Le presse-papiers volant
RECENSION
[ Cinéma–Bande dessinée ]
Pierre Pageau
★★★
Comme
un objet
tant
convoité
À l’origine de ce livre il y aurait eu un scénario, en anglais, envoyé à Hollywood. Clairement ce ne fut pas une réussite. Alors Yolande Roy, l’auteure, décide de le livrer au grand public ; un peu comme Robert Morin nous a proposé il y a quelque temps ses Scénarios refusés . À la lecture je peux comprendre ce refus. Trop didactique. L’anecdote existe qui veut comme lorsqu’un journaliste aurait demandé à Alfred Hitchcock si son film avait un message ; il aurait répondu que « s’il y avait eu un message, il aurait utilisé un télégramme ». Mutatis Mutandis ici. Mais, la dimension critique, didactique, de ce scénario pourrait trouver son canal d’expression dans ce que l’on nomme le « théâtre documentaire ». Comme le travail de Christine Beaulieu sur Hydro-Québec (J’aime Hydro), celui de Émile Proulx-Cloutier et sa compagne Anaïs Barbeau-Lavalette ou encore plus récemment l’engagement politique, dénonciateur, de Catherine Dorion et son Sciences Po 101.
Il y a bel et bien, cependant, dans Le presse-papiers volant un récit et des personnages ; les ingrédients de base tout bon film, selon Hollywood. Il y a en effet un adulte, un enseignant, Mathieu Boisvert, et un groupe d’adolescents. Ceux-ci sont particulièrement conscients des problèmes écologiques de notre planète. Ils veulent changer, améliorer leur ville. Pour ce faire ils auront l’aide d’un robot « construit avec des déchets électroniques repêchés dans le dernier comblement du dépotoir. ». Ce robot peut nous rappeler celui du film d’animation Wall-E, dont le message global est l’inquiétude quant à la dégradation de l’environnement et ses conséquences. Grâce à des images saisissantes, et à une narration efficace, Wall-E nous met en garde contre nos pratiques non durables et souligne l’importance d’assumer nos responsabilités avant qu’il ne soit trop tard. Or, ce message est aussi, en bonne partie, celui du scénario de Yolande Roy. Dans le film, et le scénario, on a une planète recouverte de déchets. Il faut donc apprendre à changer notre mode de vie et réduire la quantité de déchets que nous produisons chaque jour.
Le personnage du professeur Mathieu va s’engager fermement sur cette voie. Ce lien avec le film d’animation d’Andrew Stanton m’est venu parce qu’à de nombreux moments, ce scénario apparaît comme très proche du cartoon. Et lorsque, en plus, arrive une trentaine de petits robots (des eWoks ?), alors l’effet est bien réel. Sans oublier que les adolescents du récit (Jean, Billy, Mathieu, Marianne…) me font penser à des marionnettes plus qu’à des personnages de chairs et de nerfs. Par ailleurs l’existence de ces petits robots très cartoonesques peut donc correspondre avec des ados marionnettes ; il y a ici une forme de cohérence dans le récit. La lecture du livre d’André Caron sur les robots, Visions robotiques et extraterrestres (chez L’instant même) peut nous éclairer sur la présence, symbolique et dramatique, des personnages de robot. La structure narrative se déroule dans le temps. On débute par Les ados, un 25 juin , puis il y a Quatre jours auparavant, suivi de Neuf mois auparavant, pour finir avec Retour au temps présent, la section la plus longue.
Il convient que noter que l’objet-livre est particulièrement beau. En effet, chose rare, il a une couverture très rigide, grand format, le tout est blanc (qui qui fait bien ressortir les caricatures qui ornent cette couverture). On peut conclure que Yolande Roy, tout en faisant de l’autoédition, a voulu créer un bel objet. Ce qui pourrait lui servir pour la diffusion de son travail.
Le scénario contient des ingrédients habituels pour un suspense, un film d’action, avec même des poursuites (par une unité de surveillance pour des criminels associés au trafic de drogues dures). Si cela n’était pas suffisant, l’auteure ajoute des samouraïs. Et comme « la cerise sur le sundae », l’arrivée d’une tornade ; elle va distribuer des déchets.
C’est une catastrophe, mais… comme tout bon film hollywoodien, il y a un happy end. Un dernier chapitre, Le début de la fin, laisse espérer un Monde qui va s’en sortir. Voilà bien des péripéties et des rebondissements. Cela plaira-t-il aux spectateurs ? À vous de décider !
Il convient que noter que l’objet-livre est particulièrement beau. En effet, chose rare, il a une couverture très rigide, grand format, le tout est blanc (qui qui fait bien ressortir les caricatures qui ornent cette couverture). On peut conclure que Yolande Roy, tout en faisant de l’autoédition, a voulu créer un bel objet. Ce qui pourrait lui servir pour la diffusion de son travail.
Le presse-papiers volant
Montréal : [ autoédition ], 2024
414 pages
(Illustré)
Prix suggéré : 31,99 $
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