On’s lâche pas !
@ En tournée

CRITIQUE
[ Scène ]

Élie Castiel

★★★★

Sacres

humeurs

et

émotions

Une seule représentation à Montréal, déjà passée, à la Cinquième Salle de la Place des Arts ; pour les non-chanceux, une tournée jusqu’en décembre, un peu partout au Québec.

Hubert Proulx ou tout ce que l’on sait de lui. Est-ce besoin ici d’établir son c.v. artistique ? Une voix, un corps se démenant sans cesse, un rapport imbattable à la scène, qu’il somme de le suivre plutôt que le contraire.

Et une parole sans censure, sans équivoque, celle qui se parle par la majorité, ce lieu vocal où les sacres n’ont nul besoin d’être justifiés ; au contraire, ils s’inscrivent dans une tentative de rompre l’ennui, de répondre à qui de droit face aux injustices, de se rappeler surtout que le Québec francophone possède plusieurs langues francophones et qu’il faut protéger car, selon les circonstances, on usera de tel ou tel idiome.

Proulx ne le dit pas dans son duo monologué (en compagnie de son propre fils, Viktor Proulx), particulièrement parlant de sa famille tissée serrée. Comme au bon vieux temps où la règle était de s’entraider quels que soient les aléas de la vie.

Tel père, même fils.
Crédit : Ève Lavoie

Proulx parlent, sacrent à chaque quelques mots ; idem pour Viktor qui semble suivre la cadence de son paternel, lui lançant parfois quelques fléchettes, au reproche sans rancune d’une salle comble totalement conquise.

Des applaudissement nourris à chaque réplique ou aveu ; comme si, contrairement à la confession traditionnelle en lieu sacré, la scène devenait ce lieu de prédilection où toutes les tendances humaines se côtoient et se permettent d’elles-mêmes d’absoudre les péchés. L’Humain est remis à sa place, avec tous ses défauts et ses qualités. Ainsi va la vie. Point final.

Des applaudissement nourris à chaque réplique ou aveu ; comme si, contrairement à la confession traditionnelle en lieu sacré, la scène devenait ce lieu de prédilection où toutes les tendances humaines se côtoient et se permettent d’elles-mêmes d’absoudre les péchés.

Entre ‘les’ Proulx et le public, une relation privilégiée qu’on n’a pas toujours la possibilité de voir si proche, comme s’il s’agissait d’une veillée entre membres d’une même famille et quelques intimes qui se trouvent là pour vivre ces moments qui restent gravés dans la mémoire.

Le jeu des interprètes, la mise en scène vive et derrière tous ces jeux de scène, d’une mélancolie attachante, construisent un monde proche de nous qui, en fin de compte, nous réconcilie avec la vie.

C’est ce qu’illustre ces images vidéo en fin de parcours ; par leur valeur technique désuète, ces home-movies mélancoliques, laissent un goût de nostalgie qui redonne au mot « émotion » ses lettres de noblesse.

La scène québécoise n’a jamais été aussi proche de son public. C’est, en tout cas, un état d’esprit pas près à laisser sa place.

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE

Texte
Hubert Proulx

Mise en scène
Anne Dorval

Durée
1 h 25 min
[ Sans entracte ]
Public (suggéré)
Déconseillé aux moins de 13 ans
Diffusion @
Supplémentaire à Montréal le 6 septembre, au Gesù
& Un peu partout au Québec jusqu’en décembre

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]