Les fantômes

 

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 14 mars 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
La traque personnelle d’un criminel de guerre.

Le FILM
de la semaine

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★ ½

Le poids

de la

mémoire

sensorielle

Dans un lieu désertique, un homme creuse avec ses mains un petit trou dans lequel il met une photo de sa femme et de sa fille et un petit jouet représentant une licorne ayant appartenu à cette dernière.

Hamid vit alors à Strasbourg, ville frontalière de l’Allemagne. Il recherche un tortionnaire peut-être dissimulé dans cette métropole. La cinématographie d’Olivier Boonjing garde un côté vériste venant entre autres de l’expérience du réalisateur qui auparavant rendit compte du travail des ONG. Son scénario, coécrit avec Florence Rochat, nous amène dans les dédales de cette conurbation, à la fois à la Cité universitaire et dans des quartiers dans lesquels vivent également des réfugiés syriens.

Un travail ardu de réflexion.

La mise en scène de Millet, en plus de souvent filmer Hamid de dos dans ses démarches et pérégrinations, privilégie spécialement dans le hors-champ les autres sens que sont l’ouïe et l’odorat. Ainsi, le livre qui sert de moyen de transmission d’informations entre deux collègues est L’odeur du jasmin de Damas, du célèbre poète Nizar Kabbani. Cette poursuite lente, détaillée, contraste avec les mouvements saccadés du jeu de guerre en vidéo qui sert de point de contact audio entre des membres de ce groupe cherchant à coincer les responsables des atrocités de la guerre civile syrienne.

Jonathan Millet, par l’interaction continuelle entre le champ et la prise de vue hors du champ prévu, redonne ainsi, par le biais du film d’espionnage, une voix fondamentale à ces anonymes contributeurs à la justice pour tous les sans-grades de notre univers et rajoute ainsi droit de cité à ces « fantômes ».

L’interprétation très habitée d’Adam Bessa, avec ses regards furtifs, sa gestuelle et ses réactions quelquefois épidermiques dues au choc post-traumatique, s’allie merveilleusement à celle plus flegmatique en apparence de Tawfeek Barhom en Harfaz. Les deux protagonistes partagent ultimement un repas plein de sous-entendus. Jonathan Millet, par l’interaction continuelle entre le champ et la prise de vue hors du champ prévu, redonne ainsi, par le biais du film d’espionnage, une voix fondamentale à ces anonymes contributeurs à la justice pour tous les sans-grades de notre univers et rajoute ainsi droit de cité à ces « fantômes ».

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Jonathan Millet

Scénario : Jonathan Millet, Florence Rochat. Direction photo : Olivier Boonjing. Montage : Laurent Sénéchal. Musique : Yuksak.

Genre(s)
Drame
Origine(s)
Belgique / France
Allemagne
Année : 2024 – Durée : 1 h 48 min
Langue(s)
V.o. : français, arabe, anglais; s.-t.f.; s.-t.a.
Ghost Trail

Jonathan Millet

Dist. [ Contact ] @
K-Films Amérique
[ Films Grand Huit ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Parc
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]