superboys of Malegaon est aussi un film sur la notion de « spectature » qui, loin de sa signification philosophique ou intentionnellement intellectuelle, entre les mains de Kagti, devient comme par miracle, une illustration d’un mode social que les spectateurs indiens accordent au fameux « regard ». Une symbiose articulée et miraculeuse entre le montré et le vu (regardé).

Mais surtout, Superboys of Malegaon est un film sur la passion du cinéma, l’amitié qui s’effrite parfois selon les circonstances, les regrets, la responsabilité sociale et personnelle… et une dose de féminisme conquérant qui se transmet dans quelques scènes qu’il faut observer attentivement.

Parler de l’intrigue serait absolument tricher avec les surprises que le film propose ; notre ‘résumé succinct’ en dit les grandes lignes. Cela est amplement suffisant.

Ils ont pour prénoms Nasir, Shafik, Faroh, Akram… et j’en passe. Côté fille, notamment Mallika et Shabena. Des interprètes totalement investis les campent dans cette folle proposition qui situe le cinéma hindi grand public dans une sorte de positionnement complice, autant avec le public que la critique indienne, soit-dit-en passant, celle-ci souvent obnubilée par celle de l’Occident qui continue parfois à penser comme dans les années 70.

Mais surtout, Superboys of Malegaon est un film sur la passion du cinéma, l’amitié qui s’effrite parfois selon les circonstances, les regrets, la responsabilité sociale et personnelle… et une dose de féminisme conquérant qui se transmet dans quelques scènes qu’il faut observer attentivement.

Sans oublier cette séquence finale d’une grande émotion palpable qui ne peut laisser personne indifférent. Justement, ‘émotion”, une affection de l’esprit qui, dans certains cercles cinématographiques, est devenue taboue.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Reema Kagti

Scénario : Varun Grover
Direction photo : Swapnil S. Sonaware
Montage : Parnil Vishwasrao
Musique : Sachin-Jigar

Genre(s)
Comédie dramatique
Origine(s)
Inde
Année : 2024 – Durée : 2 h 07 min
Langue(s)
V.o. : hindi; s.-t.a.
Maalegaan ke suparaboy

Reema Kagti

Dist. [ Contact ] @
Cineplex Pictures
[ Amazon Prime Video ]

Diffusion @
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]