La vie devant moi

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 2 mai 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
En 1942, Tauba, une adolescente pleine d’énergie, échappe de justesse avec ses parents à la rafle du Vel d’Hiv. Un couple, les Dinanceau, leur propose de les cacher provisoirement dans un minuscule débarras de leur immeuble, sous les toits de Paris, le temps que les choses se calment.

CHOIX
de la semaine

Du désaveu

à l’espérance

 

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

 

Fils de l’autre Tavernier, qui a marqué d’une empreinte indélébile le cinéma français et les pages de nombreux critiques de cinéma et pourquoi pas, d’historiens du 7e Art, de son père Bertrand, Niels a sans doute retenu une certaine attitude envers ceux et celles qui ont accepté de tourner avec lui.

Ça se voit dans cette espèce de paradoxe entre le travail exigeant de la caméra, celle de Vincent Gallot , de par son parcours, directeur photo passe-partout qui, dans le contexte du film dont il est question, s’abreuve d’un tempérament sérieux dû au contexte pour permettre au récit d’éviter le ton mélodramatique qui l’incombe souvent dans ce genre de projet. Une distanciation bienvenue.

C’est ce qui frappe avant tout dans La vie devant moi, très ressemblant avec le célèbre The Diary of Anne Frank (Le journal d’Anne Frank), le respectueux film de George Stevens, pas très haut placé dans la marge de Metascore (IMDb), mais bon… un détail sans doute.

Un grand écart pris entre le sujet traité et le huis-clos dont il est question dans le cas de La vie devant moi. Une sorte d’emprisonnement dans un espace presque carcéral ou trois personnages sont cachés jusqu’à ce que la situation se calme. Sauf que…

Nonobstant ce qui arrivera par la suite, la grande partie du film s’accroche sur cette idée d’espace scénique qui, au fond, aurait facilité une mise en scène théâtrale – meilleure idée sans doute. Mais dans le même temps, il faut créditer Niels Tavernier d’avoir réussi sans doute un film plus que satisfaisant, même s’il n’arrive pas à reproduire les mêmes effets de réalisation que le très beau L’incroyable histoire du facteur Cheval, une peinture d’ensemble presque surréaliste.

Une sorte de théátralité voulue.

La critique a été mitigée pour La vie devant moi, et dans un sens, on peut le comprendre. Le titre on ne peut plus annonciateur, celui d’un meilleur futur, comme si l’héroïne, Tauba (très attachante, mais surtout combative Violette Guillon – quelques films à l’écran et des télés – ici, sans doute, son meilleur rôle ; elle tient mordicus à faire des choses à venir une histoire de survie, quelles que soient les conséquences – fin de parenthèse, pour dire qu’il existe dans ce film une certaine affectation. Mais est-ce un défaut ?

Guillaume Gallienne et Adeline d’Hermy jouent les parents de l’adolescente. Gallienne semble le plus présent dans le film, non pas en ce qui a trait au diverses séquences du récit, mais dans son aura, et justement, ses silences, sa gestuelle, son comportement peu expressif. C’est voulu. Pour le comédien, une sorte de mise en charge personnelle qui consiste à rendre son rôle comme il le voit, quitte à rompre avec la direction d’acteur.

Dans le cas d’Adeline D’Hermy, une fixation sur son personnage, très proche de l’abandon psychologique et émotionnel dont il est question. Chose bizarre, c’est la véritable Tauba Birembaum, qui en 1987, lors d’une entrevue, fait état de cette histoire.

Mais justement, la question, tout le monde sait de quoi il s’agit : les conséquences et les récits de la Shoah. À l’heure où les survivants de cette tragédie se font de plus en plus rares ou carrément finissent par ne plus exister, pourquoi produire encore des films sur la question ? 

La vraie, sereine, digne, une belle femme ; certains l’ont vu dans des documentaires sur la question. Quand ces choses arrivent, comme ce fut le cas des Birembaum, on passe le plus souvent du déni à la douleur ou à l’espoir.

Mais justement, la question, tout le monde sait de quoi il s’agit : les conséquences et les récits de la Shoah. À l’heure où les survivants de cette tragédie se font de plus en plus rares ou carrément finissent par ne plus exister, pourquoi produire encore des films sur la question ? Se le demander est déjà une sorte de négationnisme, certes sincèrement involontaire dans la plupart des cas, mais non pour le moins préjudiciable, particulièrement si l’on tient compte sur ce qui se passe ces derniers temps entre Judaïcité et politique. Pour le reste, c’est selon de quel côté on se place dans l’échiquier conflictuel que l’on vit présentement.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Niels Tavernier

Scénario : Niels Tavernier, Guy Barenbaum, Laurent Bertoni. Direction photo : Vincent Gallot. Montage : Thomas Beard. Musique : Baptiste Colleu, Pierre Colleu.

Genre(s)
Drame
Origine(s)
France
Année : 2024 – Durée : 1 h 33 min
Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.
The Future Awaits

Niels Tavernier

 [ Contact ] @
A-Z Films
[ Ginger & Fed ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]