Rent Free

Sortie
[ Numérique ]
Vendredi 27 juin 2025

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

« Nous ne vieillirons

peut-être pas ensemble… »

 

Ben et Jordan, tous deux, l’âge du consentement. Bien qu’aujourd’hui avec tout ce qui se passe secrètement autour de nous, ce critère ne semble plus en vogue.

Le sexe, c’est important, mais il y a plus, rencontrer les copains, les copines, ne rien faire de sa journée, divaguer, « remplir » le temps… et bien entendu, la baise qu’on on a envie, d’ailleurs pas si souvent que ça. Et les plans sont fugitifs, vitement expédiés.

Et se demander si notre relation est une « bromance » ou une relation de couple en bonne et due forme. Et puis, Ben et Jordan sont différents, ont des signes astrologiques qui, selon la tradition, ne s’entendent pas.

En attendant, l’argent manque pour trouver un endroit où se loger. Le faux-couple squatte le salon d’un ami du lycée et, par la suite, erre d’un endroit à l’autre – par ailleurs, de très luxueux endroits – pour s’abriter, ou c’est bien ça, s’abriter de ce qui pourrait les rendre des s.d.f. (homeless).

La mise en scène, presque minimaliste, se construit autour d’évènements où l’activité sociale se limite à quelques situations. Aucun souci de se trouver un travail, sauf s’il ne dure pas longtemps.

Après le coréalisé, avec Tyler Rugh, de l’inédit Three-Headed Beast (2022), Fernando Andrés tourne en solo, son premier long, pour voir de ce qu’il est vraiment capable, même si Rugh a reçu sa bénédiction en le coscénarisant. Mais trêve de détails techniques.

Après une longue journée à ne rien faire.
Crédit : Cinephobia

Andrés suggère le corps plus que de l’exposer, ses personnages sont des individus comme le « guy next door », le plus souvent, pour ne pas dire toujours plus attirant que tous ces « gars de magazine » ou « d’Internet ». C’est sans doute la nouvelle voie à suivre. Question d’éviter l’isolement.

À l’adage selon lequel Ben souhaite une relation stable, ce qui est bien, Jordan, lui, hésite. Il est Juif, on prend le temps de montrer qu’il porte une étoile de David sur le coup ; et chose importante, il est bisexuel, serait-ce dû à un sentiment inconscient de culpabilité que ses origines lui ont imposé ? Andrés ne le dit pas, mais je suis convaincu que c’est le cas. Ses hésitations, ses conquêtes bisexuelles et surtout la finale présentée en zones grises, très grises ne font planer aucun doute.

Le jeune latino-américain Andrés persiste et signe un petit bijou de film qui se permet de défendre ses positions sur plusieurs angles : mise en scène contrôlée, mais dans le temps impertinemment changeante (comme ses personnages), brosser le portrait d’une nouvelle génération LGBTQ, le rôle des « amies de gais » dans ces relations (voyez par vous-mêmes), la naïveté viscérale de l’Homme par rapport à la Femme, quelle que soit l’orientation sexuelle, et surtout une liberté de ton qui s’affirme à pratiquement chaque séquence. Bel exemple édifiant.

Rent Free est un film LGBTQ sur les apparences, un genre qui a évolué depuis de nombreuses années mais qui, en salle, n’a pas trouvé de niche, sauf dans des festivals du genre. Résultat : sorties en numérique (différents formats). Et particulièrement, puisque nous parlons de nos voisins du Sud, si l’on se fie aux velléités trumpiennes, force est de rappeler que les choses iront de pire en pire.

Le lit, parfois un champ de bataille.
Crédit : Cinephobia

Mais rappelons aussi, que dans un territoire national comme le nôtre, ce genre de films est encore impensable commercialement. Les cinéastes hommes et femme faisant partie de la cohorte LGBTQ devront trouver des moyens de parler du sujet avec toutes les subtilités possibles, parce que tout simplement, que nous l’acceptions ou non, ici, au Québec, état progressiste culturellement, c’est toujours le diction « Don’t ask, Don’t Tell ».

En attendant, le jeune latino-américain Andrés persiste et signe un petit bijou de film qui se permet de défendre ses positions sur plusieurs angles : mise en scène contrôlée, mais dans le temps impertinemment changeante (comme ses personnages), brosser le portrait d’une nouvelle génération LGBTQ, le rôle des « amies de gais » dans ces relations (voyez par vous-mêmes), la naïveté viscérale de l’Homme par rapport à la Femme, quelle que soit l’orientation sexuelle, et surtout une liberté de ton qui s’affirme à pratiquement chaque séquence. Bel exemple édifiant.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Fernando Andrés

Scénario : Fernando Andrés, Tyler Rugh. Direction photo : Fernando Andrés. Montage : Fernando Andrés. Musique : Austin Weber.

Genre(s)
Comédie dramatique
Origine(s)
États-Unis

Année : 2024 – Durée : 1 h 33 min
Langue(s)
V.o. : anglais

Rent Free

Fernando Andrés

Dist. [ Contact ] @
Cinephobia Releasing
[ Visit Films]

Diffusion @
Divers formats numériques

Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]