April
P R I M E U R
Sortie
Vendredi 30 mai 2025
Nina est gynécologue-obstétricienne dans un petit hôpital en Géorgie. Après la mort d’un nouveau-né lors d’un accouchement, sa réputation professionnelle et morale est mise en cause. Des rumeurs l’accusent de pratiquer des avortements illégaux.
Le Film
de la semaine
Le silence
des agneaux
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★★
Pour ma part, quelque chose de percutant dans l’œil averti, circonspect, de la Géorgienne Dea Kulumbegashvili et à moins que je ne me trompe, son premier long métrage à sortir en salle au Québec. En 2020, son vrai premier long métrage Au commencement (Beginning / Dasatskisi) était présenté au TIFF de Toronto, sans suite pour le territoire québécois.
Dans le film qui nous concerne, une histoire d’avortement illégaux dans un pays qui a, ces derniers temps, fait souvent les manchettes des journaux, particulièrement européens. Si April, titre aux multiples interprétations, parle de politique, c’est par le biais d’une fiction sociale que ce discours a lieu, fidèle à un certain cinéma de l’Europe de l’Est, parfois nostalgique, en partie, du rideau de fer alors que les meilleurs films contre-régime se faisaient par le truchement du symbolisme. À l’instar, sans aucun doute, du cinéma iranien depuis l’émergence de la République islamique de 1970. Métaphores, allusions, telles sont les codes narratifs, et de surcroît de style auxquels s’adonne une Kulumbegashvili en plein possession de son processus cinématographique.
La caméra subjective et son contraire établit des zones de convergence qui, tout en créant des situations plus qu’étonnantes, que d’aucuns trouveront même choquantes – comme celle où la recherche, par le personnage principal, de la sexualité anonyme est le symbole même d’autant ce manque d’aimer que d’un désaccord socio-politique où on ne peut s’affirmer qu’en se donnant. Quitte à ce que les règles de la morale et de l’éthique soient ébranlées.

Le blâme porté selon la tradition du plan fixe.
Pour Nina (remarquable Ia Sukhitashvili), obstétricienne dans une institution médicale en Géorgie, parcourt les routes à travers les campagnes pour faire avorter des femmes dans la plus stricte discrétion. Mais un incident arrive, comme on s’y attend, et les autorités médicales en prennent conscience.
C’est à ce moment-là que la cinéaste disserte sur le sens des plans, sur leur efficacité à transmettre non pas un message traditionnel, mais d’aller au fond des choses ; et pourtant, c’est dans le premier plan du film, avouons-le, annonciateur, que ce constat prend toute sa signification. Un plan qui, montrant la forme plus que le corps, ce que cette forme pourrait représenter plutôt que de concrétiser l’image, que se dirige ainsi ce film aux attraits esthétiques d’une force insoupçonnée qu’on n’avait pas évoquée depuis des lustres.
La caméra subjective et son contraire établit des zones de convergence qui, tout en créant des situations plus qu’étonnantes, que d’aucuns trouveront même choquantes – comme celle où la recherche, par le personnage principal, de la sexualité anonyme est le symbole même d’autant ce manque d’aimer que d’un désaccord socio-politique où on ne peut s’affirmer qu’en se donnant. Quitte à ce que les règles de la morale et de l’éthique soient ébranlées.
Mais les choses ont changé ou mieux dit, dans le contexte du récit dont il est question, auraient voulu changer, du moins par l’activité que mène illégalement Nina. Dans une des dernières séquences du film, en plan fixe, une sorte de plan-séquence qui se manifeste par des silences et le peu de paroles qui empilent en peu de temps toutes les possibles significations, voir même sa véritable emprise sur la protagoniste en question. D’ailleurs, tous les plans du film manifestent leur fixité, comme une étrange paralysie des personnages face à la situation politique à laquelle ils font face. Cette partie du film renferme à elle seule le discours de Kulumbegashvili, dont on a hâte de voir sa prochaine œuvre.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Dea Kulumbegashvili
Scénario : Dea Kumlumbegashvili. Direction photo : Arseni Khachaturan. Montage : Jacopo Ramella Pajrin. Musique : Matthew Herbert.
Genre(s)
Drame
Origine(s)
Géorgie / Italie / France
Année : 2024 – Durée : 2 h 14 min
Langue(s)
V.o. : multilingue; s.-t.a.
Apr’ili

Dea Kulumbegashvili
Dist. [ Contact ] @
Les Films d’Olive
[ Goodfellas ]
Diffusion @
Cinéma du Parc
Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 16 ans
[ Thèmes sensibles ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]