Small Mouth Sounds
CRITIQUE
SCÈNE
texte Élie Castiel
★ ★ ★ ½
Personnages en quête d’hauteurs
L’espace public de la petite salle « Studio » du Centre Segal est divisé en trois, des spectateurs assis à droite et à gauche. La scène est au centre, régie par deux entrées des artistes. Le silence est presque d’or dans cette pièce à six personnages en retraite des bruits du quotidien – de la ville, du travail, de leur solitude, de leurs crises existentielles, de tout – problème contemporain où les nouvelles technologies nous broient, nous noient dans un océan d’images et de sons aussi concrets que virtuels et invitent à la solitude.
Et c’est ainsi que se présente cette pièce indie (indépendante) pour un public averti, c’est-à-dire celui qui désire voir quelque chose d’inattendu, de nouveau, d’innovateur (peut-être), mais surtout qui veut réfléchir sur le phénomène et trouver des pistes de solution, chose quasi impossible à faire par les temps qui courent.
Mais le théâtre et une certaine forme de cinéma servent à cela, quitte à ce que notre conscientisation prenne du temps à s’affirmer.
La mise en scène de Caitlin Murphy (au Segal, déjà signataire, entre autres, de A Doll’s house, Part 2) s’approprie un décor en pleine nature, là où la méditation sert de toile de fond à un récit sur l’art de ne pas parler, de se débarrasser de nos folles habitudes d’un siècle nouveau et embarrassant et, plus que tout, de nos rapports aux autres.
Sur ce point, un bref moment entre Joan (très solide Alison Darcy) et Judy (magnifique Warona Setshwaelo) montre notre besoin de partager, de croire en l’amour, d’exprimer nos sentiments. C’est beau à voir.
… un étrange jeu de va-et-vient entre l’art de résister à la tentation et l’abandon des sens.
Et les autres, trois hommes et une autre femme, que nous vous laissons le soin de découvrir. Autant Jan (interprété par le très bon metteur en scène Andreas Apergis) que Ned (Matthew Gagnon), Rodney (Gabe Grey) et Alicia (Zara Jestadt) participent docilement à un étrange jeu de va-et-vient entre l’art de résister à la tentation et l’abandon des sens.
Et le « maître » (très énergique voix de Marcelo Arroyo, passant de l’assurance au désarroi), sorte de gourou nouvelle-version, nous fait la grâce, lui aussi, de ressembler plus qu’on ne le pense, aux humains.
ÉQUIPE PARTIELLE DE CRÉATION
Texte
Bess Wohl
Mise en scène
Caitlin Murphy
Régie
Heatherellen Strain
Assistance à la régie
Tali Anzel-Zivkin
Décors
Bruno-Pierre Houle
Costumes
Sophie El Assaad
Éclairages
Martin Sirois
Musique & Son
Rob Denton
Consultante-Yoga
Émilie Hervieux
Interprètes
Andreas Apergis, Marcello Arroyo
Alison Darcy, Matthew Gagnon
Gabe Grey, Zara Jestadt
Warona Setshwaelo
Production
Segal Centre for Performing Arts
Durée
1 h 30 min
[ Sans entracte ]
Représentations @
Segal Centre
Jusqu’au 1er mars 2020
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]