André-Philippe Gagnon : Remasterisé
@ Place des Arts
CRITIQUE
[ Scène ]
Élie Castiel
★★★
La nostalgie
est toujours
ce qu’elle était
La jeune soixantaine, toujours prêt à épater la galerie, et elle intarissable cette galerie, du moins si on observait de près l’assistance composée, bien sûr, de ceux qui l’ont déjà vu dans le passé, mais aussi de nombreux jeunes venus voir de quoi était fait ce phénomène dont on a tant parlé.
Une chose est certaine, néanmoins. Gagnon persiste et signe, pas encore prêt à quitter la scène. Imitateur classique ? Peut-être bien que oui, à l’époque, de belles envolées lyriques qui lui ont valu ses titres de noblesse dans le milieu. Pratiquement, il était le seul à faire ce genre de pirouettes artistiques. Sur ce point, aucun autre compétiteur.
Aujourd’hui, quarante ans plus tard, il reprend les mêmes thèmes, se moque tendrement de ses victimes politiques ou culturelles (surtout), notamment, du moins en ce qui concerne cette Première médiatique montréalaise, des chanteurs surtout, des anglophones majoritairement pour la moindre raison que hors-Montréal, ses tournées l’ont été aux États-Unis et un peu partout en Europe.
Gagnon imite comme il respire. Il racontera de quelle façon il a commencé, très jeune, à mimer. Les cartoons vus à la télévision, bon départ familial qui lui ouvre les portes, petit à petit, de la renommée.

Une attitude décontractée.
Crédit : Ève B. Lavoie
Au programme, tout en évitant la liste d’épicerie, il y aura David Bowie, les Beatles, le fameux We Are the World, Charles Aznavour (un peu gauche à mon sens). Mais ce n’est pas grave, le public, c’est-à-dire le grand public, entièrement puisque, simplement, il ne demande pas la perfection, mais « avoir du bon temps » et cela, le petit génie fait office de pourvoyeur en se l’autorisant.
Sur ce plan, ce qui se dégage de ce remasterisé (d’où un programme composé d’anciens tubes), c’est bel et bien ce sentiment de nostalgie qui s’infiltre savamment dans l’esprit de certains spectateurs, laissant ce goût, parfois insaisissable, du passage du temps. C’est un sentiment qui nous laisse aussi une perception de vide envers un futur réduit de quelques années. La nostalgie, empreinte souvent de mélancolie, est, dans ce cas, ce qu’elle a toujours été.
Gagnon imite comme il respire. Il racontera de quelle façon il a commencé, très jeune, à mimer. Les cartoons vus à la télévision, bon départ familial qui lui ouvre les portes, petit à petit, de la renommée.
Mais pour ne pas gâcher notre plaisir, un arrêt dans l’univers du sport, inévitablement celui de notre sport national, est-ce nécessaire de dire lequel. Ce sketch, plus long que les autres, est assaisonné, bien sûr de la présence de Gagnon, mais aussi d’un dispositif vidéo sur fond de scène. Après une défaite ou une victoire, qu’en pensent les entraîneurs (mieux dit : coachs) du résultat de « la Game » ? Le meilleur moment de la soirée pour la très simple raison que si d’une part la dynamique culturelle change à travers les époques, même lorsqu’il s’agit, par exemple, de mettre en scène des classiques, le « sport », lui, n’a pas changé d’un pouce, toutes disciplines confondues, car ce phénomène social existe depuis la nuit des temps et idolâtré par la masse populaire et une partie non négligeable de l’intelligentsia. C’est comme aller en guerre sans faire de victimes.
Rappelez-vous du sentiment national C-H lors des récents tarifs douaniers perpétrés par un certain Trump. Une façon comme une autre de dire que la fameuse « insoutenable légèreté de l’être » peut être interprétée de plusieurs façons.
Sur ce point, Gagnon n’a pas perdu son pari, mais pour combien de temps encore ?
1 h 30 min
[ Sans entracte ]
Public
Tout public
Diffusion & Billets @
En tournée
(Québec et ailleurs au Canada)
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]